Rwama. Mon enfance en Algérie , Tome 1, par Zalim Zerrouki, Dargaud, 176 p
Si la guerre d’Algérie fut amplement documentée, qu’en fut-il de l’après-FLN ainsi que de la vie des Algériens ? Né en 1978 en Algérie évidemment, puis, direction la Tunisie, au milieu des années 2000 en publicité, Zalim Zerrouki ouvrir un blogue satirique sur la chape de plomb qui enveloppa la société en général et le quotidien de ses habitants. Entre l’autodérision, le sarcasme et la caricature grinçante sur les dérives du pouvoir, qu’elle soit religieuse ou non, nous tenons entre nos mains un matériau de premier choix.

Avec ce premier tome, l’auteur raconte son enfance sous la dictature Boumédienne jusqu’à l’arrivée des premiers fondamentalistes qui allaient former le coeur du FIS. Rwama qui veut dire : français en algérois désignait les habitants de l’immeuble blanc qui vit le jour depuis que le président créa les Olympiques de la Méditerranée, synonyme à ses yeux d’une Algérie qui « va de l’avant »
Dans cet immeuble en marge des cités se retrouvaient des Cubains, des Allemands, des Russes qui étaient venus entraîner les athlètes du pays hôte. Comme le père de Salim fut intégré à ce travail et que sa mère enseignait l’espagnol, il habita donc avec sa famille dans ce lieu où toutes les coutumes se mélangeraient allégrement, sans discuter de religion ou politique.
Sans avoir la douceur du petit Nicolas (cela se comprend aisément) auquel nous nous souvenons en lisant ce récit : Mon enfance en Algérie est le quotidien de ces gens de maison qui pensaient avoir trouvé « le paradis ». Mais avec le décès du président à la main de fer et les crises économiques qui suivirent, tout bascula.

C’est l’histoire en marche à travers les yeux d’un petit qui voit lentement son monde disparaître, marquée par les privations (surtout l’eau), des cases délicieuses, ainsi que la montée inéluctable de l’intégrisme (endoctrinement) auquel personne ne croit, sauf quelques illuminés qui finiront par faire la loi et rendre impossible la vie des gens éduqués.
Le FIS et ses sbires firent régner la terreur. Utilisant l’humour, le petit Salim nous offre un traité de sociologie appliquée qui résonne encore aujourd’hui, malheureusement. Enrichissant et particulièrement instructif !