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La guerre Israël-Hamas. À quand une humanité bienveillante? (Partie I) / The Israel-Hamas War. When will merciful humanity come back? (Part I)

La destruction de Gaza La destruction de Gaza
La destruction de Gaza

La première partie de cette série de deux articles traite des conséquences désastreuses des représailles israéliennes contre la population civile palestinienne à Gaza et en Cisjordanie. La deuxième partie portera sur les choix stratégiques et lucides qu’Israël doit faire pour instaurer le calme et la paix dans les territoires occupés et la région. 

Un bilan effroyable

Les morts

La guerre à Gaza en est à son onzième mois. L’armée israélienne, continuant à commettre des atrocités, y a anéanti près de 41 500 personnes (1,7 % de la population de Gaza), dont les deux tiers sont des femmes et des enfants. Des universitaires estiment que le nombre de décès indirects attribués à divers facteurs – maladies transmissibles, malnutrition sévère, absence de soins appropriés et destruction d’installations médicales, dégradation de l’environnement – atteindra bientôt 186 0001.

Du reste, le nombre actuel de morts ne tient pas compte d’une dizaine de milliers de cadavres ensevelis sous des montagnes de décombres2, ni des plus de 94 000 blessés et mutilés, pas plus que près de 700 morts en Cisjordanie, un nombre sans précédent. Massacre d’enfants, de femmes, d’employés médicaux, de travailleurs humanitaires, de bénévoles, de journalistes ainsi que d’autres civils innocents pourtant protégés en temps de guerre en vertu du Protocole I des Conventions de Genève du 12 août 19493 – autant d’êtres humains qui devraient toujours être vivants aujourd’hui.

Quel est le but de ce carnage ? Une réaction de vengeance à l’abominable attaque du Hamas du 7 octobre ? Les statistiques sur les morts continuent d’augmenter quotidiennement comme si c’était la normale, avec les bombardements incessants des écoles, des hôpitaux, des abris de réfugiés et de zones présumées sûres où les habitants de Gaza sont invités à se réfugier. Cela n’empêche pas Israël de frapper ces zones en faisant fi des déplacés et des êtres humains qui s’y trouvent, même s’il ne faut éliminer qu’un nombre minime de combattants présumés. Il faut croire qu’Israël est prête à assumer des dommages collatéraux quelque en soit l’ampleur, n’étant motivée que par la volonté de parvenir à une « victoire totale ».

Destruction des logements

Le bombardement israélien a été si cruel et impitoyable que la destruction de l’enclave de Gaza est presque totale, comme en témoigne l’aberrant volume de débris qui la constitue désormais. Depuis le début de la guerre, Israël aurait largué dans des zones densément peuplées plus de 65 000 tonnes d’explosifs, l’équivalent de plus de trois bombes atomiques. D’autres estimations suggèrent qu’Israël a jusqu’à présent largué plus de bombes sur Gaza que les alliés l’ont fait sur l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. En ce qui a trait au nombre de missiles et de bombes, plus de 45 000 ont été lancées sur Gaza, dont les deux tiers sont des bombes non guidées atteignant plus de 900 kilogrammes.

Ce bombardement intense aura détruit plus des deux tiers des maisons de Gaza, mais aussi des quartiers entiers. Cette démolition de logements a laissé plus d’un million de Gazaouis sans abri. Où vivront ces gens ? Pourront-ils même survivre ?

Destruction des infrastructures civiles

Les bombardements intenses ont également décimé les infrastructures civiles : réseaux routiers et de transport, réseaux électriques, canalisation, égouts, infligeant à la population des pannes d’électricité quasi constantes, la condamnant à la soif et à l’insalubrité, puisque les déchets et les excréments humains s’écoulent dans les rues. Israël force les habitants de Gaza à vivre comme des « animaux humains ». C’est en effet, ce qu’avait promis Gallant, le ministre israélien de la Défense, dans ses commentaires au début de la guerre.

Déplacement interne Israël a forcé 90 % des 2,3 millions d’habitants de Gaza à quitter leurs maisons. Ces fugitifs s’entassent dans des zones de plus en plus restreintes, dans des tentes surpeuplées, ou encore en plein air, privés de toute infrastructure sanitaire. Une analyse récente des ordres d’évacuation d’Israël vers la seule zone humanitaire désignée de l’enclave révèle que non seulement ladite zone est surpeuplée et pauvre en installations médicales et diverses, mais qu’elle a diminué de plus d’un cinquième, passant de 17 pour cent de la superficie de la bande à 13 pour cent4.

Abolition des infrastructures de santé

Israël a délibérément attaqué et détruit une grande partie des infrastructures de santé, laissant les blessés à vif, et permettant aux maladies infectieuses de se propager – hépatite, dysenterie, polio, pour ne nommer que celles-là. Vingt et un des trente-six hôpitaux de Gaza (soit 60 %) ont été complètement détruits, le reste n’étant plus que partiellement opérationnel.

À l’heure actuelle, 93 000 blessés et malades de guerre ont besoin de soins d’urgence, notamment des femmes enceintes et des enfants qui souffrent de fractures, de blessures ouvertes, de lacérations, de graves lésions corporelles, de multiples brûlures, de démembrements, de cécité.  On estime qu’il faudra des décennies pour restaurer l’infrastructure de santé de Gaza et remplacer le personnel médical compétent et expérimenté tué lors de l’assaut israélien.

Destruction des infrastructures économiques, éducatives et gouvernementales

Israël a également décimé des quartiers d’affaires, des usines et d’autres sources d’activité économique, entraînant un chômage élevé et une pauvreté écrasante. Quatre-vingt-huit pour cent des écoles et douze universités ont été gravement endommagées, compromettant ainsi l’accès à l’éducation à la plupart des enfants et des jeunes. Les centres culturels et d’apprentissage, les bibliothèques et les mosquées ont également été détruits, tout comme les institutions gouvernementales. Résultat : les Gazaouis n’ont plus aucun moyen de subsistance et aucun avenir vers lequel se tourner. Plus aucune vie.

La privation de nourriture comme arme de guerre

L’armée israélienne et les militants de droite continuent de priver délibérément les Gazaouis de nourriture, d’eau, de matériel médical et de carburant en bloquant ou en empêchant leur livraison à Gaza, en tuant les travailleurs ou bénévoles de la chaîne alimentaire (comme les humanitaires de World Central Kitchen) ou en détruisant les provisions destinées à sauver les Gazaouis, dès lors affamés. Israël a également détruit des terres agricoles, des vergers, des serres, du bétail, de la nourriture pour animaux et une grande partie de l’industrie de la pêche de Gaza. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) et des organisations humanitaires, plus de 500 000 habitants de Gaza font chaque jour face à la famine, et 50 000 enfants font les frais des conséquences souvent irréversibles d’une malnutrition aiguë. Ces instances ont conclu qu’Israël utilise la famine et la maladie comme arme de guerre contre l’ensemble de la population civile de Gaza. Dans un récent communiqué de presse, le HCDH a déclaré ce qui suit : « Il est sans précédent qu’une population civile entière souffre aussi complètement et aussi rapidement de la faim. Israël détruit le système alimentaire de Gaza et utilise la nourriture comme une arme contre le peuple palestinien. »5

Le procureur de la Cour pénale internationale, Karim Khan, est également parvenu à la même conclusion, accusant le Premier ministre israélien Netanyahu et le ministre de la Défense, Gallant, d’affamer intentionnellement des civils et de tuer délibérément des civils, provoquant « la malnutrition, la déshydratation, de profondes souffrances et un nombre croissant de décès parmi la population palestinienne… »6.  Karim Khan a également soutenu qu’Israël avait « délibérément et systématiquement privé la population civile de choses indispensables à la survie humaine et ce partout dans Gaza », notamment en entravant l’approvisionnement en secours prévu par les Conventions de Genève.

Conséquences sur la santé et le développement des enfants

Les enfants de Gaza sont les victimes des conséquences les plus épouvantables de ce conflit. Les plus chanceux sont morts, ainsi épargnés de profondes souffrances. Les malchanceux continuent de vivre sous des bombardements terrifiants quasi constants, subissant de graves brûlures et autant de blessures potentiellement mortelles qui nécessitent souvent une amputation sans anesthésie. Enfants témoins de la mort, du démembrement, de la mutilation et pertes d’êtres chers, obligés à des déplacements récurrents, accablés par la soif, la faim, un stress intense induit par l’absence d’abri et la chaleur estivale, cernés de carnages et de décombres, privés d’hygiène, de soins médicaux, psychologiques et physiques, réclamant en vain un répit, privés du sentiment de sécurité et de stabilité.

Survivre à ces horribles conditions a des effets pernicieux à long terme sur le bien-être émotif et psychologique des enfants. Save the Children, organisation mondiale se consacrant à leurs besoins, les protégeant contre les dangers et garantissant leurs droits, énumère ces effets sur leur santé mentale : anxiété, solitude et insécurité ; prostration et torpeur ; comportement agressif ; symptômes psychosomatiques (douleurs, difficultés respiratoires, perte temporaire de mobilité, bégaiement, amnésie, etc.) ; automutilation en cas de désespoir8.

Ainsi, les enfants de Gaza, comme tous les enfants des guerres et des conflits violents, sont condamnés à vivre dans la peur chronique, l’anxiété, l’insécurité, la dépossession, la détresse, la dépression, le repli sur soi, les émotions négatives, l’introversion, l’isolement et, pour un trop grand nombre d’entre eux, dans une situation de confinement permanent. Ces jeunes êtres ont perdu leur enfance et sont condamnés à une existence angoissante.

Impacts sur l’environnement

L’environnement à Gaza subit depuis longtemps les impacts négatifs d’une croissance démographique rapide, d’une planification urbaine désordonnée, d’une pollution humaine accrue, de guerres répétées et de restrictions liées au blocus sur l’importation de matériel pour contrer les effets de la pollution et de la contamination.

Aujourd’hui, la destruction des infrastructures d’assainissement des eaux usées et de gestion des déchets solides est quasi totale. La réalité se traduit par l’accumulation de déchets pourris infectés, la contamination de l’air, des terres (en particulier des sols agricoles) et des ressources en eau par des munitions et engins non explosés contenant des métaux lourds très toxiques et des produits chimiques explosifs. Cela est sans mentionner environ 39 millions de tonnes de débris, dont certains souillés d’amiante et d’autres matières dangereuses, ainsi que la détérioration des corps ensevelis sous les décombres. Devant ce désastre, le Programme des Nations Unies pour l’environnement a conclu que l’environnement à Gaza a été sérieusement dégradé9, atteignant des niveaux de crise insalubre. Étant donné qu’une grande partie de ces matières dangereuses restent longtemps dans le sol, les sources d’eau, l’eau de mer, les sédiments marins et dans les débris des bâtiments effondrés, une toxicité directe et immédiate pour l’environnement et des effets négatifs sur la santé humaine se font bien évidemment sentir.

Destruction du patrimoine culturel

Le patrimoine culturel est important dans chaque société. Il relie le présent au passé, gardant le souvenir des accomplissements et de l’ingéniosité humaine au fil du temps. Il représente des symboles d’identité collective et de continuité de l’existence. Ce patrimoine se trouve au sein de la littérature, des manuscrits, des œuvres d’art, des artefacts, des mosaïques, de l’architecture, des monuments, musées, bibliothèques et bâtiments, y compris les églises et les mosquées. Cet héritage culturel, une fois détruit, est irremplaçable.

Les bombardements incessants des israéliens sur Gaza ont détruit plus de 200 sites archéologiques et bâtiments d’importance culturelle et historique. La Grande Mosquée Omari de la ville de Gaza, datant du VIIe siècle, dotée d’un minaret datant de mille quatre cents ans, ainsi que l’église orthodoxe Saint-Porphyre, vieille de 1 600 ans, considérée comme la troisième plus ancienne église dans le monde, ont été gravement endommagés.  Le site archéologique de Blakhiyya de l’ancienne ville d’Anthédon (port maritime de l’enclave dès 800 av. à 1100 après J.-C.,) présentant une construction byzantine au sommet de ruines romaines, en cours de fouille avant 2007, a été enfouie de nouveau pour la protéger. Ce site a été complètement détruit par des bombardements directs.

La principale bibliothèque publique de la ville de Gaza, contenant des milliers de livres, ainsi que les Archives centrales, abritant autant de précieux documents nationaux et les archives municipales, dont beaucoup datent de plus d’un siècle, ont été démolies par les bombardements israéliens et pillées par les soldats. De nombreuses autres bibliothèques, maisons d’édition, centres d’art et de culture, théâtres, galeries et musées ont également été anéantis. Il faut ajouter à cela le meurtre de nombreux artistes, musiciens, poètes, écrivains et universitaires, dont beaucoup sont éminents.

Le démantèlement systématique du tissu culturel de Gaza entraîne l’effacement de l’identité et de la présence historique des Gazaouis sur la Terre, et conduit à ce que certains spécialistes ont qualifié de « dépouillement culturel » et de « génocide culturel ». Le dossier de l’Afrique du Sud contre Israël pour crime de génocide devant la Cour internationale de Justice inclut la destruction de nombreux sites cités ci-dessus.

La torture

Des Palestiniens ont également été arbitrairement détenus et ont subi des traitements cruels, inhumains et dégradants, ainsi que diverses formes de violence sexuelle. Un récent rapport de B’Tselem, le Centre d’information israélien sur les droits de l’homme dans les territoires occupés, intitulé Bienvenue en enfer, détaille les traitements atroces infligés aux Palestiniens incarcérés dans les prisons israéliennes depuis le 7 octobre 2023, pour la plupart sans inculpation ni procès. Ces prisonniers sont notamment soumis à des violences physiques, sexuelles et psychologiques incessantes, à des passages à tabac et à des tortures sévères, à l’absence et au refus de soins médicaux, à la famine, à la privation en eau, en sommeil, à une humiliation et à une dégradation extrêmes, au manque d’hygiène, à des viols au moyen d’un objet étranger, à la mort. Pas moins de 60 prisonniers palestiniens sont décédés alors qu’ils étaient détenus par les Israéliens.

Le rapport, étayé par les témoignages de 55 Palestiniens, dont 30 de Cisjordanie et de Jérusalem-Est, 21 de la bande de Gaza et quatre citoyens israéliens, souligne clairement une « politique institutionnelle systémique axée sur les abus et la torture continus de tous les prisonniers palestiniens détenus par Israël »12.

Environ 9 650 Palestiniens sont détenus dans les prisons israéliennes, soit près du double depuis le 7 octobre 2023. Environ 4 780 d’entre eux sont gardés en « détention administrative » sans inculpation ni procès, et sans aucun moyen de se défendre. Outre les personnes incarcérées avant le 7 octobre, de nombreuses personnes ont été arrêtées lors de l’incursion militaire à Gaza en tant que suspects ou simplement parce qu’elles étaient « en âge de combattre ». D’autres viennent des territoires occupés ou sont des résidents d’Israël ayant exprimé leur sympathie pour la « souffrance des Palestiniens » ou encore leur soutien à la lutte menée par les différents groupes armés palestiniens.

Impacts sur la Cisjordanie

Avec la poursuite de la guerre à Gaza, l’attention prêtée aux atrocités commises en Cisjordanie par l’armée israélienne et les colons illégaux (également appelée la « guerre silencieuse »), a été contrecarrée. Volker Turk, le plus haut responsable des droits de l’homme des Nations Unies, a dénoncé la détérioration continue de la situation des Palestiniens en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est, avec environ 700 Palestiniens, dont plus de 135 enfants, tués, « ce qui dans de nombreux cas soulève de sérieuses préoccupations concernant les homicides illégaux ». Turk a parlé « d’effusion de sang sans précédent », de prises d’assaut quotidiennes de villes et de villages (notamment Naplouse, Ramallah, Bethléem, Salfit, Tubas, Jéricho et Jérusalem-Est), causant l’arrestation, les blessures et la mort de Palestiniens.

Une enquête récente de la Commission d’enquête internationale indépendante sur le territoire palestinien occupé a révélé les nombreux abus commis en toute impunité par les forces d’occupation israéliennes et les colons13.

L’expansion constante et accélérée des colonies illégales et les raids des colons israéliens contre les villages et les maisons palestiniennes en Cisjordanie, en particulier depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre, sont également invasifs et meurtriers. Sous le couvert de la guerre à Gaza, le gouvernement israélien a multiplié les autorisations d’expansion des colonies (interdite par le droit international). Du coup, la violence des extrémistes contre les Palestiniens s’est intensifiée ; ils battent et tuent, saisissent les terres, les vergers et les maisons des Palestiniens, multiplient la construction d’avant-postes juifs. Au cours des 10 derniers mois, les Nations Unies ont recensé environ 1 300 attaques contre des Palestiniens14, et B’tselem a déclaré que le harcèlement des colons israéliens avait contraint les Palestiniens à quitter au moins 18 villages15.  Non seulement ces actions exacerbent une situation déjà tendue et instable, mais elles augmentant la haine et le désir de vengeance, rendant extrêmement difficile le règlement du conflit israélo-palestinien. En fait, le chef du Shin Bet, le service de renseignement intérieur israélien, a récemment fait savoir que des extrémistes juifs se livraient à des actes de terreur contre les Palestiniens, causant des dégâts indescriptibles et mettant Israël « au bord du désastre »16.

Conclusion

En poursuivant sa guerre de représailles à Gaza, Israël conduit une politique d’attaque généralisée, soutenue et systématique contre la population civile. Dès les premières étapes de la guerre, des déclarations sous-tendant cette politique ont été proférées par le porte-parole des Forces de défense israéliennes (Hagari). Il a déclaré que Tsahal est « concentré sur ce qui cause le maximum de dégâts » et non sur le ciblage précis. D’autres hommes politiques du gouvernement israélien actuel (Smotrich), Ben Gvir, Tal) ont, quant à eux, souligné la nécessité de faire payer un lourd tribut aux Gazaouis, notamment en « causant l’effondrement du système étatique à Gaza », en « poursuivant la famine de la population pour permettre la propagation des maladies » et en « préconisant une immigration massive des Palestiniens hors de la bande Gaza et l’extension des colonies israéliennes dans l’enclave ».

Régulièrement, de nombreux observateurs et commentateurs du conflit israélo-palestinien attirent l’attention sur les méfaits d’Israël, car Israël continue d’ignorer la plupart des propositions visant à résoudre la guerre, tout comme la question palestinienne. Le pays ne tient compte d’aucun appel à la paix, peu importe sa source, et poursuit obstinément ses objectifs : réduire la population palestinienne, renforcer ses contrôles de type apartheid sur tous les aspects de la vie palestinienne, refuser les compromis et assassiner ses opposants.

Faut-il le répéter, comme dans les articles précédents sur ce sujet, qu’un peuple ayant enduré tant de souffrances, de persécutions, d’exécutions et de morts pendant la Seconde Guerre mondiale soit devenu si impitoyable, sans cœur, égoïste et inhumain ? Comment ce peuple rompu à la mort et à la souffrance est-il capable d’infliger la même lente agonie à un autre peuple en quête de justice, de liberté et d’autodétermination ?

Traduction de Julie de Belle et Marie Desjardins

Version anglaise

The Israel-Hamas War. When will merciful humanity come back? (Part I)

Part I of this two-article series discusses the ruinous consequences of the Israeli retaliatory onslaught on the Palestinian civil population in Gaza and the West Bank. Part II will discuss the strategic and perspicacious choices that Israel must make to bring about calm and peace in the Occupied Territories and the region.

The appalling toll thus far 

Death

The war in Gaza grinds on in its eleventh month. The Israeli army continues to visit unrelenting and unspeakable atrocities, death and destruction on Gaza, killing close to 41,500 people (1.7% of the Gazan population), two-thirds of whom are women and children. These are the direct deaths of the onslaught. But the number of indirect deaths, attributed to factors like communicable disease, impact of severe malnutrition, lack of medical care and facilities, and environmental degradation, is estimated by academics to rise to 186,000[1] in the not-so-distant future.

The current number of dead does not account for the scores of unreachable bodies (exceeding 10,000) buried under mountains of rubble of destroyed buildings[2] or the more than 94,000 injured and maimed, many permanently, or the near 700 dead in the West Bank. It does, however, include an unprecedented number of children, women, healthcare personnel, aid workers, volunteers, journalists and other innocent civilians who are protected during times of war under Protocol I of the Geneva Conventions of 12 August 1949[3] and who should still be alive today.

The killing seems wanton and excessive, as if designed to exact an extortionate revenge on the entire Gaza population for the abominable October 7 attack by Hamas. Statistics of the dead have become normalized, expected daily to rise with the unrelenting bombing of schools, hospitals, refugee compounds and presumed safe-zones where Gazans are directed to shelter. Israel repeatedly strikes these areas fully aware of the existence of innocent civilians, causing massacres. It is a vicious calculus that Israel is using as it sees no limit to the sacrifice of Palestinian civilian lives as long as it eliminates one suspected combatant. It has adopted a posture of high tolerance for civilian casualties in its drive to achieve “total victory”.

Destruction of housing

Israel’s bombardment of Gaza has been so savagely merciless that the destruction of the enclave is nearly total, as evident from the unprecedented volume of debris. It is estimated that since the start of the war, Israel has dropped more than 65,000 tons of explosives yielding the fire power of more than three atomic bombs, in densely populated areas. Other estimates suggest that Israel has so far dropped more bombs on Gaza than the allied bombing of Germany during the entire second World War. In terms of the number of missiles and bombs, more than 45,000, two-thirds of which are unguided (dumb bombs) and many weighing more than 900 kilograms (2,000 pounds) have been dropped on Gaza.

This intense bombardment resulted in the leveling of more than two-thirds of Gaza’s homes, including entire neighbourhoods. This demolition of housing has rendered more than one million Gazans indefinitely homeless. Where will these people live? How will they survive?

Destruction of civilian infrastructure

The intense bombing has also decimated the civilian infrastructure consisting of road and transportation networks, electrical grids, water systems, and sewage canalization, causing the population to live in near-constant blackout conditions, in perpetual thirst and lack of hygiene, and with effluent and human excrement flowing in the streets. Israel is forcing Gazan’s to live like “human animals”, as promised by Gallant, the Israeli Defense Minister, in his dehumanizing comments at the start of the war.

Internal displacement

Israel has forcibly displaced 90% of the 2.3 million inhabitants from their homes, in many cases multiple times, compelling them to scurry in fear for their lives and to cram in severely overcrowded and fast-shrinking areas and tent quarters, or to sleep in the open without sanitary provisions, accelerating the spread of preventable diseases. In fact, a recent analysis of Israel’s evacuation orders to the only designated humanitarian zone on the enclave reveals that this zone, not only is extremely overcrowded and lacking in medical and other life-essential facilities, but has shrunk by more than a fifth, from 17 per cent of the strip’s area to 13 per cent[4].

Obliteration of health infrastructure

Israel has deliberately attacked and destroyed much of Gaza’s health infrastructure, leaving the injured to agonize in pain with limited or no treatment and allowing for infectious diseases, like hepatitis, dysentery and polio to propagate. Twenty-one of Gaza’s thirty-six hospitals (or 60%) have been completely destroyed, with the remainder only partially operational. This is at a time when more than 94 000 war-injured as well as sick people are in need of urgent care, including pregnant women and children who suffer from multiple critical injuries, open fractures and wounds, blast injuries, lacerations, severe and extensive body-surface burns, lost limbs and eye sight. It is estimated that it will take decades to restore Gaza’s health care infrastructure and replace the competence and experience of the medical cadres killed in the Israeli assault.

Destruction of economic, educational and governance infrastructure

Israel has also decimated business districts, factories and other sources of economic activity leading to high unemployment and crushing poverty. It has demolished educational institutions with 88% of schools and all twelve universities badly damaged, denying access to education to most children and young people. Cultural and learning centres, libraries and mosques have been obliterated, and government institutions mangled, as though to ensure that, in the process, Gazans have no life, livelihood or future to go back to.

Deprivation of food as a weapon of war

Israel’s military and right-wing militants continue to deliberately deprive Gazans of life-saving food, water, medical materiel and fuel by blocking or impeding its delivery into Gaza, killing food and kitchen aid workers (such as World Central Kitchen members) or purposefully destroying provisions intended to save Gazans, resulting in the starvation of the population. It has also destroyed agricultural lands, orchards, greenhouses, livestock, animal feed and much of Gaza’s fishing fleet. According to the United Nations Office of the High Commissioner of Human Rights (OHCHR) and other humanitarian organizations, more than five hundred thousand Gazans face starvation each day and fifty thousand children require treatment for acute malnutrition and are at risk of starving to death. They have concluded that Israel is using famine and disease as a weapon of war against the entire Gazan civilian population. The OHCHR stated in a recent press release that “it is unprecedented to make an entire civilian population go hungry this completely and quickly. Israel is destroying Gaza’s food system and using food as a weapon against the Palestinian people.”[5]

The Prosecutor of the International Criminal Court, Karim Khan, has also reached the same conclusion, criminally charging the Israeli Prime Minister Netanyahu and Defense Minister Gallant with intentional starvation of civilians as a method of war and willful killing of civilians, causing “malnutrition, dehydration, profound suffering, and an increasing number of deaths among the Palestinian population…”.[6] He also held that Israel has “intentionally and systematically deprived the civilian population in all parts of Gaza of objects indispensable to human survival”[7], including wilfully impeding relief supplies as provided for under the Geneva Conventions.

Impacts on health and development of children

Children in Gaza are the victims bearing the most horrendous impact of this conflagration. The lucky ones are those who died and spared profound suffering. The unlucky ones are those who continue to live under near-constant terrifying bombardment. Who sustain severe burns and life-threatening injuries, often requiring amputation with no anesthetic. Who witness death, dismemberment, mutilation or the mangling of loved ones. Who face recurring displacement, thirst, hunger and malnutrition and severe stress from living without shelter and in the summer heat. Who are surrounded by destruction, carnage and rubble. Who lack hygiene and sanitation, medical, psychological and physical care. Who cry for a respite, a pause, a sense of security and stability, to no avail.

Surviving these horrifying conditions have long-term pernicious impacts on children’s emotional and psychological well-being. Save the Children, a global organization dedicated to serving children’s needs, protecting them from harm and securing their rights, enumerates five impacts on children’s mental health: anxiety, loneliness and insecurity; emotional withdrawal and numbness; aggressive behaviour; psychosomatic symptoms (pain, difficulty breathing, temporary loss of movement in their limbs, stuttering, amnesia, etc.); and turning to self-harm when they reach desperation about their situation.[8]

Consequently, Gazan children, like all children living through wars and violent conflicts, are left to live their lives in chronic fear, anxiety, insecurity, dispossession, distress, depression, withdrawal, negative emotion, introversion, isolation and too many of them in permanent physical and or mental deformation. In short, they are children who have lost their childhood and, for no fault of their own, are condemned to an agonizing existence.

Impacts on the environment

The environment in Gaza has long suffered the negative impacts of rapid population growth, haphazard urban planning, increased human pollution, repeated wars, and blockade-related restrictions on the import of materiel to counter the effects of pollution and contamination.

But now, with the near total destruction of sanitation, waste water, sewage, and solid waste management infrastructure, the accumulation of rotting and disease-laden waste that remains uncollected, the contamination of air, land (especially agricultural soil) and water resources (including aquifers) by munitions and unexploded ordinance containing heavy metals (which are highly toxic) and explosive chemicals, the generation of approximately 39 million tons of debris, some of it sullied with asbestos and other hazardous material, and the deterioration of bodies buried under rubble, all of it caused by the ferocious Israeli bombing, the United Nations Environment Program has concluded in a recent analysis that the environment in Gaza has seriously been degraded,[9] reaching unsanitary crisis levels. Since much of this hazardous material remains for a long time in the soil, water sources, seawater, marine sediment and in the debris of collapsed buildings, direct and immediate toxicity to the environment and negative effects on human health are already being experienced.

Destruction of cultural heritage

Cultural heritage is important in every society because it links the present to the past and expresses narratives of human accomplishment and ingenuity over time. It represents symbols of collective identity and continuity of existence. It is found in literature, manuscripts, paintings and works of art, artifacts, mosaics, architecture, historic monuments, museums, libraries and buildings, including churches and mosques. It is irreplaceable once destroyed.

The Israeli indiscriminate bombing of Gaza has destroyed over 200 archaeological sites and buildings of cultural and historical significance. For instance, the 7th century Omari Grand Mosque in Gaza City, boasting basilica-style architecture and a minaret dating back fourteen hundred years, and the 1,600-year-old orthodox Church of St. Porphyrius, thought to be the third-oldest church in the world, have been seriously damaged.[10] The archaeological site of Blakhiyya of the ancient city of Anthedon, which was the enclave’s sea port from 800 B.C. to A.D. 1100, featuring Byzantine construction built atop Roman ruins, and which was being excavated before 2007 but reburied to protect it from destruction by wars, was completely destroyed by direct shelling.

The main public library in Gaza City, home to thousands of books, and the Central Archives, housing key national documents and city records, many of which dating back over a century, have been destroyed by Israeli bombing and plundering by its soldiers. Many other libraries, publishing houses, art and culture centers, theaters, galleries and museums have also been destroyed by direct shelling. The killing of many artists, musicians, poets, writers and academics, many of whom are eminent, is also part of the destruction of the cultural heritage of Gaza.[11]

The systematic dismantling of the cultural fabric of Gaza is resulting in the erasure of Gazan identity from, and historical presence on, the land and leading to, what some scholars have termed, “cultural bareness” and “cultural genocide”. South Africa’s case against Israel for the crime of genocide at the International Court of Justice includes the destruction of many of the sites cited above.

Torture remanifested

Palestinians have also been arbitrarily detained in conditions that include cruel, inhuman and degrading treatment and various forms of sexual violence. A recent report by B’Tselem, the Israeli Information Center for Human Rights in the Occupied Territories, entitled “Welcome to Hell” details the inhuman treatment that Palestinians incarcerated in Israel’s prisons since 7 October, 2023, many without charge or trial, have been subjected to, including unrelenting physical violence and psychological abuse, severe beatings and torture, absence and denial of medical treatment, starvation, withholding of water, sleep deprivation, extreme humiliation and degradation, lack of hygiene and sanitation, sexual violence to genital areas and rape with a foreign object, even death. No less than 60 Palestinian prisoners were deceased while in Israeli custody.

The report, based on testimonies of 55 Palestinians, thirty of whom were from the West Bank and East Jerusalem, 21 from the Gaza Strip and four were Israeli citizens, clearly points to a “systemic, institutional policy focused on the continual abuse and torture of all Palestinian prisoners held by Israel”.[12]

There are now approximately 9,650 Palestinians held in Israeli prisons, nearly double the number since 7 October 2023. About 4,780 of them are held in “administrative detention” without charge or trial, and denied the wherewithal to mount a defence. In addition to those incarcerated before 7 October, many were taken into custody during the military incursion into Gaza as suspects or simply for being of “fighting age”. Others come from the Occupied Territories or are residents of Israel who expressed sympathy for the “suffering of Palestinians” or support for the struggle mounted by the various Palestinian armed groups.

Impacts on West Bank

With the prosecution of the war in Gaza, attention to the atrocities being committed in the West Bank by the Israeli military and illegal settlers, otherwise referred to as the “silent war”, has been thwarted. Volker Turk, the top United Nations human rights official, has warned of the on-going deteriorating situation for Palestinians in the occupied West Bank and East Jerusalem, with approximately 600 Palestinians, including more than 135 children, killed, “in many cases raising serious concerns of unlawful killings”. He spoke of “unprecedented bloodshed”, daily storming of towns and villages (including Nablus, Ramallah, Bethlehem, Salfit, Tubas, Jericho, and East Jerusalem) killing, injuring and arresting Palestinians.

A recent inquiry by the Independent International Commission of Inquiry on the Occupied Palestinian Territory found that Israeli occupation forces and illegal settlers have committed numerous abuses with total impunity [13] .

The constant and accelerated enlargement of illegal settlements and the unprovoked raids on Palestinian villages and homes in the West Bank by Israeli settlers, especially since the 7 October Hamas attack, constitute another invasive and murderous dimension. Under the cover of the Gaza war, the Israeli government’s authorization of the expansion of illegal settlements (as forbidden by international law) has surged and extremists’ violence against Palestinians has escalated, with beatings, killings and seizure of Palestinian lands, orchards and homes and building of Jewish outposts with no censure. In the past 10 months, the United Nations has documented about 1,300 attacks on Palestinians[14] and B’tselem stated that Israeli settler harassment has forced Palestinians out of at least 18 villages.[15] These actions not only exacerbate an already tense and volatile situation, increasing hate and desire for revenge, but makes it extremely hard to settle the Israeli-Palestinian conflict. In fact, the head of Shin Bet, Israel’s domestic intelligence, recently warned that Jewish extremists were carrying out acts of terror against Palestinians, causing indescribable damage and putting Israel “on the brink of disaster”.[16]

Conclusion

In prosecuting its retaliatory war in Gaza, Israel is pursuing a policy of a widespread, sustained and systematic attack against the civilian population. From the initial stages of the war, statements that underpin this policy were made by Israeli Defense Force spokesman (Hagari), that the IDF is “focussed on what causes maximum damage” not accuracy, and by some politicians in the current Israeli government (Smotrich, Ben Gvir, Tal) expressing the need to exact a heavy toll on Gazans, including “collapsing the state system in Gaza”, “pursuing starvation of the population to allow for the propagation of disease”, and “advocating mass immigration of Palestinians out of the strip and renewal of Israeli settlements in the enclave”.

Many observers and commentators on the Israeli-Palestinian conflict repeatedly draw attention to the litany of Israel’s murderous misdeeds because Israel continues to ignore most proposals for resolution of the war, in particular, and the Palestinian issue in general. It is not heeding any appeal for peace from any source and is doggedly pursuing its objectives of thinning out the Palestinian population, tightening its apartheid-like controls of all aspects of Palestinian life, refusing compromises and assassinating opponents.

I state it again, as I have done in previous articles: it is utterly unbelievable that a people who has endured so much suffering, persecution, execution and death in Europe during World War II have turned so merciless, heartless, selfish and inhuman, and so inured to death and suffering that it is able to mete out the same slow agony to another people that is seeking justice, liberty and self-determination.

Notes

[1] Counting the dead in Gaza: difficult but essential, The Lancet, 5 July, 2024

2 UN Office Geneva, 10 000 people feared buried under the rubble in Gaza.

3 Protocol Additional to the Geneva Conventions of 12 August 1949, and relating to the Protection of Victims of International Conflicts (Protocol 1), of 8 June 1977

4 New York Times, Gaza’s only humanitarian zone has shrunk by a fifth recently, 30 July 2024.

5 Over one hundred days into the wwr, Israel destroyins Gaza’s food system and weaponizing food.

6   Statement of ICC Prosecutor Karim A.A. Khan KC : Applications for arrest warrants in the situation in the State of Palestine.

7 Ibid.

5 Ways Conflits Impacts Children’s Mental Health. 

9 Envionmental impact of the conflict in Gaza

10 The International Order is failing to protect Palestinian cultural heritage.

11 Israel is systematically destroying Gaza’s cultural heritage

12 WELCOME TO HELL. the Israeli prison system as a network of torture camps.

13  Israel’s War on Palestinians in the Occupied West Bank

14 Humanitarian Situation Update #207 / West Bank

15 Forcible transfer of isolated Palestinian communities and families in Area C under cover of Gaza fighting.

16  Shin Bet chief to Netanyahu : Jewish terror in West Bank on brink of disaster.

Hassan Baage a eu une carrière dans le service public, tant au niveau national canadien qu’international, marquée par une décennie consacrée aux Nations Unies dans le domaine de la lutte antiterroriste. Hassan a enseigné la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme à l’Université de New Haven, dans le Connecticut. Auteur de : "Renforcer l’approche stratégique des Nations unies dans le domaine de la lutte contre le terrorisme", publié par le Centre international pour la lutte contre le terrorisme à La Haye. Hassan Baage détient une maîtrise de l’École d’études supérieures et de recherche de l’Université Queen’s.

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