c’est 1 200 kilomètres de littoral où les plages et les rochers jouent avec les
vagues et les marées. De Sept-Îles à
Rivière-au-Tonnerre, puis Longue-Pointe-de-Mingan, l’Île aux Perroquets, Havre-Saint-Pierre,
l’archipel de Mingan et Natashquan, nous sommes plongés dans des paysages à
l’air salin qui se déroulent sur une route qui semble sans fin. La Côte-Nord, c’est faire l’expérience de la
grandeur du Québec qui s’étire sur le golfe Saint-Laurent pour se perdre ensuite
dans la mer Atlantique.
« La Côte-Nord est fille du feu, c’est le rebord
granitique du noyau continental américain, tandis que la Minganie est fille de
l’eau: les îles qui la composent sont des fragments, des miettes d’une
terre ancienne lentement déposée au fond des mers… ».*2
L’eau est salée, les
petits ports de pêche rivalisent de beauté et les poissonneries et leurs
casse-croutes offrent les filets de flétan, croissants au homard, sandwichs au
crabe, filets de morue, pétoncles du mousse, guédilles aux crevettes de Sept-Îles.
La Côte-Nord a été fondée par quelques familles acadiennes qui ont trouvé une
terre d’asile à la suite de leur déportation par les conquérants anglais. Les
familles Boudreau, Bourgeois, Landry, Petits-Pas, Vigneau, Lapierre et Cormier notamment
font parties des familles fondatrices.
Sept-Îles est à 950
kilomètres de Montréal et demande environ 10 h de route. Une alternative
est un vol direct, sans escale, d’une durée de 2 h, offert par Air Canada.
Pour une famille, il sera plus avantageux d’utiliser la voiture et de prévoir
des vacances d’au moins une semaine afin de profiter des beaux paysages de
Charlevoix et de visiter notamment Tadoussac qui permet d’observer les
baleines.
À Sept-Îles, ne ratez
pas la visite guidée par Christine Lebel au Musée régional de la Côte-Nord, qui
rappelle que la Côte-Nord occupe le quart de la superficie du Québec où ses 95 000
habitants s’égrainent le long d’un littoral de plus de 1 200 kilomètres. La
prospérité de la Côte-Nord prend racine dans les grands projets d’exploitation
minière et de centrales électriques et l’exploitation des forêts, des mines, la
production d’aluminium, la pêche et le tourisme. À voir aussi, jusqu’au 4 juin
2017, l’exposition De mer et d’eau salée qui
présente une histoire de la navigation nord-côtière en photos.
Le Vieux-Poste de
Sept-Îles, qui a été reconstruit tel qu’il était au Régime anglais, offre une
visite, coordonnée par Brigitte Fournier, qui permettra de mieux comprendre
l’importance de la traite des fourrures dans l’histoire de la région. Le
kiosque d’interprétation de l’archipel sur le port expose le bateau de Mylène
Paquette qui a fait, en 2013, l’incroyable traversée de l’Atlantique à la rame
en solitaire soit 2 700 milles nautiques du Canada à la France!
Ces visites vous
creuseront sans doute l’appétit et je vous recommande le Blanc Bistro des
frères Vincent et Alexandre Rangé qui vous prépareront une assiette de tartare
de canard, de saumon et de bœuf comme vous n’en avez jamais vu. Une assiette
aux portions généreuses et au goût délicat servit avec une salade mixte. Les
pétoncles servis dans la poêle et les cailles avec purée de carottes et légumes
vous raviront. Le Blanc Bistro est une
entreprise familiale qui cultive l’art de la bonne cuisine et offre un accueil
exceptionnel.
Votre séjour à Sept-Îles vous
donnera sûrement l’occasion d’apprécier aussi le casse-croute et le restaurant
Les Terrasses du Capitaine. Ce restaurant a l’avantage de servir des fruits de
mer provenant des bateaux de pêche à proximité par le biais de leur propre
poissonnerie et aujourd’hui le restaurant Les Terrasses du Capitaine est sous
la direction de Jean-François Fournier, chef et propriétaire. Difficile
d’imaginer des poissons plus frais, c’est littéralement de la mer à l’assiette!
En prime, vous mangez avec une superbe vue sur la mer!
Comme hébergement, je
recommande vivement le Complexe AGARA, hôtel et boutique, qui offre un centre
d’artisanat et galerie d’art des Premières Nations. Le loft de l’AGARA offre
tout le confort moderne et plusieurs magnifiques œuvres d’art
amérindiennes. La cuisine très bien
équipée et la terrasse privée avec barbecue seront bien appréciées pour des
séjours prolongés.
La Côte-Nord c’est le
golfe Saint-Laurent et la route 138 est qui suit langoureusement les
courbes de ses baies. À 1 h 30 d’une belle route qui ouvre sur des
paysages de mer où les rochers deviennent sculptures, vous découvrez
Rivière-au-Tonnerre. Ce site naturel
exceptionnel est particulièrement propice aux repos et au ressourcement. À l’Escale
LAM-AIR vous serez accueillis par Pierrette Allison qui vous offre des chambres
sur un paysage de bord de mer fouetté par les vents salins. Tout à côté, une
magnifique église tout en bois, couleur bleu mer et d’une grande valeur
patrimoniale, vous sera présentée avec passion par Yvon Bezeau*3,
un guide, conteur et historien local.
À la Maison de la Chicoutai vous aurez
l’occasion de rencontrer Bruno Duguay, le propriétaire, qui sait tout sur la
plaquebière appelée chicoutai au Québec, ce beau fruit orangé, de la famille
des framboises, riche en vitamines E, A et C et grâce à son goût légèrement
acidulé devient un excellent compagnon des yogourts et des glaces. En plus de la tisane à la chicoutai, vous
goûterez le coulis de chicoutai et la gelée de porto et chicoutai. Ce fruit, unique à la Côte-Nord, est aussi
utilisé pour les confitures et les tartes, un pur délice! Après la belle escale
à Rivière-au-Tonnerre vous reprenez la 138 Est (impossible de se tromper, c’est
la seule route!), vers Longue-Pointe-de-Mingan, puis Havre-Saint-Pierre.
Longue-Pointe-de-Mingan
est située sur une pointe de terre s’avançant dans la mer. Au large, à 10 minutes de bateau, l’île aux Perroquets
surgit de la mer dans les eaux tumultueuses du golfe. Cette petite île abrite
un phare et la maison du gardien de phare qui sont devenus un hôtel 4 étoiles
et une destination gastronomique pour les produits locaux de la mer. Ce petit
paradis est habité par les macareux et les petits pingouins. Un endroit de rêve
pour les photographes et les amoureux des espaces solitaires balayés par les
vents.
Après un séjour de quelques
jours à l’île aux Perroquets, ne ratez pas l’occasion de voir l’exposition
« Des îles à la mer » au Centre d’accueil et d’interprétation de
Longue-Pointe-de-Mingan et également de visiter le Centre d’interprétation de
la station de recherche des îles Mingan. Des chercheurs passionnés, comme
Viridiana Jimenez, vous feront un exposé savant sur les baleines et les
rorquals du golfe Saint-Laurent.
Havre-Saint-Pierre
est un port de mer qui offre la possibilité d’excursions dans
l’Archipel-de-Mingan*4.
L’Archipel-de-Mingan, toute formée de roches calcaires provenant de dépôts
sédimentaires datant de millions d’années, est unique au monde pour ses
monolithes, véritables sculptures géantes qui se dressent sur ses berges. Je
vous recommande l’excursion vers les îles Quarry-Niapiskau d’une durée de 3 h 30
qui vous permettra de voir les plantes, oiseaux, mammifères marins, monolithes
et fossiles qui font de ses îles les refuges d’une faune et d’une flore bien
particulières. Sur l’île Niapiskau, vous verrez la célèbre « Madame de
Niapisca », comme a baptisé ce monolithe, le poète Roland Jomphe.
Sur
l’île Quarry le monolithe « Pots de fleurs » saura vous éblouir, entouré
de ses falaises mortes et des rochers qui surgissent de la mer. Les tentes
oTENTik, confortables et bien équipées, vous permettront également de prolonger
votre séjour sur l’île Quarry et de vivre encore davantage le contact avec la
grande nature. La visite des îles de
l’Archipel-de-Mingan, notamment grâce aux bons conseils de Michèle Boucher, est
un incontournable. L’exposition « Témoins de la vie aux îles Mingan »
du Centre d’accueil et d’interprétation et la visite de la Maison de la culture
Roland-Jomphe, complèteront parfaitement votre journée.
Après tant d’émotions
et de mer, vous aurez sans doute le goût de manger des fruits de mer. Je vous
recommande le restaurant La Promenade*5
propriété de Monia Petitpas et Diane Doyle avec l’excellent service de
Stéphanie Landry et aussi le restaurant Chez Julie, fondée en 1977 et propriété
de Theoharris Ganas. Ces deux excellentes entreprises familiales
vous offrent les produits locaux de la mer: le flétan, la morue, le
crabe, le homard et les crevettes de Sept-Îles. Les plats pour deux*6
permettent à ces restaurants d’offrir de véritables assiettes du pêcheur où les
poissons sont bien présentés et bien préparés où règne en maître un excellent homard.
C’est franchement impressionnant, mais ne vous en faites pas, vous mangerez
tout et votre gourmandise sera récompensée d’une tarte à la chitoutai faite
maison! Havre-Saint-Pierre offre beaucoup et au moins deux nuits seront
requises pour votre séjour. Je vous
recommande l’hôtel-motel du Havre, à quelques minutes à pied du port et
propriété de Juana Montero et de Robert Dupéré, qui offre un accueil
chaleureux, des chambres confortables et un petit-déjeuner continental.
Vous reprenez la
route 138 est vers Natashquan. Une façon fort agréable de faire le trajet
est de suivre un guide sur les CD « Sur la route de Natashquan » que
vous pourrez vous procurer au Portail Pélagie-Cormier à Havre-Saint-Pierre. Ces
CD vous guideront afin de mieux apprécier les paysages, les points de vue et
les baies qui jalonnent cette belle route. Un arrêt incontournable est la Baie-Johan-Beetz.
Johan Beetz est un naturaliste et aristocrate belge qui a construit une grande
demeure de style Empire avec mansarde appelée le château Johan-Beetz. Le château est aujourd’hui devenu un club de
pêche et la vue de la bai justifie un arrêt.
Vous continuerez ensuite votre route vers
Natashquan, petit village d’environ 350 personnes, qui est célèbre non
seulement comme lieu de naissance de Gilles Vigneault, mais aussi pour ses
capelans qui roulent sur les plages et la beauté de ce site naturel où deux
rivières se jettent dans la mer. À voir, accompagné de Magella Landry, la
vieille école, les galets, la maison de Gilles Vigneault, Pointe-Parent et Grande
rivière Natashquan. Il faut s’attarder à Natashquan, le Café-bistro l’Échourie
de Denis Landry puis l’Auberge La Cache sauront vous charmer par leur
accueil.
Natashquan marque la
fin de la route 138 Est. Une sorte
de fin du monde où débute ensuite l’isolement marqué par le passage de bateaux.*7
Votre prochain voyage pourrait vous donner l’occasion de visiter la Basse-Côte-Nord
de Natashquan à Blanc-Sablon où le bateau Relais Nordik*8
fait des escales de village en village. Je me permets de suggérer qu’un
extraordinaire projet d’unité nationale, stimulant et rassembleur pour le
Québec et le Canada, serait la construction de la dernière grande route
pour atteindre l’Atlantique de Natashquan à Blanc-Sablon.
La Côte-Nord pour ceux
qui souhaitent prendre le temps de découvrir un pays où règne l’immensité des
paysages et des plages au sable doré, habité par un peuple accueillant et chaleureux.
La Côte-Nord, une côte d’or, qui offre une mer à perte de vue, qu’il importe de
découvrir. _________________________________________________________________________________
*1 La Côte-Nord, entre nature et démesure
*2 Flore de l’Anticosti-Minganie
du célèbre botaniste le Frère Marie-Victorin.
*3 Article du Devoir sur Yvon Bezeau: ledevoir.com/culture/arts-visuels/59580/exposition-images-de-la-cote-nord
*4 Visite de l’Archipel-de-Mingan
*5 Au restaurant La Promenade,
je recommande les superbes assiettes Le Lady Janette : morue, flétan, sole
et saumon et Le Mathieu Martin, crabe, crevettes, pétoncles et ½ homard.
*6 Au restaurant Chez Julie, je
recommande les succulentes assiettes Mariage de Niapiska : filet mignon,
homard, crabe et crevettes et Assiette du chalutier : morue, flétan,
pétoncles, pattes de crabe et homard.
*7 Gilles Vigneault nous parle de l’importance de construire une route
vers Blanc-Sablon
*8 Le Relais Nordik – N/M Bella Desgagnés pour visiter la Basse
Côte-Nord
La Côte-Nord, une côte d’or
À découvrir et à explorer