Les dÉmons du midi au paradis

On pressentait la gravité de son état puisqu’elle n’avait pu être présente à la soirée de Gala marquant le 50e anniversaire en carrière de Gilles Latulippe en juillet dernier. Elle était déjà atteinte de la maladie d’Alzheimer. C’est toute une page du monde du spectacle qui se tourne avec cette disparition. Elle a née à Montréal le 16 mai 1934. Après de bonnes études classiques c’est sa tante Marthe Lapointe, elle-même chanteuse lyrique qui lui donnera la piqûre du bel canto.

HÔTESSE À LA POULE AUX ŒUFS D’OR

Une fois ses études au Conservatoire de musique du Québec complétées, elle réussira à décrocher un premier engagement, rien de moins qu’avec la troupe de la Comédie-Française en tournée nord-américaine. C’était dans le bourgeois gentilhomme de Molière. Mais comme la carrière lyrique était tout, sauf la sécurité financière, elle bifurquera vers la télévision où de 1959 à 1963 elle sera hôtesse pour le quiz « La poule aux œufs d’or » à Radio-Canada, animé par Roger Baulu. Elle avait déjà ce sourire à nul autre pareil. De temps en temps, elle participera à de petites productions lyriques locales.

ANIMATRICE À TÉLÉ-MÉTROPOLE LE CANAL DIX

D’hôtesse un peu en retrait, ce sera à son tour de briller devant les caméras comme partenaire de Réal Giguère à titre de co-animatrice du talk-show « Dix sur Dix » à l’antenne de Télé-Métropole. Et à cette époque une présence au petit écran vous valait instantanément la renommée. Elle animera par la suite nombre d’émissions dites « féminines ». De même appréciera t’on ses talents de cordon-bleu ce qui lui vaudra de promouvoir la bonne cuisine sur tous les registres, notamment dans l’édition.

LA BELLE AVENTURE DES DÉMONS DU MIDI

Mais l’émission qui sera sa consécration sera « Les Démons du midi » en tandem avec Gilles Latulippe. Un concept qui au départ ne devait être programmé que pour une saison mais qui tiendra l’affiche de 1987 à 1993 pour un nombre record de 1,050 émissions. Chaque midi il y avait un court sketch d’une dizaine de minutes où Latulippe surgissait dans des tenues abracadabrantes qui faisaient hurler de rire la belle Suzanne. Un rire qui deviendra sa marque de commerce et qui fera la joie des imitateurs.

Mais la vie n’est pas faite que de rire. Dans les années 90 une énorme tuile lui tombe sur la tête lorsqu’on lui apprend qu’elle est atteinte du cancer. Courageuse elle fera face, et participera même à une campagne de prévention. Sa vie privée était d’une stabilité exemplaire et durant trente-cinq ans elle partagera un grand bonheur avec l’homme de sa vie Pierre Larin. Sans enfant, elle aimait par contre combler ses neveux et nièces. Elle recevra l’Ordre du Canada en guise de reconnaissance de sa contribution. 

GILLES LATULIPPE N’EST PLUS