L’équipe de LaMetropole.com est fière d’annoncer le Prix d’excellence de la poésie 2024 sous la présidence d’honneur de Gaston Bellemare, co-fondateur des Écrits des Forges et du Festival international de la poésie de Trois-Rivières. Ce prix de la poésie québécoise, accompagné d’une bourse de 600$ et un certificat honorifique, vise a reconnaître nos auteurs et autrices du Québec.
Le prix d’excellence de la poésie 2024 sera décerné le vendredi 6 septembre dès 18 h au Bistro Le Ste-Catherine, 4264 rue Sainte-Catherine Est. Un comité de lecture formé de Ricardo Langlois, journaliste et poète et Christophe Condello, poète et éditeur ont sélectionné six nominés (de différentes générations et de style). Des invités spéciaux et un DJ (Dali Girard, producteur).
Michel x Côté, Un poète chez les éleveurs de pickups. Quartz.
« Le vent m’aura rendu à la blancheur de mes os. Tout un chacun s’attend à ce qu’on finisse par en aller. Loin ou pas loin, ça compte pas, juste vider la place fait l’affaire. Le langage n’a rien à voir avec ce qui est dit, plutôt avec ce qui est tu. À chaque seconde, nous entrons dans l’éternité. » (p. 9)
On dit souvent que la poésie ne sert à rien. Surtout pour ceux qui parlent fort dans leur cellulaire. Arrêtons-nous à cette liberté, à l’émerveillement du simple quotidien. La poésie de l’auteur permet de me recentrer, sans concession aux usages sociaux.
Jean-Paul Daoust, Les miroirs de l’ombre, Hashtag
Jean-Paul Daoust dit vrai. Par-delà les rires et les provocations, les mises en scène et l’apparente frivolité, il y a chez lui une franchise peu commune jusque dans l’extrême de la douleur (1). Ce livre transcende une enfance difficile. Déjà écrivain dans l’âme, on évoque une sorte de voyage intérieur. Cette souffrance dérive du côté des paradis artificiels :
« Je consomme des paradis artificiels. Des images sur une ligne de cocaïne. Les pilules suffisent à peine. Apprendre à traiter toute drogue avec respect. Malgré l’accoutumance. Certains rêves ne mentent pas. » (p. 30). « Aucune censure. On efface rien d’une vie pathétique. D’un bateau ivre à la dérive. Espérer un rivage. Ne jamais (surtout) tourner en rond dans sa culpabilité. » (p. 40). « Tu évoqueras l’irréparable (nommé le VIH). Il n’y a qu’une page blanche qui ironiquement devient une manière d’affronter la douleur de vivre. Une thérapie. Un abandon. Les codes de survie. Il dévoile tout. Il fut prisonnier d’une toile de pédophiles. » (p. 60)
Sylvain Campeau : Présences, faims, Pierre Tucotte Éditeur.
On traverse l’espace. Le ciel comme un théâtre. Une poésie qui s’enfonce avec une sorte d’innocence. Vers quelque chose d’inexprimable. Un contact avec la sainte réalité. Une cosmologie de l’intériorité jusqu’à la stupeur de vivre.
« La lumière est en plomb
Dans le ciel
Passent des ombres chinoises
Lézardes au-dessus
Un sillage dans l’eau déplore
Ma présence
Des rochers verdâtres glissent
Danseurs renversés
Lacs, fleuves, mers et océans
Les vrais continents du monde
Certains soumis à la fellation des astres » (p. 29 )
Daniel Leblanc-Poirier, Labyrinthe tonkinois, Les mains libres.
La poésie est liée à la gravité de nos vies. Comment vivre avec nos brèches intérieures? Les images se bousculent à chaque, poème qui se lit comme un roman d’apprentissage. Il faut prendre le temps d’explorer la cosmologie du poète. Les amants sont seuls au monde. L’homme, la femme, le désir. Le Feu amoureux qui fait un ancrage précis. Presque flâneur baudelairien ou à mi-chemin sur la légèreté quasi mystique et temporel de Kurt Cobain. Je dis à l’auteur, c’est un beau compliment que je fais à ta poésie.
Marco Geoffroy, Pièces a convictions, Écrits des Forges
Longtemps dans mon écriture, j’ai toujours voulu garder ma vie d’adolescent. La rébellion, la musique rock, Rimbaud, Jim Morrison. C’est mon trésor à moi. Je suis resté dans l’étroit du tragique. Comme René Char, c’est le problème de l’individu et son univers. Moi et Marco Geoffroy, même combat.
« Faites de nous des adolescents
En manque de tout
Nos réservoirs débordant de promesses
Nos habits d’écoliers se soûlent
Avec le passé
Nous ne sommes que des enfants
Avec plein d’avenir de plus dans les poches » (p. 26 )
France Boucher, Nef de Pierre, Écrits des forges
L’Homme est le fruit de millénaires de déterminisme et de conceptions dominatrices du monde. Il faut donc, beaucoup d’amour, de compréhension et d’écoute. Je ne fais pas partie de ces hommes prédateurs parce que je ne comprends pas ça. Heureusement, l’autrice poétise et espère un changement.
« Architecture de la patience
Revêtons-nous d’un feu dièse
Flamme violette ou prune
Écharpe abreuvant le jour
De paroles lucides
Porteuses
Ne cessons pas de créer
De lignes de force
De réinventer le cercle
Marqueurs de changement » (p. 33)