Ce film nous entraîne dans les péripéties
du meurtre d’un mari gênant. Le Dr Georges Nelson, amant d’Élisabeth
d’Aulnières2, tue Antoine
Tassy, mari d’Élisabeth et seigneur de Kamouraska. La scène de carriole l’hiver,
où le Dr Nelson franchit furieusement la distance de Sorel à Kamouraska pour
assassiner le seigneur Tassy, permet de vivre par l’imaginaire les grands
espaces de glace, de vent et de froid des hivers québécois du 19e siècle.
Saint-Pacôme de
Kamouraska est aussi le village natal du pianiste-compositeur André Gagnon et le
célèbre écrivain franco-américain et pape de la Beat generation3
Jack Kerouac.4 La maison natale d’André Gagnon est
d’ailleurs située sur la rue Bégin, tout près de l’église de Saint-Pacôme. Cette magnifique église de bois, dotée d’un
orgue à tuyaux Casavant, devrait obtenir un statut patrimonial afin d’aider à
sa préservation.
Le presbytère est
devenu, depuis quinze ans, l’auberge Comme au Premier Jour.5 Cette auberge chaleureuse, 4 étoiles, propriété
de Jean Santerre et Doris Parent, offre non seulement un confort douillet,
mais aussi une excellente table, ouverte au public, pour le repas du soir, le
brunch et les réceptions. Doris et Jean sont des passionnés et des
perfectionnistes : Doris cuit les pains tous les matins et prépare les
confitures et Jean assume, avec talent, la cuisine. Je vous recommande le
gaspacho et la salade du Kamouraska en entrées et l’agneau de l’agnellerie de
Kamouraska braisé au cumin et porto, ou encore l’assiette de l’auberge composée,
salades, jambon braisé, saucisson sec et poissons fumés de Pêcheries Ouellet, le
tout bien accompagné d’un Saint-Chinian, Domaine La Croix d’Aline 2014.
Pas
étonnant que l’auberge ait reçu le grand prix du tourisme québécois, lauréat
national or, dans la catégorie hébergement gîte 2014. Les auberges des
régions au Québec sont souvent le fruit d’une histoire d’amour. Vous sentirez
cet amour du patrimoine, de la gastronomie du terroir, de l’histoire et de la
culture de Kamouraska à l’auberge Comme au Premier Jour. Je vous recommande
vivement la chambre de l’évêque, aujourd’hui appelée, Wow!6 Cette chambre en coin, avec trois fenêtres,
offre le charme de la campagne et tout le confort moderne.
Saint-Pacôme offre
une superbe vue du belvédère, situé près de l’église. Du promontoire, toute la
région s’étend à nos pieds de La Pocatière à Saint-André. Le fleuve
Saint-Laurent domine le paysage et est encadré des montagnes de Charlevoix,
côté nord du fleuve. Le regard
s’attarde à la rougeur des tourbières, aux verts des conifères, aux jaunes des
champs et aux bleus confondus d’un ciel immense qui tombe dans les marées du
fleuve.
Un arrêt à la bibliothèque de Saint-Pacôme
vous permettra d’être initié à l’initiative Fil rouge. Fil rouge trace un
circuit patrimonial et historique, documenté par 26 panneaux et une application
mobile. Les grandes pages de l’histoire régionale nous sont présentées de façon
vivante et imagée. Tout près de Saint-Pacôme, faites un arrêt à la Pommetterie
de Saint-Gabriel-Lalemant. Une visite vous convaincra de la richesse des
produits du terroir. Cette fabrique artisanale vous offrira des gelées de
pommette, des confitures de framboises, des marmelades et des champignons
forestiers.
La grande côte de
Saint-Onésime vous conduira vers La Pocatière. Cette petite ville est dominée
par le Collège de La Pocatière qui est reconnu pour son expertise en
agriculture. Ce collège était un
Séminaire qui a formé plusieurs générations de l’élite québécoise. Le Musée québécois de l’agriculture et de l’alimentation,
attenant au collège, nommé en l’honneur de l’abbé François Pilote, fondateur de
la toute première école d’agriculture au Canada en 1859, présente une grande
collection d’instruments aratoires et reconstitue la vie des habitants de la
paroisse rurale des 19e et 20e siècles : le cabinet du dentiste,
l’atelier du ferblantier et les carrioles qui rappellent le film Kamouraska. La
rue principale, coquette et fleurie, offre tous les services, dont les Pâtisseries
et Gourmandises d’Olivier.
En plus d’offrir d’excellentes viennoiseries pur
beurre et la crème glacée à base de lait de brebis, Olivier garde le secret de
la confection des meilleurs macarons de la région. Le Café Azimut a reçu
récemment une étoile au Guide Michelin: « Ce sympathique café fait à
la fois office de restaurant et de traiteur. Inspirés de la cuisine du monde,
les plats qu’on y sert, notamment les fruits de mer, les grillades, les pizzas
fines, les hamburgers et le saumon frais font l’unanimité. »7
Impossible, en effet, de visiter La Pocatière sans faire un arrêt au charmant
Café Azimut. Julie Lévesque, la propriétaire, vous accueillera pour l’apéritif
au bar ou la terrasse. Je vous
recommande la salade de cuisse de canard confit, un vrai régal et, pourquoi pas,
en entrée, une spécialité locale, des accras à l’anguille?
Votre voyage se
poursuit sur la 132 est, vers Kamouraska. Madame Gertrude Madore vous fera visiter
le Site d’interprétation de l’anguille de Kamouraska où vous apprendrez l’art
de cette pêche qui exige beaucoup d’énergie et de savoir-faire. Les pièges et les filets pouvaient
recueillir jusqu’à mille anguilles à une certaine époque. Les barrages d’Hydro
Québec sont des obstacles infranchissables pour ces valeureux poissons qui font
tout le trajet de la mer des Sargasses pour se reproduire dans les Grands Lacs.
Espérons que les passes aménagées depuis quelques années favoriseront le retour
en force de ce délicieux poisson.
Un voyage
au Bas-Saint-Laurent ne saurait être complet sans déguster l’anguille
fumée. Kamouraska offre aussi
d’excellents restaurants, dont celui à l’Auberge des îles de Rita Lévesque et
Yves Desbiens. L’auberge offre une vue superbe sur Charlevoix et des couchers
de soleil exceptionnels. Ne ratez pas l’occasion de goûter aux spécialités du
chef Marcel Dubreuil, dont le gravlax de saumon, les manchons de canard, le
lapin à la Saintongeaise et à la brochette de poissons et fruits de mer, le tout
bien accompagné d’un L’Ort Del Boso 2009.
Le bistro de la mer
de la poissonnerie Lauzier, fondée en 1996, s’inscrit dans la tradition d’une
famille de pêcheurs. Aujourd’hui, la poissonnerie offre un service au comptoir
de poissons et fruits de mer locaux tels que le flétan, le homard, l’esturgeon noir,
la morue, le saumon, l’éperlan, l’anguille, sans oublier le crabe des neiges,
la langoustine, les huîtres et les pétoncles. Les poissons sont fumés à la
poissonnerie et la planche de poissons fumés est une entrée remarquable de goût
et de couleurs. Avec sa centaine de places, la Poissonnerie Lauzier offre un
service de restauration rapide mettant l’accent sur la fraicheur et la qualité
des poissons et fruits de mer locaux.
La
Chocolaterie La Fée gourmande suit la tradition des grands chocolatiers
français, les chocolats au pur beurre de cacao coupés à la guitare et enrobés
de chocolat de qualité supérieure. Le chocolat au caramel à la fleur de sel et
celui à la baie rose avec une subtile note piquante et fruitée doivent être
dégustés avec lenteur et gourmandise. Camille Paradis est à la fois
chocolatière et artiste. Ces œuvres, inspirées des textures marines que l’on
trouve en bordure du fleuve Saint-Laurent, sont exposées à la Galerie d’art et
décoration Quai no3 située à l’arrière de la chocolaterie. Le Centre d’art
de Kamouraska, aménagé dans l’ancien palais de justice, datant de 1888, permet
aussi de découvrir des artistes et artisans de talent.
La belle route du
fleuve la 132 est nous conduit au village de Saint-André de Kamouraska pour
visiter la microbrasserie Tête d’Allumette.8 Cette microbrasserie est unique au Québec,
car elle utilise uniquement le bois pour la cuisson du moult. Cette technique
permet la confection de bières selon les recettes originales de Martin
Desautels, copropriétaire et brasseur. Je vous invite à profiter de la
magnifique terrasse qui donne un large point de vue sur le fleuve et à déguster
quatre de ses créations : la Zizane, la Tête carrée, l’Apache et la Tête
de Houblon.
Kamouraska, c’est la
porte du Bas-Saint-Laurent qui s’étend jusqu’à Sainte-Flavie, où débute la
Gaspésie. À quatre heures de route de
Montréal, vous trouverez dans la région de Kamouraska, le calme, la beauté des
paysages et des maisons et l’accueil d’un peuple fier de sa gastronomie et de
son histoire. Le dépaysement près de chez soi et réglé en dollars canadiens,
qui dit mieux?
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1 Wow. Un classique de Claude Jutra, film de l’ONF sur la jeunesse québécois des années 60
2 Jouée par Geneviève Bujold.
3 « La Beat generation est un mouvement littéraire et artistique qui a fortement inspiré la jeunesse et qui s’est manifesté par la libération sexuelle, l’opposition à la guerre du Vietnam et les hippies de Berkeley et de Woodstock. » Tiré du panneau Fil Rouge sur Jack Kerouac d’une entrevue par Pierre Nadeau, New York, 1959.
4 Entrevue de Jack Kérouac (1922-1969), auteur de On the Road, à la télévision de Radio-Canada
5 Ce nom fait honneur à la pièce musicale d’André Gagnon du même nom
6 La pièce musicale WOW ! d’André Gagnon
7 Le Guide Vert Michelin Québec. Côte du Bas-Saint-Laurent, p. 6 et 7. Édition 2016.
8 Présentation de la microbrasserie Tête d’Allumette
Kamouraska
La porte du Bas-Saint-Laurent
À visiter,
Pour son calme et sa beauté