Folles de vous. La cage aux folles. Studio-cabaret de l’Espace St Denis. Mise en scène par Joël Legendre et Sylvain Larocque.
C’est en 1973 que l’acteur Jean Poiret créa : La cage aux folles, dans une mise en scène de Pierre Mondy. Avec son complice l’acteur Michel Serreault, cette pièce de théâtre avant-gardiste pour l’époque fût jouée plus de 2000 fois avec une refonte au cinéma en 1978. En 1990, au Théâtre Saint-Sauveur, Denise Filiatrault en fit une adaptation avec André Montmorency et Benoit Marleau. La cage aux folles dans l’air du temps, certainement, puisque tous les interdits sont tombés ou presque.
Dans cet état d’esprit, une nouvelle mouture s’imposait, campé au cœur du village Gai avec son inoubliable cabaret : La cage aux folles. L’histoire est relativement simple avec tous les ressorts d’une pantalonnade qui remonte à Georges Feydeau. Albin (Alex Perron) fait des crises de jalousies ou d’hystérie à son conjoint Georges (Marcel Leboeuf). Ce vieux couple s’aime, mais l’usure du temps étant, ils se supportent. Jusqu’au jour où Georges reçoit la visite de son fils Laurent (Guillame Borys), fruit d’une relation hétérosexuelle. Il va se convoler, mais sa belle-famille, plutôt collet monté : Madame Dieulafoi (Geneviève Bouillettte), Monsieur Dieulafoi (Stéphan Alard), futur député rigoriste qui n’a que faire de ces « invertis », sauf la jeune mariée Muriel (Delphime Morissette).
Invitée à souper, et faire une rencontre avec les beaux-parents, la panique s’installe. Les hommes nus sur les murs doivent disparaître, le décor devra être aseptisé, bref, un changement de cap complet pour Georges et Albin. En cette année 1978, tout est disco et les références vont de Juliette Huot à Michel Richard et de MAD Dog Vachon aux chansons Love Is In Air à Sugar Daddy.
Alex Perron. Crédit photo @Paul Ducharme
Comédie burlesque (clin d’oeil à Gilles Latulippe), moins fine que la cage aux folles du tandem Serreault/Poiret, mais portée de main de maître par un Alex Perron jubilatoire. Mordant, trépidant avec un timbre de voix qui évoque précisément celui de Michèle Richard, il mène tambour battant les répliques avec juste ce qu’il faut d’acidité et de réparties. Marcel Leboeuf en conjoint qui essaie de temporiser s’impose par son calme, son rôle de patron de La Cage aux folles, danseuse étoile en robe rouge pour un French cancan assez délirant et père qui veut le bien de son enfant.
Dans les textes nous trouvons incontestablement des références à Jean-Louis (Michel côté) de La petite vie quand il rencontre le colonel interprété par le magistral Michel Dumont ou en filigrane, des idées provenant du film Cruisng bar, toujours avec Michel Côté. Joël Legendre a souhaité concevoir un un spectacle flamboyant à l’image des cabarets de Drag-Queens qui animent la première partie ainsi que l’entracte. En paillette, en robes lamées scintillantes, avec comme fond musical, les nuits de Montréal du Lime Light ou du Jardin, cette nouvelle mouture de La cage aux folles respire la joie de vivre et le non politiquement correct. Parfois, ça fait du bien et encore bravo à Alex Perron, une vraie bête de scène !
Journaliste depuis 1990, formation en sciences politiques à l’UQAM( relations internationales). Recherchiste, réalisateur et chroniqueur pendant 20 ans à Radio-Canada, au Journal de Montréal pendant 17 ans( jazz, classique et autres). Couverture du Festival de jazz depuis 1990. Collaborateur à Sortiesjazznights depuis 20ans. Auteur des grands noms du jazz en 2000 ( Éditions de l’Homme) et aussi chroniqueur de livres pour le blogue : C’est livre et du bon
