Dans le froid, la mort blanche. Les guerriers de l’hiver. De Olivier Norek. Michel Lafon, 446 p.
Tous les passionnés de romans policiers ou presque connaissent Olivier Norek. De Code 93 à Dans les brumes des capelans, en passant par des romans pus humanitaires tels : Entre deux mondes et Impact, la terre est son terrain de jeu. De son travail en Guyane ou en ex-Yougoslavie, ou comme ex-policier il a su décrire les transformations, les passages migratoires avec souvent ce qu’il y a de plus cruel.
Avec Les guerriers de l’hiver qui fut en liste pour la première sélection du prix Goncourt et toujours en piste pour l’interallié, le prix Giono ou Malraux (nous lui souhaitons les trois, pourquoi pas), il change véritablement de registre tout en restant dans l’histoire. David contre Goliath, l’ogre contre le nain, cela nous évoque la guerre en Ukraine avec un Poutine outrecuidant qui pensait faire une bouchée de pain des Ukrainiens (peuple qui fut affamé en 1930 par Staline) avec comme résultat : 3 millions de morts (Starvation by Death).
Au coeur de cet hiver 1939, Staline déclare de façon fallacieuse la guerre à la petite Finlande. Une avancée éclair (?) pour établir une voie de passage et qui deviendra une erreur stratégique monumentale (Hitler s’en servira plsu tard en envahissant l’Union soviétique). Les modestes Finlandais se dressèrent, malgré l’insuffisance matérielle et humaine. Pendant trois mois, Olivier Norek a arpenté la Finlande, partant sur les traces de la mort blanche. Un tireur d’élite, d’un mètre cinquante-deux, qui fit 500 morts dans les rangs d’une armée suréquipée, mais peu encline au combat rapproché, surtout que dans des forêts désertiques.
Un morceau de bravoure que nous livre Olivier Norek. Qui évoque autant Roland Dorgelès que la camaraderie de Band of Brothers. Dépassant le cadre d’une simple étude militaire, l’auteur nous fait vivre de l’intérieur les émois de cette petite Finlande, la mobilisation des familles malgré les morts et privations et la « naissance » si nous pouvons nous exprimer ainsi, d’un tireur d’élite, le meilleur de tous les temps qui aimait la forêt, la paix, la nature et les renards.
Captivant de bout en bout, poétique, malgré la tragédie, l’auteur tisse une toile forte avec un soldat solitaire qui fera presque reculer l’armée russe. Simo Hayha survivra à de terribles blessures et s’éteindra paisiblement en 2002. Roman de guerre, mais aussi, récit d’une épopée ainsi que d’un monde ou le courage se confrontait à la peur. Un immense frisson inoubliable. Voici ce que nous pouvons appeler, la surprise avec un grand L de cette rentrée littéraire 2024.