Conversation avec Vincenzo Ferrante, coiffeur à la Comédie-Française et sur les plateaux de cinéma et de télévision : un métier artistique à multiples facettes.
« L’élégance est la seule beauté qui ne se fane jamais. » Audrey Hepburn
La Comédie-Française[1] (fondée en 1680 par une ordonnance royale de Louis XIV[2]) surnommée « Le Français est une institution singulière par sa longévité, son riche répertoire de près de 3500 titres[3], sa troupe permanente de comédiens[4] (pensionnaires et sociétaires[5]) qui se produisent sur ses trois scènes parisiennes (le théâtre historique : la Salle Richelieu[6] ; le théâtre du Vieux-Colombier[7] et le Studio-Théâtre[8]) et parfois hors de ces murs lors des tournées dans l’hexagone et à l’étranger. Les vingt-cinq spectacles qui sont joués en moyenne lors de chaque saison et donnent lieu à 900 représentations sont façonnés sur place sans externalisation, ce qui n’est pas commun pour une structure culturelle d’une telle envergure.
Selon Eric Ruf[9], l’Administrateur général, qui préside aux destinées de cette vénérable et prestigieuse institution à la notoriété internationale, ce sont près de 400 artisans issus de 70 métiers différents qui s’activent autour de la préparation des divers spectacles. Ce qui inclut outre les métiers du plateau (construction, installation des décors, entretien du mobilier, régie lumière, son, vidéo) la confection des costumes (à une exception près avec les chaussures qui sont fabriquées par des prestataires extérieurs ou encore louées[10]), le maquillage et la coiffure.
On dispose en général d’assez peu de témoignages sur ces métiers techniques dit de l’ombre, de toutes ces petites mains qui recèlent un savoir-faire d’excellence et unique au service des comédiens et sans lesquels aucune représentation ne verrait le jour. Vincenzo Ferrante est l’un de ses artisans d’exception, il est coiffeur perruquier depuis 2008 à la Comédie-Française avec le statut convoité d’OHQ : ouvrier hautement qualifié (seules 12 personnes jouissent aujourd’hui de cette reconnaissance délivrée aux métiers techniques) qu’il a obtenu l’annéedu quatrième centenaire de la naissance de Molière, en 2022.
Il m’a courtoisement accueilli dans son coquet appartement parisien pour un entretien fleuve où il s’épanche sur sa passion pour une profession aux multiples facettes et lève le voile sur les coulisses du métier de coiffeur de théâtre et de cinéma, témoignant un profond et sincère attachement pour la Maison de Molière.
Quel fut votre cheminement professionnel ? Comment devient-on coiffeur perruquier dans cette prestigieuse institution où vous exercez depuis avril 2008 ? Comment est née votre passion pour ce métier ?
« Je suis né en Sicile (à Palerme) et dans les années 70, mes parents à la recherche d’un emploi sont venus s’installer à Turin, ville où j’ai grandi. Adolescent, je désirais ardemment devenir pâtissier, mais faute de places disponibles dans les deux années à venir au sein de l’école où je devais m’inscrire (il y avait un afflux de demandes), j’ai dû renoncer. Et en attendant, j’ai alors rejoint un salon de coiffure, grâce à des connaissances. Et c’est ainsi, par le plus grand des hasards, que j’ai découvert que c’était ma grande passion. J’ai appris très vite et après deux années, j’avais un peu fait le tour. Ensuite, j’ai répondu à l’annonce d’un salon mixte qui recrutait un coiffeur expérimenté, ce que je n’étais évidemment pas encore, mais j’ai néanmoins décidé de tenter ma chance et j’ai immédiatement été engagé. J’ai suivi une formation en parallèle pour obtenir un diplôme professionnel.
Et très vite, à 25 ans, j’ai été en mesure d’ouvrir mon propre salon de coiffure où durant 15 ans, j’ai eu la satisfaction d’avoir une très belle clientèle aisée. Mais dans mon for intérieur ou in petto, je gardais le profond désir de travailler dans le milieu du spectacle. Je ne sais pas pourquoi mais je me sentais très attiré par les perruques anciennes. A Turin, Mario Audello, mondialement connu dans le monde du théâtre était le fournisseur de perruques pour les spectacles de nombreux théâtres d’opéra et de théâtres italiens et également à l’étranger[11]. C’était un artiste extraordinaire (disparu en août 2022, à l’âge de 79 ans) que l’on appelait « Le seigneur des perruques [12]», je le tutoyais.
Et il m’avait proposé de travailler au Teatro Regio de Turin (lieu par ailleurs où se déroula la première mondiale de La Bohème de Puccini en février 1896, un œuvre lyrique dont je suis féru). Mais malheureusement j’étais trop accaparé par la clientèle de mon salon de coiffure, ce n’était pas envisageable à ce moment-là. Puis un peu plus tard, j’ai rencontré en Sicile, ma terre natale, un français, un Parisien qui évoluait dans le milieu du spectacle (Pierre Annez de Taboada). Il était créateur de costumes au Moulin rouge et au Lido, il confectionnait également les bijoux et les strasses ; on s’est fréquenté. Cette belle rencontre est survenue au moment où je voulais vraiment tourner la page et évoluer dans le milieu du théâtre. Le choix fut que je m’installe à Paris qui offrait plus d’opportunités que de demeurer en Italie.
Mais il faut savoir que je ne parlais pas du tout le français lorsque j’ai rencontré mon ami. Afin d’acquérir le vocabulaire technique pour la coiffure, j’ai ainsi rejoint, pour seulement quelques mois, le salon de coiffure de Jean-Marc Joubert (une personne extraordinaire avec qui je suis d’ailleurs toujours en contact). Grâce à des amis d’amis dont un directeur de casting, j’ai été informé que la Comédie-Française recherchait un coiffeur. Honnêtement, arrivant d’Italie, je ne connaissais pas vraiment cette institution. J’ai postulé et j’ai été rapidement contacté pour un entretien. Après un essai concluant sur une perruque ancienne qu’il s’agissait de reproduire, j’ai été recruté en contrat à durée indéterminé. C’est une belle aventure qui débuta en 2008. Après dix-sept ans, c’est peut être incroyable mais je conserve sincèrement toujours le même enthousiasme pour cette belle maison qu’à mes débuts ».
La coiffure, c’est l’art de dompter, d’apprivoiser la chevelure. Travailler sur l’agencement des cheveux offre de multiples possibilités. C’est un matériau très convertible ou transformable (on peut ainsi le teinter, le friser, le cacher, l’exhiber, ajouter de la longueur, du volume. Vous êtes en quelque sorte un sculpteur capillaire ?
« Il faut bien s’occuper des cheveux, la première étape consiste à bien les nourrir comme on nourrit une plante. Et ensuite tout dépend des cheveux, s’ils sont fins, des produits vont donner plus de volume. A la base, le cheveu est sauvage, il pousse comme il veut, à sa guise, mais après c’est à l’expert coiffeur de lui donner la forme et le volume recherché, il lui appartient alors de le dominer, de le maîtriser. Parfois on peut être devant un comédien dont les cheveux sont peu abondants, il faut alors s’adapter à cette situation et trouver rapidement des solutions. J’adore lorsque se présentent des difficultés avec une chevelure. Par exemple sur les tournages des grandes productions cinématographiques que l’on va probablement évoquer tout à l’heure, j’ai très souvent remarqué que les coiffeurs présents cherchaient plutôt à coiffer la fille qui possède une belle chevelure, car c’est évidemment plus aisé à travailler. A l’inverse, je me tourne toujours plutôt vers les artistes qui ont des cheveux clairsemés ou dont les cheveux sont abimés ; c’est un exercice un peu plus complexe, mais cela ne m’effraie pas, j’aime pouvoir les magnifier et les sublimer. Et cela rassure les comédiens de savoir qu’en dépit d’une faible densité capillaire par exemple, je vais m’employer à les embellir.
Vous posez des barbes, des poils, des moustaches ?
« Oui depuis 17 ans que je suis à la Comédie-Française, c’est mon quotidien d’ailleurs. Par exemple, sur la célèbre et emblématique pièce, « Angels in America », (du dramaturge américain Tony Kushner[13]) mise en scène en 2020 par le cinéaste français, Arnaud Desplechin[14] où Dominique Blanc campait une multitude de personnages, j’ai travaillé à sa transformation capillaire pour ses différents personnages. J’ai ainsi été amené à lui coller différentes barbes. Ces dernières sont faites sur mesure, on prend l’empreinte du visage de la comédienne avec de la cellophane avec les marques et les poils sont fabriqués avec des crêpes de laine (ce sont des tresses constituées de laine de mouton) qui sont ensuite collées au postiche. Par manque de temps, nous ne réalisons pas ces barbes dans nos ateliers, elles sont créées à l’extérieur ».
Grâce à la Fondation Bettencourt-Schueller, les ateliers de confection de costumes situés depuis 1974 à l’étage Rachel[15] (sous les toits du théâtre de la salle Richelieu) ont fait l’objet d’une rénovation de grande ampleur qui débuta en 2013 sur 500 m2. Disposez-vous désormais de conditions de travail optimales et ainsi plus propices à la création ?
« Je me souviens lorsque je suis entré à la Comédie-Française, les ateliers (où butinent les couturières, repasseuses, lingères, modistes) étaient sombres et plutôt lugubres, la lumière naturelle faisait largement défaut. L’étage Rachel a été effectivement totalement transformé. Les nouveaux aménagements avec la mise aux normes réglementaires débutèrent en 2013 pour les ateliers couture et en 2023, tous les travaux ont été achevés avec l’espace consacré à la coiffure qui est désormais plus large (pour la saison 2022, nous étions d’ailleurs installés au sous-sol afin de permettre la rénovation de notre atelier).
C’était vraiment nécessaire et cela a véritablement changé notre vie. Le plafond a été rehaussé, les fenêtres ont été judicieusement élargies permettant à la lumière de jaillir, nous bénéficions ainsi d’un plus grand confort, d’une bien meilleure isolation thermique qu’antérieurement où les ateliers étaient froids en hiver et étouffant durant la belle saison. On travaille tous désormais dans d’excellentes conditions sous la direction de Sylvie Lombart qui est responsable de l’ensemble des ateliers de confection de costumes (ce qui inclut également le département maquillage et la coiffure). Un grand merci à la Fondation ».
Accueillez-vous des stagiaires ou des apprentis afin d’assurer la pérennité de ce métier d’exception par la transmission des savoir-faire techniques et artistiques ?
« Dans les ateliers couture, modiste oui. Et nous allons commencer à le faire prochainement pour l’atelier coiffure. C’est d’ailleurs le projet auquel tient tout particulièrement notre chef de département, Pascal Ferrero, qui souhaite installer une école au sein de votre structure afin de former des apprentis ».
La Comédie-Française est subventionné par l’État à hauteur de 24,5 millions d’euros (sur un budget global de 40 millions d’Euros[16]). Récemment les pouvoirs publics ont annoncé des coupes historiques dans les crédits du ministère de la rue de Valois ou de la Culture. Le spectacle vivant n’y échappe pas et il a été annoncé, une réduction des crédits de cinq millions pour la Maison de Molière.
« Oui nous venons de l’apprendre, c’est un coup de rabot non négligeable. J’ose espérer qu’elle ne concernera que l’année 2024. La Comédie-Française dispose de réserves afin de faire face, mais si cette coupe budgétaire venait à s’inscrire dans la durée, il y aurait fatalement des répercussions sur le fonctionnement de cette belle maison. Pendant la délicate période de la Covid, nous avons été soutenus, l’Etat avait consenti beaucoup d’efforts. Alors je demeure néanmoins confiant pour l’avenir ».
Quelles sont selon vous les qualités pour réussir dans la profession ?
« Le conseil que je donne à un coiffeur (j’apprécie particulièrement transmettre mon savoir-faire aux jeunes) c’est qu’il y a une façon de regarder. J’ai remarqué que souvent les apprentis regardent sans regarder ; ils n’arrivent pas à assimiler ce qu’ils ont vu et je leur dit toujours de se concentrer et de regarder avec attention les gestes que j’effectue. La vraie qualité outre la rigueur – et j’insiste sur ce point- c’est de savoir observer mais dans l’idée de reproduire précisément. Je constate trop souvent lorsque je montre quelque chose que l’apprenti coiffeur ou coiffeuse ne regarde pas vraiment et ils refont à leur façon et cela ne les fait pas avancer (il s’agit pour eux avant tout d’acquérir des gestes qu’ils n’ont pas l’habitude de faire). Donc il est primordial de savoir regarder ».
Le métier attire-t-il toujours les jeunes ? Il y a les contraintes de déplacements (loges, studios, plateaux de cinéma et de télévision) ainsi que les horaires décalés.
« Je pense que pour faire ce métier il faut être passionné. C’est la passion qui permet de surmonter tous les écueils. La profession que nous exerçons n’est effectivement pas facile avec des horaires particuliers et nous travaillons également les weekends, la nuit, et les jours fériés. Il faut également distinguer entre les semaines hautes et les semaines basses. Pour les premières, c’est-à-dire lorsqu’un nouveau spectacle est créé, nous arrivons à midi pour les répétitions et jusqu’à 17 h, nous effectuons les différents essayages coiffures avec les comédiens, et ensuite il s’agit de recoiffer les postiches utilisés. Puis nous devons préparer le spectacle qui sera joué le soir même à 19 h 30 d’où notre présence une heure plus tôt afin de préparer les interprètes. Pour les secondes, nous débutons notre activité entre 15 et 16 heures puisqu’il n’y pas de répétition l’après-midi. Durant le weekend et les jours fériés, les horaires des spectacles sont différents (14 heures et 20 h 30). L’intensité de notre activité s’explique par la pratique de l’alternance des spectacles[17] ; ainsi au cours d’une même semaine de trois à cinq titres peuvent être présentés à la salle Richelieu, ce qui mobilise d’autant la Troupe et les techniciens ».
Bien que vous possédiez un savoir-faire inégalé, vous êtes toujours soucieux de vous perfectionner. Vous avez reçu avec plusieurs de vos collègues une formation spécifique de quelques jours pour découvrir et maîtriser les techniques de coiffage sur cheveux crépus et frisés[18].
« Oui, nous avons suivi en mars 2024 une formation de trois jours dans notre atelier à la Comédie-Française que nous avions sollicité auprès de notre chef de service, Pascal Ferrero. Nous nous sommes rendu compte que depuis plusieurs années la composition de la Troupe avait beaucoup évoluée, notre Administrateur ayant engagé des comédiens et des comédiennes dont les cheveux sont crépus. Nous savions que ces derniers se faisaient natter leurs cheveux à l’extérieur puisque nous n’étions pas formés pour ce type de coiffures. Le cheveu crépu (qui se rencontre chez les populations originaires d’Afrique noire) a une texture naturelle qui lui est propre et une densité qui est ainsi très différente des cheveux caucasiens ou asiatiques et sa croissance est plus lente qu’un cheveu lisse[19].
Il y avait ainsi, selon moi, une nécessité, une évidence à apprendre à travailler ces cheveux qui sont fragiles[20], cassants et nécessitent des soins bien particuliers (même pour les laver, cela exige un traitement spécial). J’ai ainsi appris à démêler ces cheveux avec douceur, des pointes vers les racines, à faire des vanilles (ce sont des torsades) ; à bien nourrir et à hydrater copieusement ces chevelures avec des crèmes et de l’huile. Je sais désormais que ces cheveux doivent être protégés même durant le sommeil. Il faut savoir que dans la troupe, on dénombre une dizaine de comédiens et comédiennes présentant des cheveux afro crépus. Une autre session de formation est d’ailleurs prévue l’année prochaine, qui concernera cette fois la coupe des cheveux crépus ».
Parfois des professionnels de l’extérieur viennent occasionnellement renforcer l’équipe des permanents ?
« Oui à la Comédie-Française, nous sommes neuf coiffeurs en emplois permanents dont deux responsables, Pascal Ferrero et Véronique Baudin, respectivement chef et sous-chef du département. En cas d’arrêt maladie ou de congés d’un membre de notre équipe, d’autres coiffeurs doivent être nécessairement recrutés. Pour le spectacle, « La Puce à l’oreille de Feydeau[21] », je suis parti en tournée de janvier à mars 2024 dans six villes françaises (Les sables d’Olonne, Montereau, Caen, Montpellier, La Rochelle, Aix-en Provence). Durant ce laps de temps, j’ai ainsi été remplacé par un coiffeur extérieur. Et même temps durant la tournée, j’ai été également secondé par trois coiffeuses qui furent recrutées par le théâtre de la ville où se déroulait la représentation. Mon plaisir est d’ailleurs de repérer, parmi ces intervenants professionnels ponctuels, ceux ou celles qui possèdent un vrai talent, et j’en informe notre responsable coiffure. Un tel profil peut s’avérer utile pour effectuer des remplacements. À la Comédie-Française, le niveau d’exigence est très élevé, de sorte qu’il pas si simple de dénicher la compétence souhaitée. D’où l’idée pertinente de notre chef de département, Pascal Ferrero, de pouvoir former directement les coiffeurs sur place, à la Comédie-Française ».
La grande comédienne, Dominique Blanc[22], qui brille depuis plusieurs décennies tant sur les planches[23] qu’au cinéma[24] et que vous avez coiffée dans la célèbre pièce « Angels in America[25] » adaptée pour la Comédie-Française en 2020 (où elle se glisse avec un immense talent dans une dizaine de personnages différents : un rabbin, un médecin, un général soviétique, le fantôme d’Ethel Rosenberg, un ange ; des rôles tant masculins que féminins) évoque dans un ouvrage relatant son parcours professionnel et son jeu, votre travail en ces termes: « Le perruquier coiffeur Vincenzo Ferrante, c’est la baguette magique, c’est vraiment un magicien.
A chaque fois avec cet accent italien irrésistible, il vous explique que vous êtes la meilleure, que vous allez être le meilleur des médecins, que vous êtes le plus beaux des rabbins….C’est très sportif. Il vous donne un peu de sucre, il vous donne une parole douce …. ». Une complicité doit ainsi se nouer entre les artistes et vous, certains d’entre eux s’épanchent-ils parfois ?
« Avec notre métier, nous avons inéluctablement un contact rapproché avec les artistes, ce qui créé naturellement des liens avec ces derniers. A la Comédie-Française, nous avons d’ailleurs la chance de coiffer les comédiennes dans leurs loges privées ; c’est éminemment un moment très intime. Nous sommes souvent des confidents, et nous ne divulguons jamais à quiconque ce qui est révélé lors de nos échanges. Avec de nombreux comédiens, je ne suis pas que le coiffeur, je suis devenu un peu un ami. C’est évidemment diffèrent d’un(e) comédien(ne) à l’autre. J’avoue par exemple que j’ai un amour inconditionnel pour Dominique Blanc dont je suis le coiffeur attitré. Mais au fur à mesure du temps ou des années, j’ai tissé des relations étroites avec bien d’autres artistes et développé des affinités professionnelles ».
Les postiches capillaires ont toute une histoire. De l’Égypte ancienne (il y a 3000 ans) à la Rome antique, ils étaient arborés afin de dissimuler la perte de cheveux (la perception sociale de la calvitie masculine était déjà dépréciative) ; puis leurs usages disparaissent après la chute de l’Empire romain au Ve siècle. Les perruques ne firent leur retour et connurent un véritable essor que sous Louis XIII et Louis XIV (les deux monarques entendaient masquer aux yeux de leurs sujets une alopécie précoce, ce qui contribua peu à peu à la généralisation de ce couvre-chef à la Cour chez les hommes dans les milieux aristocratiques et dans la haute bourgeoisie).
La corporation des perruquiers fut créée en France par un édit du 30 mars 1673 et l’accessoire devient un véritable objet de mode. Au XVIIIᶱ siècle, les perruques évoluent encore, elles sont parfois sophistiquées jusqu’à l’extravagance. Les personnages des pièces du répertoire de la Comédie-Française portent souvent des postiches capillaires. Avez-vous un cabinet des perruques à la Comédie Française, comme il en existait sous Louis XIV à Versailles ? Comment sont-elles protégées et conservées?
« Nous avons la chance de posséder un très beau stock de 3000 perruques, la plupart avec des cheveux naturels (d’autres encore avec des poils de yack lesquels permettent d’obtenir des volumes que l’on ne pourrait pas obtenir avec des cheveux naturels). Nous avons conservé de très belles pièces dont par exemple celle que portait Jacques Sereys, immense figure de la Comédie-Française (une cinquantaine de rôles sur les planches) et qui a joué dans de nombreux films (il est décédé en janvier 2023)[26]. Nous disposons pour l’instant d’un petit espace pour faire des essayages de perruques avec les comédiens, c’est en quelque sorte un petit cabinet comme à l’époque de Louis XIV avec autour des rayonnages pour entreposer les perruques (nous avons également un autre stock de perruques au sous-sol).
Nous prenons un grand soin des postiches qui sont entretenus, c’est à dire lavés, séchés, puis placés dans des sacs en plastique sous vide. Chaque perruque qui entre dans le stock est répertoriée par un numéro avec le nom du comédien qui l’a portée. Lorsqu’un spectacle sur décision de l’Administrateur général est réformé (c’est-à-dire qu’il n’est plus joué) le décor est détruit, on peut ainsi retravailler et réutiliser les perruques pour une autre production. À l’inverse s’il n’est pas reformé, les postiches doivent demeurer intacts puisque la pièce peut reprendre. Pour les perruques très anciennes, ce qui est périssable, ce sont les montures qui n’étaient pas fabriquées avec le tulle que l’on utilise de nos jours ; la calotte sur laquelle étaient alors implantés les cheveux était en tissu et elle se détériorait facilement. Quant aux cheveux, ils sont imputrescibles ».
Pour confectionner les perruques au XVIIIᶱ siècle, on avait recours au crin de cheval ou de chèvre. De nos jours, ce sont les cheveux naturels ou les poils de yack qui sont utilisés. Mais quels sont précisément leur provenance ?
« Les coiffeurs perruquiers préfèrent les cheveux européens, ils sont plus doux, plus souples et plus aisés à travailler ; à l’inverse les cheveux asiatiques sont plus épais, plus raides et ainsi plus complexes à coiffer. L’achat des cheveux représente un commerce considérable. Parmi les pays fournisseurs en cheveux naturels : l’Italie (la péninsule exporte également le poil de yack, ce poil étant dru, il donne beaucoup de volume, ce qui facilite le coiffage), le sous-continent indien. Il faut savoir qu’en Inde la coutume consiste à se raser la tête pour offrir sa chevelure aux divinités. Mais ces offrandes capillaires sont revendues par la suite par les temples à des sociétés spécialisées. Les cheveux peuvent coûter 3000 euros le kilo, ce qui explique d’ailleurs qu’une perruque puisse coûter jusqu’à 5000-7000 euros. Grâce à Pascal Ferrero, nous disposons de très belles perruques ».
Les postiches sont-ils fabriqués sur place ?
Il y avait un atelier de fabrication à la Comédie-Française qui a disparu depuis plus d’un siècle. Nous ne sommes pas assez nombreux et nous ne disposons pas du temps nécessaire pour réaliser une perruque entièrement, nous intervenons justes pour effectuer des réparations. Ce qui explique la nécessité de faire appel à deux perruquières extérieures très réputées comme Christina Ohlund Lago et Sabrina Champion[27]. A titre personnel, j’ai pris l’initiative de créer une perruque du début jusqu’à la fin. J’éprouvais le besoin de connaître précisément le processus de conception (j’avance lentement, il reste encore un peu de travail pour qu’elle soit définitivement achevée et elle demeurera comme de bien entendu dans notre atelier). Je considère que tous les coiffeurs qui travaillent sur des perruques devraient entreprendre une telle démarche et ceci afin de mieux percevoir l’extrême délicatesse d’une perruque qui ne doit surtout jamais être maltraitée ».
Pouvez-vous expliquer succinctement les différentes étapes de fabrication d’une perruque ? Combien d’heures de travail cela nécessite-t-il?
« Lorsque nous devons confectionner une perruque pour un comédien, il est indispensable dans un premier temps de prendre une empreinte de son crâne ainsi que diverses mesures[28]. Nous préparons les cheveux en faisant une base, étape qui consiste à les aplatir le plus possible à l’aide d’un bas si nécessaire. Ensuite nous appliquons du papier cellophane sur l’ensemble de cette base et nous utilisons des scotchs afin de rigidifier ce galbe puis nous effectuons un tracé de l’implantation (front, tempes, oreilles, nuques) qui est également scotché. Une fois le galbe retiré, il est installé sur une tête en bois. Le tulle est déposé sur celle-ci à l’aide de petites épingles en tenant compte du galbe et commence le travail de couture pour donner la forme souhaitée. Cette phase achevée, peut alors débuter le travail d’implantation des cheveux à l’aide d’un crochet. C’est une exécution extrêmement minutieuse, c’est deux ou trois cheveux à la fois pour la nuque et c’est un à un pour la bordure. En réalisant cette opération, à raison de huit heures quotidiennement, il est possible de confectionner le postiche entre huit et dix jours. De la patience est nécessaire, il faut être bien installé, il faut surtout avoir une très excellente vue, ce qui est généralement le cas des plus jeunes d’entre nous ».
Comment procédez-vous lorsque le comédien doit jouer le rôle d’un personnage chauve ?
« Il faut plaquer le plus possible les cheveux sur la tête qui sont ensuite dissimulés sous une calotte ou un faux-crâne en latex. Ce procédé permet ainsi de simuler des calvities totales ou partielles. Nous avons ainsi fabriqué de nombreux faux-crânes pour les comédiens qui jouaient sur Le Bourgeois Gentilhomme[29] et sur lesquels furent collées diverses perruques. Par exemple, Didier Sandre[30] (le maître de philosophie dans la pièce[31]) qui a naturellement une chevelure plutôt dense portait un faux-crâne et au milieu de celui, selon le souhait du metteur en scène, une longue mèche y fut fixée ».
Coller une perruque est une opération délicate ?
« Oui nous utilisons des colles à postiches, il faut faire preuve de dextérité. Il est important de bien l’ajuster et de la fixer, c’est une opération qui prend peu de temps, une quinzaine de minutes en général ».
Comment les interprètes parviennent-ils à supporter le port d’une perruque durant plusieurs heures d’affilés avec la chaleur sur le plateau et la transpiration que produit le postiche ? Une coiffure historique peut également altérer le cuir chevelu et son poids peut provoquer des migraines.
« Oui j’ai connu des moments un peu difficiles pour une comédienne qui était obligée de porter une perruque assez lourde mais elle n’avait pas le choix. Toutefois, lorsque cette difficulté se présente nous faisons le maximum pour que cela dure le moins longtemps possible afin de soulager l’artiste. C’est la raison pour laquelle on s’efforce toujours d’alléger les perruques, nous sommes vraiment vigilants sur ce point. Avec les artisans costumiers, notre préoccupation commune est que coiffures et vêtements ne puissent en rien venir perturber le jeu des interprètes sur les planches ».
Vous devez avec les perruquiers, habilleuses, servir la scène chaque soir de représentation (ce que l’on appelle la servitude de spectacle) et votre présence est également indispensable lors des diverses répétitions.
« Oui nous devons être présents tous les soirs de représentation pour effectuer les retouches qui s’avèreraient nécessaires ; j’apprécie tout particulièrement accompagner le comédien jusqu’à l’entrée de la scène. Quant aux répétitions, il faut savoir que les comédiens commencent à répéter deux mois avant la présentation du spectacle sur scène au public et à ce moment-là, ils ne revêtent pas encore leur costume officiel mais « des éléments costumes » qui ressemblent seulement à ce qu’ils porteront par la suite (les quinze derniers jours, ils revêtent costumes et perruques).
Puis il y a la toute dernière répétition avant que la pièce ne soit livrée au public que l’on désigne sous le vocable de « Couturière[32] » (et que l’on appelle la Générale dans d’autres théâtres comme à l’Odéon, par exemple[33]) où sont seulement invités les techniciens qui ont travaillé sur le spectacle, et le personnel de la Comédie-Française (y assistent également la famille et les amis proches des artistes), il n’y a aucune personne extérieure. La Couturière est la seule représentation où le metteur en scène peut encore faire des corrections sur les habits et les coiffures. Ensuite a lieu la première qui est ouverte au public[34] ; un peu plus tard, il a deux générales qui réunissent des invités dont les journalistes et des spectateurs payants».
Les mises en scènes contemporaines gagnent du terrain à la Comédie Française, la prothèse capillaire à l’ancienne recule avec l’entrée dans le répertoire de pièces contemporaines dont celles de Marguerite Duras, Harold Pinter (« Le retour ») ; Marie NDiaye (« Papa doit manger [35]») ; Lars Norén, (« Poussière[36] ») ; Jean-Claude Grumberg[37].
« Je me souviens très bien lorsque je suis rentré à la Comédie Française, il y a dix-sept ans, on jouait beaucoup de pièces en costumes historiques. C’est une réalité incontestable, on coiffe moins de perruques historiques, on utilise moins de costumes anciens dans les spectacles. Oui j’ai bien remarqué cette tendance qui est assez récente mais je pense que c’est cyclique, je suis certain que cela va revenir. C’est d’ailleurs une orientation généralisée que l’on peut relever ailleurs qu’à la Comédie-Française. Mais si certaines mises en scène ne retiennent pas de costumes historiques pour des pièces classiques où les interprètes revêtent des habits contemporains, il n’en demeure pas moins que l’on continue de poser des perruques sur la tête des personnages lesquelles sont simplement plus discrètes. Ainsi sur la pièce « Macbeth[38] » (de William Shakespeare) mise en scène par l’italienne, Silvia Costa, les costumes sont très épurés avec des robes noires et les coiffures sont également assez simples ».
Dans les coiffures anciennes, on relève beaucoup d’ornements, des fleurs naturelles, artificielles, des diadèmes, des épingles, des peignes. De nos jours cela semble avoir un peu disparu. Avec quels accessoires parvenez-vous à sublimer les coiffures contemporaines afin de leur donner une touche d’originalité, d’élégance et de fantaisie ?
« On peut utiliser les même ornements que durant les siècles passés. Mais on le fait avec plus de discrétion qu’autrefois, c’est bien moins apparent. Si on mettait beaucoup de fleurs dans les coiffures au XVIIIᶱ siècle, de nos jours on en retient que quelque unes ; le style est bien plus sobre ».
Vous assurez également des prestations capillaires en dehors de la Comédie-Française ?
« J’ai la chance tout en étant à la Comédie-Française d’être appelé à travailler sur d’autres projets en dehors de cette structure. Mais je privilégie toujours la Comédie-Française où je me sens tellement bien et où j’ai la satisfaction d’être aimé et respecté, c’est une véritable famille pour moi. J’y ai été accueilli et j’en suis très reconnaissant. Comme je suis permanent dans la Maison de Molière, je n’ai pas le statut d’intermittent du spectacle. Je prends ainsi sur mes temps de loisirs et de repos pour effectuer ces autres prestations capillaires. Un coiffeur est toujours curieux, il a besoin d’aller voir un peu ailleurs et de ne pas s’enfermer, de se nourrir d’autres expériences, de découvrir d’autres atmosphères et ambiances. Et c’est aussi très enrichissant d’observer la façon dont les autres travaillent, c’est cela qui nous fait grandir.
Chaque année des clients qui participent au Carnaval de Venise me passent commande de perruques. Je fais également des créations pour d’autres théâtres. Ainsi au Théâtre des Bouffes Parisiens, pour « La Note » d’Audrey Schebat, savoureux et fin dialogue entre une pianiste célèbre (Sophie Marceau) et Julien, psychanalyste (François Berléand), j’ai réalisé la coiffure de la comédienne et ce sont d’autres coiffeurs qui ont assuré son suivi tout au long des différentes représentations. Pour le Théâtre de la Contrescarpe, je me suis vraiment amusé à créer la perruque pour le comédien, Marc Chouppart[39] qui incarnait l’ancien président de la république française dans la comédie satirique et grinçante inspirée de faits réels, intitulée « Chirac » (dans une mise en scène de Géraud Bénech[40]) ».
Vous diversifiez encore récemment vos interventions extérieures en coiffant les deux jeunes chanteuses, Myra Tyliann (également actrice à la télévision, née en 1997) et Chilla (rappeuse franco-malgache, née en 1994 et dont c’est le nom de scène) pour un clip musical intitulé : « Trop Mimi » (un titre qui évoque la rupture et les rapports hommes-femmes avec beaucoup d’humour et de second degré).
« J’ai été contacté par une amie, qui n’était pas disponible et qui a pensé à moi. Sur ce clip vidéo, les deux artistes Myra et Chilla sont transformées en hommes. Je suis venu avec mon petit stock personnel de perruques et j’ai trouvé ce travail de métamorphose particulièrement excitant. L’ambiance était particulièrement festive et dynamique. Une demi-journée fut nécessaire pour les différents essais et ensuite le tournage proprement dit fut rapide et se déroula sur une journée ».
Avez-vous déjà prêté main forte à des défilés de mode ?
« J’ai été invité à deux reprises à coiffer dans ce cadre. C’était d’ailleurs totalement inédit pour moi ; je souhaitais découvrir cette ambiance. Il y a tellement de monde autour de vous et tout doit aller tellement vite. Il faut faire bien et rapidement. Ce sont des heures de travail intenses. Et finalement le temps du défilé est éphémère. Il ressort clairement de ces deux expériences un très net sentiment de frustration. J’étais d’ailleurs triste. En fait, mon cœur ne vibre que pour le théâtre vivant, ce que j’apprécie particulièrement, c’est le contact et les échanges avec les comédiens. Ce relationnel, on ne le retrouve pas vraiment lorsque l’on coiffe dans les défilés de mode. Je pense que c’est un autre métier que le mien. Cela relève d’une autre spécificité de coiffure et cela est beaucoup trop éloigné de ce que je fais et surtout de ce que j’aime faire ».
Au cinéma, si on évoque souvent des répliques devenues cultes, on conserve également en mémoire des coiffures iconiques. Parmi les plus mythiques d’entre elles et qui marquèrent leur époque et l’histoire du septième art : la coupe garçonne de Jean Seberg dans « A bout de souffle » (1960) de Jean-Luc Godard ; Julia Roberts dans « Pretty Woman[41] » (1990) avec ses cheveux roux foncés ; le carré à la frange d’Audrey Tautou dans « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain » (2001) de Jean-Pierre Jeunet ; Audrey Hepburn dans « Diamants sur canapé[42] » (1961) avec son fameux chignon relevé et gonflé qui est entré dans la légende avec sa robe noire et son collier de perle.
Mais encore, le chignon blond en forme de spirale de Kim Novak dans « Sueurs Froides » (1958) d’Alfred Hitchcock ; Uma Thurman dans « Pulp Fiction » (1994) de Quentin Tarantino avec le mythique carré brun et les cheveux noirs ébènes à frange courte ; le carré orange de Milla Jovovich dans « Le Cinquième Elément » (1997) de Jean-Luc Besson. Et les coiffures masculines ne sont pas en reste avec la banane de John Travolta dans « Grease » (1978) ; les dreadslocks à perles de Johnny Deep (Jack Sparrow) dans la saga « Pirates des Caraïbes » … Quelles sont les coiffures sur le grand écran qui vous ont le plus impressionné voire inspiré?
« Je suis un romantique et j’ai toujours été séduit par les coiffures glamour ; ma référence, c’est la flamboyante actrice américaine, Ava Gardner, avec sa chevelure ondulée, c’est selon moi l’apothéose de la féminité. Il y aussi Claudia Cardinale (Angelica) dans « Le Guépard » de Luchino Visconti[43] , sa coiffure est simple mais tellement élégante. L’esthétisme de ce film avec ses costumes[44] (dont les robes à grandes crinolines et larges manches ou encore la robe rose tellement lumineuse d’Angelica) et la musique (du compositeur Nino Rota[45]) frôlent la perfection ; c’est un vrai ravissement ».
Vous réalisez également des prestations capillaires pour diverses productions cinématographiques[46], l’une des dernières en date, Le « Molière imaginaire [47]» réalisé par le dramaturge et ancien directeur du Festival d’Avignon, Olivier Py[48] (jeune Premier, il joua à 25 ans, l’hypocondriaque Argan, le rôle du fondateur de « l’Illustre Théâtre » dans Le Malade imaginaire[49] sous la direction de Jean-Luc Lagarce qui était mourant). Le metteur en scène incarne par ailleurs le rôle du marquis de Roffignac dans ce long métrage qui est éclairé à la bougie et qui donne l’illusion d’un seul plan séquence[50] à l’instar de « 1917 » de Sam Mendes (2019) ou de « Birdman » d’Alejandro González Iñárritu (2014).
Ecrite en collaboration avec Bertrand de Roffignac, cette œuvre baroque et queer dont la singularité est ainsi de montrer un Molière qui, délaissant son épouse, tombe sous le charme du jeune acteur et bellâtre, Michel Baron, lequel ne laisse pas non insensible le Duc de Bellegarde. Vous étiez à la tête d’une petite équipe pour les prestations capillaires. Avez-vous coiffé Laurent Laffitte qui y interprète Jean-Baptiste Poquelin, en pleine représentation du Malade imaginaire, le 17 février 1673, ou Jeanne Balibar qui incarne Madeleine Bejart, Stacy Martin qui campe Armande Bejart ?
« Au cinéma, mes premières expériences ont commencé presque parallèlement à mon entrée à la Comédie-Française en 2008. Je ne connaissais pas Olivier Py, mais j’avais entendu parler de lui. C’est une amie qui m’a contacté et me proposa pour ce projet cinématographique ; elle considérait que c’était un projet pour moi parce qu’il y a une forte tonalité théâtrale. Il est vrai que pour ce film, les moyens étaient plutôt limités. Le budget du film était de 1,2 million d’euros, ce qui est très serré pour un long métrage. Nous étions une petite équipe de coiffeurs très motivée. Le film s’est fait en très peu de temps, une semaine pour les essayages des costumes et perruques des comédiens à Paris, puis nous nous sommes ensuite rendus à Avignon où le film fut tourné en seulement quelques semaines à « La FabricA » (une scène dont le diamètre et les dimensions sont similaires à ceux de la Cour d’honneur du Palais d’Avignon et où Olivier Py fit reconstituer le théâtre de Molière[51]). Je me suis occupé de tous les rôles qui sont cités dans le film : Laurent Lafitte, Dominique Frot, Olivier Py, Judith Magre (97 ans) etc. L’ambiance fut extraordinaire, on a tous travaillé dans la bonne humeur.
J’ai vraiment été très fier de participer à ce film, c’était le rêve de ma vie. J’étais très content du résultat final en dépit des contraintes que vous avez évoquées (les plans séquences et l’éclairage à la bougie). Pour constituer mon équipe, j’ai fait appel à un collègue que je connaissais et pour les coiffures des figurants nous avons eu le soutien de trois autres coiffeurs. Concernant le travail proprement dit sur les perruques, j’ai eu la chance de travailler sur la mini-série télévisée, « Benjamin Franklin [52]» (une grosse production américaine avec Michael Douglas dans le rôle-titre) et nous sommes parvenus à récupérer les postiches de cette série qui se déroulait au XVIIIᶱ siècle ; elles furent transformées pour les adapter au siècle de Molière, le XVIIᶱ. Et il y a eu aussi, bien sûr, de vraies créations de coiffure. Ce qui m’a particulièrement ému, c’était la présence de plusieurs actrices âgées à la riche carrière qui campent des commères mondaines particulièrement fardées : Judith Magre, Catherine Lachens[53], Dominique Frot (respectivement la Marquise de Rohan, la Marquise de Sablé, la Marquise d’Aiguillon); j’étais très touché de m’occuper d’elles. Il m’arrive ainsi de croiser les artistes de la maison de Molière durant les tournages (comme Laurent Lafitte[54] sur ce film ou encore Dominique Blanc sur la mini-série télévisée, « Syndrome E », par exemple[55]) et c’est plutôt rassurant pour eux de savoir que je vais les coiffer.
Les comédiens en général n’aiment pas trop changer de coiffeur. Concernant Laurent Lafitte, c’est un artiste qui a beaucoup d’humour, il est vraiment très drôle ; il jouait dernièrement dans « Cyrano de Bergerac » (d’Edmond Rostand) à la Comédie-Française[56] dans une mise en scène d’Emmanuel Daumas, il investit avec brio le rôle-titre. A la fin de la dernière représentation de la pièce, le 29 avril dernier, l’administrateur est monté sur la scène pour annoncer officiellement que l’acteur quittait la Comédie-Française pour d’autres horizons professionnels (devant la difficulté de mener de front, carrière cinématographique et théâtre, d’autres artistes ont d’ailleurs également fait ce choix de quitter la Maison de Molière[57] tandis que d’autres allient le travail sur les planches et le tournage de films[58]). Une petite célébration fut organisée pour son départ durant laquelle le Premier ministre lui a remis, à cette occasion, l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Mérite pour l’ensemble de sa carrière ».
Sur le plateau vous travaillez nécessairement en étroite coopération ou collaboration avec les départements costumes, maquillage mais également avec le styliste, le directeur photo, le scripte ; c’est un véritable travail d’équipe au service des personnages. Faites-vous des suggestions au réalisateur sur les coiffures ?
« J’oserai dire, qu’au cinéma, le travail de coiffure est différent, il est plus minutieux qu’au théâtre. Il faut être très vigilant, sur le grand écran, on peut aisément distinguer certains défauts. Si on colle une perruque, le spectateur ne doit absolument pas apercevoir le tulle. Le maquillage est aussi beaucoup plus fin. La lumière joue également un grand rôle. On travaille vraiment tous ensemble sur le plateau, il y a beaucoup d’échanges et de concertation avec le réalisateur ; nous sommes au service de sa vision. Les comédiens font également part de leur ressenti. On fait des essais filmés pour les principaux rôles avant que ne débute le tournage proprement dit du film afin de vérifier si les costumes et coiffures conviennent au cinéaste ».
La coiffure n’est pas un simple accessoire. Avec le costume, c’est un élément narratif qui apporte au personnage une profondeur, une nuance, elle peut marquer un trait de caractère et fournit une multitude d’indices sur le statut social, la santé, la richesse, l’identité culturelle des différents protagonistes. Par ailleurs, la coupe de cheveux peut au même titre que les vêtements produire un effet émotionnel chez le spectateur (trice) d’autant plus lors des gros plans sur le visage.
« Le comédien a besoin d’être parfaitement à l’aise, chaque détail à son importance. Les costumes mais également les coiffures leur permettent de construire et d’affiner leurs rôles, c’est une aide vraiment précieuse qui les aide à rentrer dans la peau de leurs personnages ».
Vous avez également participé à la mini-série britannique « Marie-Antoinette » dont la première saison fut écrite par Doborah Davis (coscénariste de « La Favorite », long métrage de Yórgos Lánthimos) avec l’actrice allemande Emilia Schüle dans le rôle-titre. Marie-Antoinette devenue un mythe a souvent été mise en scène au cinéma (l’un des films les plus appréciés du grand public pour son esthétisme et son style décalé fut incontestablement celui de Sofia Coppola en 2006). Les excentricités capillaires de la Reine de France avec les créations originales de Léonard Autier (son coiffeur officiel ) dont le pouf, une coiffure verticale, de parfois de plus d’un mètre, constituée d’un échafaudage de tulle couplé d’une perruque ornée de multiples accessoires (tels que plumes, bijoux, rubans, perles, et parfois des fleurs naturelles, des légumes du jardin, des pousses de pommes de terre[59]) inspirèrent tant la Pop Culture que les plus grands couturiers (Thierry Mugler, John Galliano, Karl Lagerfeld …). .. Avez-vous travaillé sur ces coiffures, façon pièces montées, pour la série télévisée ?
« J’ai eu la grande satisfaction de participer aux deux saisons (dont le tournage s’est déroulé respectivement en 2021 et 2023) et d’ailleurs je vous livre un scoop, la mini-série de huit épisodes ayant rencontré un grand et franc succès, une troisième saison verra le jour l’année prochaine. Pour un coiffeur, le XVIIIᶱ siècle, c’est l’apothéose, c’est là où il se fait vraiment plaisir où il exulte. C’est un siècle qui se caractérise par différents styles de coiffure. Lors de la première période de ce siècle, dominent les coiffures que l’on désigne sous le terme de « petites têtes », ce sont des perruques qui sont bien plus courtes que celles du siècle précédantavec des bouclettes sur les côtés que l’on appelle des manteaux et un toupet sur la tête. Puis la seconde période, c’est vraiment celle de Marie Antoinette, ce sont les fameuses coiffures très hautes avec comme vous le soulignez l’inimaginable sur la tête. J’ai eu la joie de faire ça. Sur cette série, on mettait très peu de perruques, on utilisait les propres cheveux des acteurs et actrices.
Et la troisième période (qui concerne la deuxième saison de la série) les coiffures sont encore différentes, ce sont celles représentées par la portraitiste Elisabeth Vigiée Le Brun[60] qui était le peintre officiel de Marie Antoinette ; la hauteur des coiffures est réduite, le volume demeure avec des cheveux indomptés et de longues mèches dans le dos, c’était avant la révolution, dans les années 1780. Nous avons tourné non seulement à Paris, mais également dans plusieurs châteaux comme celui de Fontainebleau, Vault-le-Vicomte et également Versailles. On tourne le lundi, journée où les domaines sont fermés au public. C’est une grosse production avec un budget de 23 millions euros. Parfois, il pouvait y avoir jusqu’à 200 figurants à coiffer et la présence d’une trentaine de coiffeurs étaient alors nécessaire et parfois même plus ; cela dépendait des scènes à tourner. Les acteurs sont pour la plupart anglo-saxons, la série est tournée en anglais. Ce n’est pas la même culture, c’est peut-être moins chaleureux que sur une production totalement française, mais cela reste très plaisant ».
Vous passez d’un siècle à l’autre en intervenant sur une autre série télévisée en 2020, « Paris Police 1900 », une série chorale policière de huit épisodes de 52 minutes (imaginée par Fabien Nury) où survient un crime mystérieux avec pour toile de fond la lutte entre « les dreyfusards » (partisan de l’innocence de Dreyfus) et les « antidreyfusards » (partisans de sa culpabilité). Il y a une centaine d’acteurs (dont entre autres, Jérémie Laheurte, Christian Hecq, sociétaire de la Comédie-Française[61], ou encore la québécoise, Evelyne Brochu[62] ….) qui évoluent dans le Paris de la Belle Epoque avec la mode des moustaches, des chapeaux haut-de-forme, des corsets serrés … Quelles prestations capillaire avez-vous réalisées ?
« J’ai participé à la première et à la deuxième saisons. Je me suis personnellement le plus souvent occupé des coiffures féminines. Ce sont essentiellement des chignons dans le même esprit que la coiffure à la goulue (petit chignon rond). J’apprécie particulièrement de passer d’un projet à l’autre et surtout d’un siècle à l’autre. Et je me réjouis de travailler sur la troisième saison dont le tournage débutera au mois de mai ».
Avez-vous visité au Musée des Arts décoratifs de Paris l’exposition « Des cheveux et des poils » qui fut présentée entre le 5 avril et 23 septembre 2023 ? Y figuraient des œuvres du XVᶱ siècle à nos jours avec des réalisations conçues par de grands créateurs contemporains à l’instar du britannique Alexander MCQueen (1969 2010) ; de Josephus Thimister (1962 2019), du Belge Martin Margiela (né en 1957).
« Oh oui bien sûr, il y avait d’ailleurs bien longtemps que je n’avais pas vu une aussi belle et riche exposition ; elle est totalement inédite de par son ampleur. Pour un coiffeur, c’est vraiment un régal. C’était très émouvant de découvrir toutes ces œuvres dont certaines étaient très anciennes. J’ai eu le plaisir de découvrir des artistes capillaires que je ne connaissais absolument pas. Je l’ai d’ailleurs visitée deux fois. Et Pascal Ferrero (notre chef coiffeur) a participé à l’exposition avec une vidéo démonstrative où il a recréé des coiffures des années 1775 à 1830. Cette exposition vraiment remarquable demeure un excellent souvenir et je l’ai encore en mémoire. Et j’étais amusé de constater que les visiteurs qui n’étaient pas du métier étaient néanmoins tout aussi passionnés que moi ».
Y a t-il un type de coiffure particulier que vous souhaiteriez un jour réaliser ?
« Un coiffeur passionné ne s’arrête jamais et conserve toujours le désir de faire des choses différentes. Je n’ai ainsi encore jamais réalisé de coiffures de l’époque égyptienne ni de coiffures issues de la période de la Renaissance. Ce sont deux époques que je souhaiterais ardemment découvrir… ».
Le métier artistique que vous exercez n’est pas officiellement reconnu dans le 7ème art, et n’a ainsi pas la place qu’il mériter. Dans un communiqué rendu public en février 2024, l’Association des maquilleurs et maquilleuses de cinéma (AMC) demandait qu’un César soit dédié à la profession incluant les coiffeurs. Une pétition fut lancée en ligne laquelle reçut le soutien entre autres d’Isabelle Adjani, d’Isabelle Huppert, Sandrine Kiberlain, Alain Chabat, Roschdy Zen, Romain Duris, Omar Sy, etc[63] …Hollywood remet un Oscar pour les maquillages depuis 1982 et cette distinction y inclut la coiffure depuis 2012[64] (il fut décerné en 2024, à Nadia Stacey, pour « Pauvres créatures » de Yórgos Lánthimos) ; en Grande-Bretagne, le British Academy film Award récompense le meilleur maquillage et coiffure depuis 1983.
Au Québec, le prix Iris de la meilleure coiffure est attribué depuis 2005 (son lauréat en 2023 fut Richard Hansen, pour « Le cordonnier », de François Bouvier). L’Académie des César doit voter à l’unanimité de ses membres pour créer un nouveau prix, une unanimité qui semble difficile à obtenir ! Quel est votre avis sur cette question ?
« Je considère qu’il est essentiel que ce métier soit pleinement reconnu par un prix spécifique, cela fait déjà plusieurs années que cette question est soulevée. Je suis certain qu’avec la mobilisation qu’il y a eu cette année pour les César que cela va se concrétiser en 2025, c’est d’ailleurs absolument nécessaire. Sans notre travail, les films, les séries télévisées ne pourraient pas exister. Il y avait également un autre aspect sur lequel nous souhaitions être entendus. En 2023 le tournage de « Marie-Antoinette » fut perturbé par un mouvement de grève des maquilleurs, des coiffeurs et divers techniciens de l’audiovisuel qui demandaient une revalorisation salariale après des années sans hausse, soit depuis 2007 (lors d’une journée normale de travail de huit heures, un coiffeur perçoit 220 euros). On réclamait une augmentation de 20% pour tous, et nous avons obtenus 7%. Mais les débrayages furent nombreux sur diverses productions[65], c’est la preuve que sans les maquilleurs et coiffeurs, et autres techniciens on ne peut pas tourner. Nous sommes appelés « les métiers de l’ombre », mais c’est nous qui donnons la lumière aux artistes ».
Suivez-vous les nouveaux styles, modes capillaires qui émergent lors des défilés des Fashions Weeks de Londres, New York, Paris ….Ainsi lors de la Fashion Week automne-Hiver 2023-2024 à Milan, les tendances étaient les suivantes : bubble braid, pince crabe, béret sur cheveux ondulés, coiffure avec foulard, couettes, nœud capillaire, carré court avec bob.
« Pour être sincère, je faisais ça lorsque j’avais mon propre salon de coiffure, j’étais toujours à l’affût de nouvelles tendances à ce moment-là. La mode, elle est dans la rue ; je me souviens dans les années 80 et 90 lorsque je me baladais à Londres, je découvrais tous les styles capillaires en vogue. Aujourd’hui, je me suis un peu éloigné de cet univers parce que j’évolue principalement dans la coiffure historique. Mais à Paris, j’observe toujours avec beaucoup d’acuité la façon dont les gens sont coiffés. C’est une puissante source d’inspiration. Récemment, j’étais avec un comédien dans le métro et nous avons remarqué le chignon très original d’une jeune femme qui attira notre attention. Un coiffeur est toujours très observateur et attentif, c’est une qualité je pense. Je suis maniaque des poils si tu observes bien tu peux reproduire ce que tu as vu ».
Et Vincenzo Ferrante n’a de cesse de manier les ciseaux, à partir du 27 mai, il renforcera ponctuellement l’équipe de coiffeurs sur le tournage de « Dracula », le nouveau long métrage de Luc Besson ; le 26 juillet, il épaulera l’équipe de coiffeurs pour la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques à Paris.
Notes
[1] Située dans le premier arrondissement de Paris, au cœur du Palais Royal.
[2] Ce théâtre est né de la fusion de deux troupes parisiennes autrefois rivales, la troupe de l’hôtel de Guénégaud (qui fut dirigée par Molière) et celle de l’hôtel de Bourgogne. Si Molière n’a jamais foulé les planches de ce théâtre puisque décédé sept années auparavant ; il demeure l’auteur le plus joué de l’institution. Chaque 15 janvier (jour de naissance de Molière) la Comédie-Française célèbre l’anniversaire de celui qui est surnommé le « Patron ».
[3] Ce répertoire n’est pas figé et s’enrichit chaque année de nouvelles œuvres qui sont proposées par l’Administrateur général et qui doivent faire l’objet d’une approbation du comité de lecture.
[4] Seul théâtre national en France disposant d’une troupe permanente. Autre spécificité, les acteurs de la Troupe perçoivent un intéressement sur les recettes des spectacles.
[5] Un comédien (ne) qui entre dans la Troupe est toujours engagé (e) par l’Administrateur général sous le statut de pensionnaire. On devient sociétaire sur proposition du comité d’Administration et vote de l’Assemblée générale des sociétaires. En 2022, la Troupe comptait 22 pensionnaires, 38 sociétaires et 21 sociétaires honoraires.
[6] 879 places.
[7] Rattaché à la Comédie-Française depuis 1993, il dispose de 300 places.
[8] Ouvert en 1996 dans le Carrousel du Louvre, il compte 136 places.
[9] Né en 1969, il est comédien et metteur en scène ; il est entré à la Comédie-Française en tant que pensionnaire en 1993 et devient sociétaire en 1998. Eric Ruf est à la tête de la Maison de Molière depuis 2014 ; son troisième mandat s’achève en 2025.
[10] Précision apportée par Vincenzo Ferrante.
[11] Il avait également créé une ligne de perruques pour les défilés de mode et pour tous ceux qui avaient des problèmes de santé.
[12] www.lastampa.it/turino/2022/08/31.
[13] Lequel se définissait comme « juif, homosexuel et marxiste ».
[14] Pièce qui est entrée dans le répertoire de la Comédie-Française lors de sa mise en scène par Arnaud Desplechin.
[15] Situé au 7ème étage, il porte le nom de la grande tragédienne de la Comédie-Française, Elisabeth Rachel-Félix, surnommée Rachel (1821-1858).
[16] Rapport d’activité de la Comédie-Française, www.comedie-francaise.fr, 14 juillet 2023.
[17] La Comédie-Française est le seul théâtre en France à pratiquer systématiquement l’alternance, Muriel Mayette, Jerôme Lamy, « Le Français, ce paquebot », Journal de l’Ecole de Paris du management, n°84, 2010.
[18] Une formation dispensée par les ateliers crepusinstagram, mars 2024.
[19] Environ, 0.8 cm par mois contre 1.2 cm pour les cheveux européens et jusqu’à 1.5 cm pour les cheveux asiatiques, https://thrags.com, comprendre le cheveu crépu.
[20] Ils sont implantés à environ 4 millimètre sous la peau tandis que les cheveux européens prennent racines à 6-7 millimètres sous la peau,
[21] Mise en scène par Lilo Baur.
[22] Elle est sociétaire de la Comédie-Française depuis 2021.
[23] Elle remporta plusieurs fois le Molière de la meilleure comédienne.
[24] Elle a tourné entre autres pour Christophe Honoré, Claude Chabrol, Claude Sautet, Patrice Chéreau et décrocha le César de la Meilleure Actrice pour un second rôle dans « Indochine » de Régis Wargnier, « La reine Margot » de Patrice Chéreau ; « Ceux qui m’aiment prendront le train » de Patrice Chéreau et le César de la Meilleure actrice dans « Stand-by » de Rock Stéphanik.
[25] Dominique Blanc remporta le Molière de la comédienne pour un second rôle pour cette pièce.
[26] Né en 1928, Jacques Sereys est entré à la Comédie-Française en 1955. Il quitte « le Français » dix ans plus tard et y revient en 1977 jusqu’en 1997 où il quitta à nouveau l’institution. Mais devenu sociétaire honoraire, il put y revenir à loisirs, ce qu’il fit jusqu’en 2014. Il obtint le Molière du meilleur acteur pour sa prestation dans « Du côté de chez Proust » dans une mise en scène de Jacques Tardieu en 2006.
[27] Elle a créé sa société « Tiré par les cheveux » en 2008 à Noisy le sec (93).
[28] Afin entre autres de déterminer le tour de tête, la profondeur …
[29] Mise en scène de Valérie Lesort et Christian Hecq (création en juin 2021).
[30] Pensionnaire depuis 2013, il est devenu sociétaire en 2020.
[31] Rôle qu’il tient en alternance avec Guillaume Gallienne.
[32] Terme qui remonte au début du XXᶱ siècle, c’était la répétition qui était destinée aux couturières qui venaient pour effectuer les dernières retouches sur les toilettes, Agathe Sanjuan, www.radiofrance.fr, 9 février 2024.
[33] Les usages varient d’un théâtre à l’autre.
[34] En général, le public ignore qu’il s’agit de la première représentation publique, Agathe Sanjuan, op. cit.
[35] Mise en scène par André Enge (né en 1946) en 2003.
[36] Mise en scène par Lars Norén (1944-2021) en 2018.
[37] A noter que les pièces jouées dans les deux autres théâtres ne font pas l’objet d’inscription dans le répertoire et c’est sur ces deux plateaux que se produisent le plus de pièces contemporaines.
[38] La pièce écossaise, comme elle est souvent dénommée, est entrée au répertoire de la Comédie-Française en 1985 dans une mise en scène de Jean-Pierre Vincent.
[39] Il a été pensionnaire à la Comédie-Française de 1985 à 1987.
[40] Du 5 janvier au 25 juin 2022.
[41] Garry Marshall, le réalisateur.
[42] Blake Edwards, 1961.
[43] Palme d’Or 1963.
[44] Signés Piero Tosi qui a également travaillé sur « Bellissima » ; « Rocco et ses frères » ; « Le Crépuscule de Dieux », « Senso » de Visconti.
[45] Nino Rota à également composé, entre autres, la musique de La Dolce Vita de Fellini ; « Le Parrain » de Coppola.
[46] Dont « Les trois mousquetaires : Milady » de Martin Bourboulon ; film qui fut tourné durant l’été 2023 dans les alentours de Montpellier avec dans les rôles principaux : Eva Green, Vincent Cassel, Romain Duris….
[47] Sorti en salle en France, le 14 février 2024.
[48] Il avait réalisé auparavant un téléfilm « Les yeux fermés » en 2000.
[49] Il s’agit de la dernière pièce écrite par Molière.
[50] Il y a entre 25 et 30 plans séquences mais je défends quiconque de voir les coutures indique Olivier Py.
[51] C’est-à-dire le Théâtre du Palais-royal.
[52] La minisérie fut écrite par Kirk Ellis et réalisée par Timothy van Patten (réalisateur de plusieurs épisodes de « Games of the trône » ; de Black miror …) avec la participation entre autres de Ludivine Sagnier (Anne Louise Brillon de Jouy), Thibault de Montalembert (le conte de Vergennes), le Québécois, Théodore Pellerin (le marquis de Lafayette) ; Jeanne Balibar (Anne Catherine de Ligniville Helvétius).
[53] Elle est décédée en septembre 2023.
[54] Il est pensionnaire de la Comédie-Française depuis 2012.
[55] Lorsqu’un comédien ou une comédienne de la Comédie-Française souhaite travailler à l’extérieur, il leur faut obtenir l’aval de l’administrateur.
[56] Décembre 2023-avril 2024.
[57] Comme Pierre Miney (pensionnaire entre 2010 et 2015) ; Grégory Gadebois (pensionnaire de 2006 à 2012) ou encore Judith Chemla (pensionnaire entre 2007 et 2009).
[58] A l’instar de Guillaume Gallienne (sociétaire) ou de Denis Podalydès (sociétaire).
[59] Les variantes ou déclinaison étaient infinies. Les coiffures parvinrent à un tel degré de hauteur par l’échafaudage de gazes, de fleurs et de plumes que les femmes ne trouvaient plus de voiture assez élevée pour s’y placer, https ://plumes-dhistoire.fr, 9 septembre 2015.
[60] 1755-1842.
[61] Sociétaire depuis 2013, il a obtenu le Molière du comédien pour son interprétation de Bouzin Camille dans « Un fil à la patte » de Georges Feydeau dans une mise en scène de Jérôme Deschamps.
[62] Elle a tourné entre autres avec Denis Villeneuve (« Polytechnique ») Jean-Marc Vallée (« Café de Flore »), Xavier Dolan (« Tom à la ferme »), Monia Chokri « (La femme de mon frère »), Sophie Desrape ….
[63] La pétition compte plus de 5000 signatures.
[64] Ted Gibson, styliste renommé, avait préconisé depuis plusieurs années que les coiffures et leurs créateurs soient primés par l’Académie des arts et des sciences du cinéma et reçoivent ainsi un Oscar.
[65] Au début du mouvement en novembre 2023, selon le syndicat des professionnels des industries de l’audiovisuel et du cinéma- CGT, une soixantaine d’équipes de tournage et de post production avaient voté des débrayages ou des grèves, www. Francetinfo.fr, 17 novembre 2023.