Il porte le nom de cet ancien
premier ministre anglais et c’est aussi celui de la rue qui longe le restaurant
à l’intersection de la rue Sainte-Catherine, juste un peu à l’ouest d’Atwater.
Dans Westmount donc. Ne vous étonnez pas d’y voir un membre de la famille
Bronfman prendre son repas ou même une vedette du Canadien. C’est que le
Gladstone, même s’il n’a vu le jour qu’en novembre 2013 a de qui tenir.
Il est
la propriété d’Yvon Creton qui géra pendant 30 ans les destinées de l’Aventure,
Place Jacques-Cartier dans le Vieux-Montréal. On connaît aussi très bien son
frère Alain le grand manitou de Chez Alexandre sur la rue Peel. On est donc en
présence d’un pro de la restauration. On peut même lui accoler l’étiquette
d’icône du domaine.
Yvon demeure le chef exécutif et veille au bon fonctionnement de l’ensemble des équipes de la salle et de la cuisine.
« Après toutes ces années
à l’Aventure j’avais accumulé de quoi voir venir et je pensais que je
m’accommoderais d’une belle retraite. Mais je m’ennuyais à la maison. Il me fallait
bouger. En me promenant j’ai vu ce local et ça m’a pris d’un coup. D’autant que
je voulais aussi laisser un héritage à mes enfants »
LA
LUMIÈRE ENTRE DE PARTOUT
Il a fallu entreprendre des
travaux considérables à cet espace qui avait été laissé longtemps à l’abandon
et notamment percer des murs pour faire place à une immense fenestration. De
sorte que même par temps maussade l’endroit est éclairé.
Nous sommes allés un midi. Le
temps de faire connaissance avec son fils Maxime qui gère la salle tandis que
son autre frère Raphaël, un as pâtissier est en cuisine pour prêter main forte
au paternel qui s’est réservé la fonction de chef exécutif. C’est une carte qui
change aux deux semaines avec une table d’hôte qui ne comprend pas le dessert.
Un menu bistronomie pour reprendre le mot à la mode qui dépasse le stade de
simple gourmet.
Maxime, l’ainé, s’occupe de la salle. Sa sensibilité aux besoins de la
clientèle en a fait un incontournable durant le service. C’est un
directeur de salle qui voit tout. Sa mémoire sans faille le rend
indispensable auprès de clients désireux d’avoir une expérience taillée à
leurs envies. Sa formation en sommellerie lui a permis de monter une
carte qui va chercher une panoplie de choix de vins passible de rendre
les clients les plus exigeants heureux.
En guise d’entrée nous avons essayé le carpaccio de pieuvres
(excellent), partagé une guédille de homard (ici les mots nous manquent), tout
ça bien arrosé. Puis on s’est précipité sur le suprême de volailles aux
gnocchis de courges rôties et un flétan sauvage et légumes d’automne. Et pour
sceller ce banquet des sens, une terrine de mousse au chocolat (effrayante).
UNE
CUISINE RUTILANTE
Le restaurant était plein. Une
très belle clientèle d’affaire. Avec costards sur mesure et tailleurs. Qui sait
si au même moment ne se négociait près de nous un contrat déterminant engageant
la destinée du Québec ?
Raphaël, le cadet, est quasiment né au-dessus du restaurant de son père
et a confirmé son implication en restauration avec une formation de
pâtissier chez des meilleurs ouvriers de France (MOF). Sa prédilection
est la carte des desserts. Raphaël est également l’acheteur du Gladstone
et se déplace lui-même au Marché central pour les légumes ou les reçoit
de petits fournisseurs locaux, quand ce n’est pas directement des
cultivateurs.
Entre deux bouchées le patron
nous fait voir sur sa tablette électronique le site de son grossiste favori, la
ferme Provender. Il fait défiler une longue liste de produits qu’il commande,
le temps de faire clic. Et les commandes arrivent aussitôt du maraîcher.
Difficile de faire plus frais. Et ensuite, Yvon Creton nous fait descendre à
l’étage de la cuisine, assez petite, mais qui brille comme du nickel. Ça vous
garantit le soin mis à l’environnement pour les préparations.
Grosso modo le Gladstone
serait comme l’incarnation du luxe raisonnable. Ma partenaire de table a été si
emballée qu’elle est retournée depuis. Et c’est une fourchette assez difficile
merci. Non, décidément il faut y faire son pèlerinage. Et ça contribue à
l’effervescence de ce coin de Westmount qui va de pair avec la revitalisation
de la rue Greene tout près.
LE GLADSTONE
4114 Sainte-Catherine O.
Tél. (438) 384 4114