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Si Douce France : de la nostalgie à la quête identitaire

Si Douce France d'Aline Apostolska. Si Douce France d'Aline Apostolska.
Si Douce France d'Aline Apostolska.

Aline Apostolska, autrice reconnue dans le paysage littéraire québécois, revient avec Douce France (Flammarion, Québec, 2024), un roman d’une sensibilité affirmée qui explore le thème de l’exil et de la mémoire. Cette œuvre tisse un récit profondément personnel, empreint d’une réflexion universelle sur l’identité, la nostalgie et le passage du temps.

Roman de 325 pages, magnifiquement écrit, il plonge le lecteur dans une France réinventée par les souvenirs. Aline Apostolska, avec sa plume poétique, excelle à capturer l’essence d’une France tantôt idéalisée, tantôt déconcertante, où l’âme du pays est aussi présente dans ses paysages que dans les émotions qu’elle suscite. Des rives de la Méditerranée aux ruelles parisiennes, chaque scène est une peinture vivante, faisant écho à l’intériorité de ses personnages.

Le cœur de Douce France réside dans cette tension entre le passé et le présent. La protagoniste, traversant des souvenirs d’enfance d’une France révolue, doit se confronter à une réalité contemporaine qui n’a plus rien de l’utopie d’antan. Aline Apostolska pousse ainsi son lecteur à se questionner : Comment notre passé façonne-t-il notre identité ? Quelle place occupe la nostalgie dans notre quête de sens ?

La profondeur psychologique de ce roman et la finesse de l’écriture permettent à l’autrice aborder des thèmes aussi complexes que l’appartenance et la dissonance entre mémoire et actualité.  Sur le canevas d’un drame familial, Aline Apostolska survit et affirme la passion de vivre, malgré tout.  « Devenir le pays de ses enfants. » (p.309)  Les enfants sont la véritable patrie des êtres déracinés en quête d’identité. « Être femme ou homme, c’est d’abord être un individu, que chaque individu est unique et irremplaçable; (…) qu’il faut pleurer, beaucoup et fort, mais que le lendemain il faut se remettre debout et en marche. »  (p.314)

Après un monde de pérégrinations, Montréal accueille et apaise.  Un sentiment d’appartenance, enfin ! « Les Montréalais nous ont accueillis, Ley et moi, avec cet improbable mélange d’hédonisme joyeux, de curiosité observatrice et de convivialité retenue qui les caractérise et qui en fait des Américains francophones bien singuliers, aussi déterminés à ne pas oublier leur passé qu’à se construire un avenir dynamique, avec audace, originalité et pragmatisme. » (p.310)

Dans un style épuré et chargé d’émotion, Douce France invite à l’introspection, rappelant que la quête de soi est indissociable du souvenir des lieux et des moments qui nous ont forgés. Aline Apostolska signe ici une œuvre marquante, qui trouvera écho chez quiconque a déjà ressenti l’ambiguïté du retour aux racines. Douce France est un voyage littéraire qui laisse une empreinte durable dans l’esprit du lecteur en affirmant la force et le courage de vivre, malgré les douleurs du passé.

Douce France.   Roman par Aline Apostolska, Flammarion Québec, 2024, 325 p. 

Membre de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, Directeur des études, ÉNAP-Hull; Directeur Culture canadienne en ligne, Patrimoine canadien; Direction des politiques pour 3 Commissaires aux langues officielles; Directeur des services au public, Archives et Bibliothèque Canada. CA de Cité Libre.  Conférencier à l'UNESCO-Paris, à l'Internet Society à Washington, à la Sorbonne à Paris et à l'Internet Society au Japon. Maîtrise de l'ÉNAP; stage ENA-France, M.A en histoire canadienne de l'Université de Sherbrooke.