La guerre Israël-Hamas – À quand une humanité bienveillante ? (Partie II). Traduction Julie de Belle et Marie Desjardins.
Les atrocités commises avec un implacable acharnement contre les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie et leurs conséquences cataclysmiques ont été relatées dans la première partie de cette série de deux articles (1). Ce que cependant cet article n’a pas pu traduire dans toute sa mesure est l’ampleur de la souffrance des Palestiniens faisant face à une panique constante, à des blessures physiques extrêmes, à l’angoisse, à la faim et à la soif, au chagrin, à la détresse, au désespoir, au stress, à la tension, à l’horreur de vivre dans des conditions meurtrières permanentes, dans le tourment d’un malheur sans fin et dans l’affliction quotidienne. Même les images présentées dans de nombreux rapports sur la guerre ne rendent ni compte de l’ampleur de la destruction apocalyptique de la bande de Gaza ni de l’indicible misère de sa population.
Par ailleurs, il faut souligner que les Israéliens souffrent également d’insécurité, de la perte d’êtres chers, de déplacements forcés, de troubles liés au stress, d’angoisse, de pertes économiques et d’anxiété quant à la sécurité de leurs otages.
Le présent article porte sur les conditions stratégiques à privilégier, de même que sur les choix qu’Israël, la Palestine et d’autres pays doivent faire pour arrêter la guerre à Gaza, libérer les otages, apporter le calme et la paix dans les territoires occupés et dans la région. Il ne sera pas question ici de la triste guerre au Liban qui aura momentanément détourné l’attention de l’assaut continu contre Gaza, ni de traiter de la possibilité d’une guerre régionale plus large que, de toute évidence, de nombreux interlocuteurs tentent de juguler.
Cessons d’armer Israël
La catastrophe déclenchée contre les habitants de Gaza a été rendue possible, voire cautionnée, sinon encouragée par les États bienfaiteurs d’Israël (notamment les États-Unis et, dans une moindre mesure, l’Allemagne) puisque ces pays continuent d’envoyer des armes et de fournir une couverture politique tacite au nom du droit supposé d’Israël à la légitime défense. Après un an d’assaut infernal et l’anéantissement quasi total de la bande de Gaza et du Hamas, rendant impossible une attaque significative sur le territoire israélien, quelle justification y a-t-il à continuer à fournir des armes de destruction massive ?
Comment les partisans d’Israël peuvent-ils assister dans la torpeur à la répétition de ces atrocités ? Comment peuvent-ils continuer à permettre d’agir de la sorte en toute impunité et sans rendre de comptes ? Comment se fait-il qu’ils ne respectent pas le droit international humanitaire (les Conventions de Genève de 1949 qui protègent les citoyens non combattants des effets de la guerre), les droits de l’homme et leurs propres lois et politiques réglementant l’utilisation de leurs armes par des tiers pour attaquer des cibles civiles ? Comment se fait-il qu’ils ne comprennent pas qu’en soutenant et en couvrant Israël, ils sont complices des crimes de guerre perpétrés par leur allié contre des civils innocents à Gaza et en Cisjordanie ? Ne comprennent-ils pas qu’ils peuvent mettre fin aux souffrances des Gazaouis assiégés au lieu d’alimenter et de prolonger cette guerre ?
On ne peut pas s’empêcher de constater le deux poids deux mesures de la part de l’Occident dans le traitement des questions internationales. En effet, alors qu’on fournit à l’Ukraine quantités d’armes pour se défendre contre la Russie, on lui impose des restrictions sévères sur l’emploi de ces armes en la menaçant d’un retrait de ce soutien. En revanche, aucune restriction de ce type n’est imposée à Israël pour « se défendre ». La guerre à Gaza est asymétrique : un seul camp est avantagé en matière d’armements et de prouesses militaires pour causer autant de morts et de destructions possibles afin de se venger et de neutraliser son ennemi.
On pourrait mettre fin à la décimation continue et à la destruction des biens à Gaza et à un cessez-le-feu ordonné simplement en cessant d’expédier des armes vers Israël ou en imposant des restrictions sur leur utilisation à Gaza. Cela démontrerait que les principaux fournisseurs d’armes à Israël ne sont pas disposés à tolérer de nouvelles opérations militaires qui violent systématiquement le droit humanitaire international et défient leurs lois et directives nationales sur l’utilisation des armes fournies. Ils mettraient ainsi fin à leur complicité en ce qui a trait à ces crimes internationaux. Il faut souligner que certains fournisseurs d’armes à Israël commencent enfin à envisager une telle approche.
De plus, la réponse d’Israël à l’attaque du Hamas a dépassé toute proportion : plus de 42 contre 1 en termes de vies humaines et de destruction inimaginable des habitations. Il est évident que le gouvernement actuel d’Israël ne veut ni paix ni juste résolution de ce conflit. Il persiste à ignorer les appels mondiaux en faveur d’un cessez-le-feu, continue à verser du sang dans les territoires, à les occuper sauvagement, à opprimer et à assassiner ce qu’il considère être ses ennemis, envahissant l’espace aérien de ses voisins pour mener des opérations ciblées, et ferme les yeux, voire soutient l’expulsion violente et illégale des Palestiniens de leurs terres ancestrales pour les remplacer par des colons israéliens.
Une telle façon de faire n’est pas conforme aux idéaux universellement acceptés de justice, d’humanité, de liberté, d’équité, de respect mutuel, de dignité humaine et de caractère sacré de la vie, que toutes les nations et tous les peuples du monde désirent et pour lesquels ils luttent. Israël et ses partisans prêchent ces nobles idéaux, sauf lorsqu’il s’agit des Palestiniens, le seul peuple sur Terre encore soumis à une occupation militaire étrangère, constamment privé de ses droits, de ses libertés et de toute certitude quant à l’avenir.
Pour des raisons d’humanité, de décence, de clémence, de défense de ces idéaux et de respect des lois internationales et nationales, cette situation doit être rectifiée.
Cessons de déshumaniser les Palestiniens
En annonçant un blocus total de la bande de Gaza au début de la guerre, Yoav Gallant, le ministre israélien de la Défense, s’est exprimé en ces termes :« Il n’y aura pas d’électricité, de nourriture, d’eau, de carburant : tout sera fermé. Notre ennemi se comporte en animal et donc nous luttons et agissons en conséquence. » Cette déclaration exprime pleinement les sentiments et les pratiques de longue date des Israéliens à l’égard de leurs voisins palestiniens.
Les références déshumanisantes à l’égard des Palestiniens sont monnaie courante en politique, dans les médias, dans l’armée et dans le langage en général des Israéliens qui usent de termes dénigrants à leur égard : inférieurs aux Juifs, sous-humains, primitifs, arriérés, « enfants des ténèbres » (Netanyahu), « bêtes et ânes » (Rabbin Batzri), déchets humains, barbares, rats, vermine, serpents, cochons, vampires, chiens, singes, taupes, cafards, sangsues, poux et « Araboushim » (un mot péjoratif pour un Arabe équivalent au mot « nègre »). Ces méthodes ont des relents historiques. On se souviendra du génocide au Rwanda en 1994, lorsque, selon les Nations Unies, près de 800000 Rwandais, majoritairement Tutsi, ont été tués par des Hutus extrémistes. Les Tutsis furent alors comparés à des cafards qu’il fallait exterminer.
La déshumanisation des Palestiniens se manifeste également par la ségrégation, la violation de leur vie, de leurs moyens de subsistance et de leur dignité. Ils sont soumis à des traitements dégradants ; les détenus sont déshabillés et exhibés publiquement ; on leur crache dessus, on leur marche sur la tête et le dos, on les incarcère sans inculpation ou voies d’appel, on rase leurs maisons au bulldozer, on adopte des lois discriminatoires leur refusant la citoyenneté et les droits politiques. Il suffit de lire « L’apartheid en Palestine » (2) pour ne plus en douter.
École bombardée à Gaza. Cette photographie montre une école partiellement détruite, symbolisant les effets dévastateurs du conflit sur l’éducation des enfants. Crédit photo: @Alamy
La couverture médiatique occidentale joue également un rôle dans l’amplification de la déshumanisation des Palestiniens, ne serait-ce que par le choix des mots. Ainsi, la description des meurtres des civils à Gaza et en Ukraine dans de nombreux rapports montre que les Gazaouis meurent en masse à cause « d’actes de guerre », tandis que les Ukrainiens sont tués directement par les « bombes russes ». L’assassinat de journalistes est un autre exemple : à Gaza, des centaines de reporters ont été tués dans la « guerre Israël-Hamas », tandis que la « Russie » en a tué en Ukraine. Dans ces deux exemples, la responsabilité directe en vertu du droit international qui protège les non-combattants n’est pas imputée à Israël dans le cas de Gaza alors que dans celui de l’Ukraine la Russie est désignée nommément comme le coupable.
La fréquence de propos racistes et déshumanisants et de discours haineux contre les Palestiniens dans les médias israéliens remonte à plusieurs décennies. Au mois de juillet 2014, le Conseiller spécial des Nations unies pour la prévention du génocide, ainsi que le Conseiller spécial des Nations unies pour la responsabilité de protéger ont attiré l’attention là-dessus ainsi que sur la nécessité de « prendre des mesures immédiates pour assurer la protection de la population [palestinienne] » (3).
Ces appellations et interprétations erronées ont de graves répercussions sur les Palestiniens car elles induisent des sentiments de détachement, de distance, d’insensibilité et de manque d’identification avec eux. Elles renforcent l’idée selon laquelle les Palestiniens en tant que peuple – en ce qui concerne leur vie, leurs terres, leur culture, leurs croyances, leurs coutumes et leur histoire – n’ont rien à voir avec les Israéliens. Aussi peuvent-ils être écartés, sinon effacés. C’est ainsi que les Israéliens justifient que les Palestiniens ne méritent aucun droit, aucun espace géographique, culturel ou politique. Qu’ils peuvent être gouvernés par la force et l’oppression, et assujettis aux desseins d’Israël. Or c’est précisément cette stratégie qu’utilise Israël pour légitimer ses crimes de guerre. C’en est, en effet, parce qu’Israël bombarde les lieux définis comme des zones sûres, des zones civiles, des hôpitaux, des complexes protégés par les Nations Unies, du personnel médical et médiatique et qu’il bloque l’accès aux médicaments, à la nourriture, à l’eau, à l’électricité et à d’autres produits essentiels à la vie. La conclusion incontournable à ces activités meurtrières est la suivante : puisque les Palestiniens sont des « animaux », les éliminer est légitime. Cela rappelle hélas la façon dont les nazis ont jadis traité les Juifs.
Ainsi, sans scrupules, il s’agirait d’accepter la mort et la mutilation des Gazaouis qui se trouvent à la portée de cibles militaires, quel que soit leur nombre ; autant dire des dommages collatéraux. Les Palestiniens sont ainsi dépouillés de toute humanité, comme s’ils étaient des objets inanimés ou des espèces inférieures dont on peut se débarrasser avec nonchalance et froideur.
Afin de réduire la violence gratuite et d’apaiser les tensions du conflit, un processus de réhumanisation, ou de réaffirmation de l’identité et de la valeur de la vie humaine, ainsi que de restauration de la dignité humaine, doit être engagé. C’est primordial. Au cœur de ce processus se trouve la possibilité d’éradiquer la haine, le manque de respect et le dédain pour enfin considérer que chaque Palestinien tué ou maltraité est un être humain ayant une vie, une famille, des antécédents, des relations. Chaque Palestinien mérite considération, compréhension et justice. Il faut arriver à cultiver et à entretenir avec lui un sentiment de communauté, basé sur des objectifs communs de paix, de coexistence et de prospérité. Cela générerait de l’espoir quant à la construction d’un avenir humaniste partagé, résultat d’une approche morale des interactions, des contacts positifs, de l’atténuation et de l’évitement de la violence.
Dynamique actuelle
Fort de ses succès militaires sur de nombreux fronts, rendus possibles par le soutien explicite ou tacite des États-Unis et d’autres pays, le gouvernement actuel d’Israël se sent clairement encouragé à poursuivre sa campagne militaire pour « obtenir une victoire totale » (comme ne cesse de le répéter Netanyahu) et transformer les dynamiques régionales pour répondre à ses besoins de sécurité et à ses desseins expansionnistes plutôt que de s’attaquer aux causes profondes du conflit et de la guerre, à savoir :l’occupation et l’annexion impitoyables des territoires palestiniens par Israël et le déni de leurs droits et aspirations à l’indépendance et à l’autodétermination.
La stratégie de Netanyahu favorise la poursuite de guerres décisives contre les ennemis d’Israël, ce qui semble renforcer son succès politique et la stabilité de son gouvernement de coalition. Par conséquent, il n’est actuellement pas incité à céder aux demandes internationales en faveur d’un règlement diplomatique des guerres à Gaza et au Liban. Mais une fois que les guerres se termineront par un triomphe retentissant d’Israël, comme cette trajectoire l’indique, son principal problème existentiel demeurera sans réponse, nécessitant une certaine forme de résolution.
Israël devra décider de réoccuper une partie ou la totalité de Gaza et de renforcer son contrôle militaire sur la Cisjordanie, peut-être même de l’annexer, ce qui perpétuera une résistance violente et une lutte armée, ou encore choisir de collaborer avec les Palestiniens sur un certain type de règlement, en imposant ses conditions de vainqueur. Cela dit, même en cas de victoire, le gouvernement israélien actuel se montre très réticent à envisager toute approche autre que la guerre et la coercition.
Puisqu’il y a sept millions d’Israéliens et sept millions de Palestiniens qui habitent ce pays et que les deux parties sont déterminées à y rester, une stratégie de cohabitation doit essentiellement être déclarée, sinon un état de guerre permanente et d’atrocités continuera de régner.
Changement de gouvernance
Il est évident qu’aucun pays ne peut vivre dans des conditions de guerre et d’insécurité perpétuelles. Tout comme un État ne peut continuer à gouverner un peuple autochtone de manière immuable. Depuis la guerre de 1967, Israël a adopté une politique d’expansion permanente et progressive et exercé une domination militaire sur les Palestiniens plutôt que de créer des conditions pacifiques pour sa sécurité. Étant donné cela, Israël a dû faire face à des soulèvements répétés, à une résistance armée et à des troubles civils qui ont entraîné des guerres, des actes d’une violence extrême et un recours disproportionné à la force de sa part.
Israël peut écraser le Hamas et tous les autres mouvements, décimer les infrastructures et compromettre toutes chances de survie, il n’arrivera pas à éradiquer le désir ardent de liberté et d’autodétermination de la part d’un peuple. L’histoire regorge d’exemples de peuples luttant pour la liberté et la survie. La principale raison du soutien que le Hamas et d’autres groupes armés reçoivent au sein de la population palestinienne est qu’ils luttent pour la réalisation de ce désir.
La diplomatie et l’institution d’une politique de reconnaissance et de respect mutuels et la poursuite d’une dynamique politique raisonnable pour l’autonomie des Palestiniens et une coexistence avec eux sont les seules voies possibles vers le règlement du conflit. Malheureusement, une telle volonté n’existe pas actuellement en Israël, d’où la nécessité d’une transformation politique totale et d’un changement complet de mentalité pour concrétiser une approche sensée visant à mettre fin aux hostilités.
Même si le gouvernement de Netanyahu devait tomber, ou encore perdre les prochaines élections, aucun autre dirigeant n’aurait la prescience et la volonté de faire avancer les choses dans le sens d’une résolution du conflit. Le besoin d’un tel leader n’a jamais été aussi criant. Or, jusqu’à l’arrivée d’un tel personnage sur la scène politique, les conditions actuelles risquent de prévaloir. Quoi qu’il en soit, en ce qui a trait à la réponse d’Israël, impitoyable et disproportionnée, s’apparentant à un génocide et sans fin déclarée, les dirigeants israéliens doivent être poursuivis et jugés devant le tribunal au moment opportun ; ils doivent être tenus à l’écart de tout rôle dans le règlement de la question palestinienne.
Du côté palestinien, même si la résistance armée contre les occupants de ses terres et les usurpateurs de ses libertés est légitime, la mort et la violence contre les civils ne peuvent jamais être justifiées ou excusées. Le Hamas a commis un attentat abominable le 7 octobre 2023 pour lequel ses auteurs méritent d’être poursuivis, jugés. Hamas doit être écarté du pouvoir en raison de ses choix erronés.
Par conséquent, il faut rapidement trouver une alternative au Hamas, d’autant plus que son mandat de gouvernement est expiré depuis longtemps et qu’une majorité de Gazaouis n’en veut plus (aujourd’hui seulement 40% soutiennent le Hamas selon un sondage publié le 12 juin 2024 par le Centre palestinien pour la recherche sur les politiques et les enquêtes) . Un organe directeur pourrait être constitué avec l’approbation des Gazaouis par une sorte de plébiscite préférablement soutenu par Israël, qui doit être disposé à le faire et d’autres pays (par exemple l’Arabie Saoudite, la Turquie ou la Norvège), surtout depuis l’élimination du chef du Hamas, Yahya Sinouar. Cet organisme pourrait s’engager dans des négociations de cessez-le-feu immédiat avec Israël de façon à libérer les otages et épargner aux Gazaouis davantage de souffrance. Une gouvernance responsable serait alors établie pour répondre aux besoins monumentaux de la population de l’enclave.
À court terme également, l’Autorité palestinienne devrait être réhabilitée sur la base de la légitimité et de l’incorruptibilité (par des élections libres et équitables menant à un nouveau gouvernement compétent et représentatif), l’unification de toutes les factions sous sa bannière et l’adoption d’une politique palestinienne de résistance non armée qui insisterait, dans un premier temps, sur un traitement équitable de la part d’Israël pour apaiser les tensions, puis proposerait des solutions pour régler le conflit. Le postulat de base est d’éliminer tout prétexte permettant à Israël d’invoquer des menaces pour sa sécurité ou l’absence d’un gouvernement palestinien légitime avec lequel négocier.
Il est également important que les Palestiniens refondent et développent toutes les institutions et pratiques gouvernementales avec une aide appropriée afin de pouvoir devenir membres des Nations Unies. En effet, certains membres du Conseil de sécurité disposant d’un droit de veto et qui recommandent cette adhésion à l’Assemblée générale ne croient pas que la Palestine remplisse les conditions requises pour devenir membre des Nations Unies et ne votent pas affirmativement à cet égard. La Charte exige que les membres de l’ONU respectent le droit international, maintiennent la paix et la sécurité internationales, atteignent des niveaux de vie plus élevés pour leurs citoyens, abordent les questions économiques, sociales, de santé et autres questions connexes, en favorisant le respect et l’octroi des droits et libertés fondamentales à tous, sans distinction de race, de religion, de langue ou de sexe6.
Une fois la qualification d’État membre obtenue, il sera plus difficile pour Israël d’éviter la négociation d’un accord de paix avec les Palestiniens. En somme, à moins qu’un changement de gouvernance et de mentalité ne soit obtenu des deux côtés, une alternative sensée et humaine à la violence répétée et à l’occupation perpétuelle ne peut être sérieusement envisagée et poursuivie.
Stratégies pour un changement
Le gouvernement actuel d’Israël, ou futur, n’est pas susceptible de réduire ses attaques contre le Hamas, le Hezbollah et autres groupes, même après l’extermination de la plupart de leurs dirigeants, sans avoir complètement exécuté sa vengeance, affaibli les capacités militaires de tous les groupes de résistance, libéré ses otages, assuré la sécurité de sa population et de ses territoires pour s’assurer qu’une attaque semblable à celle du 7 octobre 2023 ne se produise plus jamais.
Mais afin d’inciter à la libération des otages et introduire un changement dans la gouvernance de Gaza, Israël devrait se montrer clément à l’endroit de la population innocente de Gaza. Cela implique une pause dans la violence pour permettre aux Gazaouis d’envisager d’autres options que de rester des pions dans la lutte meurtrière entre le Hamas et Israël. Cette pause serait accompagnée d’un message direct adressé aux habitants de Gaza, surtout après l’assassinat de Sinouar, selon lequel si le Hamas dépose les armes et libère les otages israéliens restants, Israël cesserait les bombardements et autoriserait un processus d’élection d’un organe directeur transitoire comme mentionné ci-dessus.
Les pays signataires des Accords d’Abraham (ou autres acceptables pour les Gazaouis) pourraient s’engager dans ce processus. Les représentants de ces pays entreraient en contact avec des familles dirigeantes, des personnalités respectées et des dirigeants communautaires pour concrétiser le plébiscite, dans la meilleure mesure possible compte tenu des circonstances, et éliraient un organe directeur temporaire pour s’éloigner du Hamas. Les habitants de Gaza comprennent que le statu quo ne peut pas perdurer et que leur meilleure chance d’arrêter la guerre et de construire un avenir sûr est d’opérer un changement dans sa gouvernance. Israël devrait faciliter ce processus et non l’entraver, car il participe à ses objectifs visant à chasser le Hamas du pouvoir, obligeant le Hezbollah à renoncer à lancer des missiles sur son territoire et à tenir l’Iran à l’écart.
En même temps, des démarches visant à l’instauration d’un arrangement régional pour garantir la sécurité d’Israël pourraient être entreprises. Une coalition de pays arabes et européens acceptables pour Israël pourrait assumer ce rôle pendant qu’Israël suspendrait ses attaques et se retirerait progressivement de Gaza. Les conditions de calme et d’entente seraient ainsi établies, selon lesquelles les parties se dirigeraient vers la négociation.
Si la situation peut atteindre ce seuil selon lequel le Hamas, en tant qu’entité gouvernementale, serait remplacé, les otages israéliens libérés, l’Autorité palestinienne réformée, une déclaration d’une politique de renoncement à la résistance violente, à laquelle tous les Palestiniens adhéreraient et la sécurité israélienne renforcée, alors les États du Golfe, les États de l’Union européenne et les États-Unis pourraient offrir une assistance financière et technique pour entamer l’immense tâche de reconstruction de la vie et de l’habitat des Palestiniens, de la restauration de la santé et de l’environnement, de celle de l’humanité, de la dignité, et de l’assurance d’un avenir viable.
Mais encore : Israël doit mettre en place des stratégies et des mesures de stabilisation afin de progresser vers un règlement de paix. Il doit trouver un moyen d’agir non pas sur les bases de la colère, du traumatisme ou de la haine, mais selon la nécessité d’instaurer une paix permanente. Ami Ayalon, ancien chef du Shin Bet (service de sécurité intérieure israélien), ancien membre de la Knesset et ancien amiral de la marine, l’exprime ainsi : « Israël ne sera pas en sécurité tant que nous n’aurons pas donné la liberté aux Palestiniens. »
Si après la transition à Gaza, la libération des otages, la réforme en Cisjordanie, la mise en place de l’infrastructure gouvernementale nécessaire au lancement d’une candidature à l’adhésion à l’ONU et au respect de la résistance non armée, Israël malgré tout, ne poursuit pas les initiatives visant à ouvrir la voie à un État palestinien, les Palestiniens peuvent, à leur tour, lancer des campagnes persistantes et percutantes de sensibilisation auprès des gouvernements étrangers, des organisations internationales et régionales, des entités commerciales et des bailleurs de fonds d’Israël, pour faire appel à leur aide dans le but d’exercer une pression soutenue sur Israël pour négocier un règlement.
L’objectif ici est de capitaliser sur la sympathie du monde suscitée par une année d’atrocités, de souffrances extrêmes, de morts abominables, de destruction quasi totale de Gaza, d’effusion de sang et de démolition sans précédent dans les villes et villages de Cisjordanie. Ces campagnes souligneraient également les souffrances et l’agonie historiques des Palestiniens, la perte continue de territoires au profit des colons radicaux de droite, l’inhumanité de leur vie et la violation continue du droit international par Israël.
Les campagnes de sensibilisation devraient mobiliser plus d’un pays pour persuader Israël de changer de cap, conduisant à des pourparlers directs avec le gouvernement représentatif palestinien. Un ou plusieurs de ces pays pourraient jouer un rôle d’intermédiaire honnête dans l’élaboration d’un cadre de négociations en vue d’un règlement du conflit israélo-palestinien qui respecte les aspirations et les besoins des deux peuples.
Conclusion
Le succès de la mise en œuvre de ces stratégies entraînerait le déclenchement d’alternatives à la guerre, la réduction des hostilités et le retour au calme et à la paix.
Un certain nombre de choses sont parfaitement claires :
Premièrement, plus Israël maintient son occupation des territoires palestiniens, le siège de Gaza, l’expansion des colonies illégales, l’érosion des droits et de la dignité des Palestiniens, ainsi que les mauvais traitements et abus de la part de ses forces armées et des colons illégaux de droite, plus il renforce le désir ardent de liberté et attise les flammes de la résistance et de la lutte armée.
Deuxièmement, le Hamas en particulier, et les Palestiniens en général, n’ont pas réussi jusqu’à présent à obtenir leur indépendance par la lutte armée. Chaque fois qu’ils recourent à la violence, ils sont sévèrement et impitoyablement frappés et leur oppression se renforce encore davantage.
Troisièmement, plus l’occupation israélienne et la résistance palestinienne perdurent, de même en ira–t-il avec l’état de guerre et d’instabilité, et ceci au détriment des deux parties.
Quatrièmement, plus la guerre actuelle sur plusieurs fronts se prolonge, plus il est probable qu’éclate une conflagration régionale plus large aux conséquences potentiellement désastreuses.
En fait, pour remédier à cette situation, il faudrait qu’Israël mette fin à son occupation de type apartheid et cesse l’expansion de ses colonies illégales, pour plutôt reconnaître les droits et les aspirations des Palestiniens à l’autodétermination. Cela permettrait enfin de freiner la résistance de l’armée palestinienne appuyée par d’autres groupes régionaux, et supprimerait du même coup tout prétexte permettant à l’Iran de jouer un rôle dans ce conflit.
Même en reconnaissant pleinement ce fait, Israël doit résister à sa volonté de poursuivre le projet du «Grand Israël» qui repose sur l’intégration de pans entiers de la Cisjordanie à Israël aux dépens des Palestiniens, et se contenter de ses réalisations et de ses victoires pour commencer à mettre en œuvre des politiques et des mesures véritablement conséquentes pour sa sécurité. Cette approche devrait conduire à la conclusion inéluctable suivante : la recherche d’une solution à deux États et la coexistence dans la paix et l’harmonie sont les seuls moyens de répondre aux ambitions et aux attentes des deux parties. Avec de la patience, une intention honnête et une détermination acharnée, cette partie du monde pourrait enfin retrouver son humanité.
Version anglaise
The Israel-Hamas War – When will merciful humanity come back? (Part II)
The atrocities being committed with unrelenting persistence against the Palestinians in Gaza and the West Bank and their cataclysmic consequences have been recounted in Part 1 of this two-article series. (1) What Part 1 could not fully convey, however, are the palpable human feelings and actual suffering of Palestinians when facing constant panic, extreme physical hurt, mental anguish, severe hunger and thirst, grief, distress, despair, stress, tenseness, the agony of living under continuing murderous conditions, the torment of never-ending doom and the wretchedness of daily life. Even the images displayed in many reports about the war do not capture the true and full extent of the apocalyptic destruction of the Gaza Strip and the killing, destitution and suffering of its people.
Part I also did not discuss the human impact of the 7 October 2023 terror attack on southern Israel. Surely, Israelis suffer similarly from insecurity, loss of loved ones, displacement, stress disorders, anguish, anxiety, economic loss and agonize over the safety of their hostages.
Part II this two-article series discusses the strategic and perspicacious conditions that must prevail and the choices that Israel, Palestinians and others must make to stop the Gaza war, release the hostages, bring about calm and peace in the Occupied Territories and the region. It does not, however, discuss the grim war in Lebanon, which is overshadowing the continuing assault on Gaza, or the possibility of a wider regional war that, from all appearances, many interlocutors are attempting to circumscribe.
Destruction à Gaza après une frappe aérienne israélienne Cette image montre les décombres d’un bâtiment à Gaza, illustrant l’ampleur des destructions causées par le conflit. Crédit photo : @Getty Images
Stop arming Israel
The conflagration ignited against Gazans is enabled and emboldened, even sanctioned, by Israel’s benefactor states (notably the United States and, to a lesser extent, Germany) since they continue to arm and provide it tacit political cover under the guise of Israel’s need to defend itself and obligation to protect its people. After a year of hellish assault on Gaza and the near-total obliteration of the Strip and Hamas, rendering it incapable of mounting any significant attack on Israeli territory, what justification remains to continue to provide offensive weaponry designed for mass killing and destruction? How can the supporters of Israel continue to witness the obscenity of repeated atrocities with impotence and numbness? How do they continue to allow it to act without accountability and with impunity? How is it that they do not comply with international humanitarian law (1949 Geneva Conventions that protect non-combatant citizens from the impact of war), human rights law and their own laws and policies regulating the use of their arms in attacking civilian targets? How is it that they do not understand that by supporting and covering for Israel, they are complicit in the war crimes that are being perpetrated by their client against innocent civilians in Gaza and the West Bank? Do they not realize that theycan end the catastrophic suffering of the besieged Gazans instead of fueling and prolonging it?
There is also a gaping double standard in the West’s treatment of similar circumstances. In supplying Ukraine with substantial volumes and variety of weapons to defend itself against Russia, it imposes and enforces precise and severe restrictions on how and where Ukraine can deploy these weapons, on threat of withdrawal of its support. On the other hand, no such restrictions are foisted on Israel in “defending itself”. The war in Gaza is asymmetrical, with one side exploiting an immense advantage in armament and military prowess to cause as much death and destruction as possible in order to exact revenge and incapacitate its enemy. And it is allowed to continue doing that.
The ongoing decimation of people and property in Gaza can be stopped and a cease fire imposed with a simple act of suspending arms shipments to Israel or placing restrictions on their use in Gaza. This will demonstrate that the major arms suppliers to Israel arenot willing to tolerate further military operations that consistently breach international humanitarian law and defy their national laws and guidelines on the use of arms they supply to Israel. Hence, they would end their complicity in the commission of international crimes.Finally, some of Israel’s suppliers of weapons have just now started to contemplate such an approach.
Furthermore, Israel’s response to Hamas’ attack a year ago has exceeded any measure of proportionality, more than 42 to 1 in terms of human life and incomparable destruction of habitat. It is evident that Israel’s current government does not want peace or a just resolution of the Israeli-Palestinian conflict. It persists in ignoring global pleas for a cease fire, continues its killing fields, oppression and brutal occupation, assassination of its enemies, transgression of its neighbours’ airspace to conduct targeted operations, annexing Palestinian territory and turning a blind eye to, even providing tacit acceptance and support of, its illegal settlers’ violent removal of Palestinians off their ancestral lands and their supplantation with Israeli settlers.
This is not consistent with globally-accepted ideals of justice, humanity, freedom, fairness, mutual respect, human dignity and sanctity of life that all nations and people of the world desire and strive for. Israel and its supporters exhort and preach others on these ideals, except when it comes to the Palestinians, the only people on earth who are still the subjects of foreign military occupation, consistently deprived of their rights, freedoms and certainty of the future.
For reasons of humanity, decency, clemency, the upholding of these ideals and respect for international and national laws, this situation must be rectified.
Halt the dehumanization of Palestinians
In announcing a total blockade of the Gaza Strip at the start of the war, Yoav Gallant, Israel’s Defense Minister, stated that “there will be no electricity, no food, no water, no fuel, everything will be closed. We are fighting against human animals and will act accordingly.” This statement gives full expression to long held sentiments and practices of Israelis against their Palestinian neighbours.
Dehumanizing references to Palestinians are rife in Israeli politics, media, military and general parlance and include such denigrating terms as unequal to Jews, sub-human, primitive, backward, “children of darkness” (Netanyahu), “beasts and asses” (Rabbi Batzri), human garbage, barbaric, rat-like, vermin, snakes, pigs, vampires, dogs, monkeys, moles, roaches, leeches, lice and “Araboushim” (a pejorative word for an Arab similar in connotation to “nigger”). Those methods can be found in past history. Recall the genocide that took place in Rwanda in 1994 when according to the United Nations around 800 000 Tutsis were killed by extremist Hutus. Tutsis were then compared to cockroaches that needed to be exterminated.
Dehumanization of Palestinians is also evident through segregation, infringement on their lives, livelihoods and dignity, subjecting them to degrading treatment, stripping and publicly parading detainees, spitting on them, stepping on their heads and backs, denying them basic human rights, incarcerating them without indictment or avenues of appeal, bulldozing their homes, passing discriminatory laws denying them citizenship and political rights. For a fuller discussion of Israel’s maltreatment of Palestinians, refer to “Apartheid in Palestine”. (2)
Journalistes couvrant le conflit à Gaza. Cette photographie montre des reporters sur le terrain, documentant les événements malgré les dangers, mettant en lumière le rôle crucial des médias en temps de guerre. Crédit phto : @Shutterstock
The press coverage in the West also plays a role inamplifying the dehumanization of Palestinians since the way language and contexts are presented determine consumption and understanding. For instance, the characterization of the killing of civilians in Gaza and Ukraine in many reports show that Gazans are dying by the heap through “acts of war”, while Ukrainians are being killed directly by “Russian bombs”. Another example is the killing of media personnel. In Gaza, hundreds of journalists have been killed in the “Israel-Hamas war”, while “Russia” killed journalists in Ukraine. In the Gaza context, direct responsibility under international law that protects non-combatants in Gaza is not imputed to the Israel, but Russia is mentioned by name as the culprit.
The prevalence of racist, dehumanizing language and hate speech against Palestinians in Israeli media dates back decades. On one occasion in July 2014, the United Nations Special Adviser on the Prevention of Genocide and Special Adviser on the Responsibility to Protect drew attention to this fact and the need to “take immediate measures to ensure the protection of the [Palestinian] population”. (3)
These appellations and mischaracterizations haveserious repercussions on Palestinians because they create sentiments of detachment, aloofness, insensitivity and lack of identification with them. They reinforce the notion that Palestinians as a people, their lives, lands, culture, beliefs, customs and history do not align with those of Israelis and, therefore, can be discounted, even blotted out. This is how Israelis justify that Palestinians do not merit any rights, spaceor latitude for culture or politics. They can be ruled through force and oppression, and subjected to Israel’s will and designs. And it is precisely the strategy Israel is using to legitimize the war crimes it is committing. They are war crimes because Israel is bombing safe zones, civilian areas, hospitals, United Nations protected compounds, medical and media personnel and blocking access to medicine, food, water, electricity and other essentials to sustain life. The inescapable conclusion that flows from these murderous activities is that since Palestinians are “animals”, their elimination is legitimized. This is reminiscent of how the Nazis treated the Jews once upon a time.
There is also the notion of accepting, without compunction, the death and maiming of Gazans, irrespective of the number, who may be present within range of military targets, otherwise referred to as collateral damage. This reference denudes Palestinians of any humanity as though they represent inanimate objects or lower species that can be disposed of apathetically, dispassionately.
In order to reduce the wanton violence and ease the tensions of the conflict, a process of rehumanization, or the reaffirmation of identity and the value of human life and restoration of human dignity, must be engaged. It is paramount. At the heart of this process is the ability to reverse hate, disrespect and disdain and to consider that every Palestinian killed or abused is a human being, with a life, family, background, connections and context. That he is deserving of consideration, understanding and justice. That it is possible to cultivate and nurture with him a sense of community, based on shared goals of peace, coexistence and prosperity. It is also the ability to generate optimistic feelings about the construction of a shared humanistic future resulting in a moral approach to interactions, positive contact, and mitigation and avoidance of violence.
Current dynamics
With its military successes on many fronts, enabled bythe explicit or tacit support of the United States and others, Israel’s current government is clearly feeling emboldened to continue its military campaign to “achieve total victory” (as Netanyahu keeps harping) and change regional dynamics to suit its security needs and expansionist designs rather than to address the root causes of conflict and war: namely, Israel’s ruthless occupation and annexation of Palestinian territories and denial of their rights and aspirations for independence and self–determination.
Netanyahu’s strategic calculus favours continued decisive wars over Israel’s enemies which seem to boost his political fortunes and stability of his coalition government. Therefore, he has no incentive at presentto yield to international urgings for a diplomatic settlement of the wars in Gaza and Lebanon. But once the wars end with a resounding Israeli triumph, as their trajectory is indicating, Israel’s main existential conundrum will remain unaddressed, requiring some type of resolution.
Either Israel will decide to reoccupy parts or all of Gaza and reinforce its military control of the West Bank, maybe even annex it, which will perpetuate violent resistance and armed struggle, or it may opt to work with Palestinians on some type of settlement, imposing its terms as the victor. But even in victory, the current Israeli government is being most recalcitrant to consider any approach other than war and coercion.
Since there are 7 million Israelis and 7 million Palestinians inhabiting the land and both are determined to remain, a strategy for cohabitation must essentially be declared, or a state of permanent war and atrocities will continue to reign.
Change of governance
It is evident that no country can live in circumstancesof perpetual war and insecurity. Nor can a state continue to rule over an indigenous people immutably. At least since the 1967 war, Israel has adopted a policy of permanent and incremental expansion and harsh military domination of Palestinians rather than creating peaceful conditions for its security. For its decision, it has had to face repeated uprisings, armed resistance and civil unrest resulting in wars, acts of extreme violence and disproportionate retaliatory use of force by Israel.
Israel can crush Hamas and all other movements, decimate infrastructure and render survival nearly impossible, but it will not be able to exterminate the burning desire of a people for its freedom and self-determination. History is replete with examples of peoples struggling for freedom and survival. The principal reason for the support that Hamas and other armed groups receive within the Palestinian population is because they fight for the realization of this desire.
As such, the only way to resolve this conundrum is through diplomacy, institution of a policy of mutual recognition and respect and pursuit of a reasonable political horizon for Palestinian self-rule and coexistence. Unfortunately, the political will for such a policy does not currently exist in Israel. For that reason, a total political transformation and complete change of mindset are needed for the actualization of a sensible approach to ending hostilities.
Even if Netanyahu’s government were to fall or lose the next election, there is no other leader in prospect with the prescience and will to move things in the direction of conflict resolution rather than exacerbation. The need for such a leader has never been greater. And until the arrival of such a figure on the scene, current conditions are likely to prevail.
In any event, for Israel’s retaliatory response, which has been punishingly genocidal, merciless, disproportionate and without a declared strategic end, causing the near obliteration of the Gaza Strip and decimation of its people, Israel’s leaders must be pursued, prosecuted and judged at the opportune time, and distanced from any role in addressing the Palestinian question.
On the Palestinian side, while resistance, even if armed, against occupiers of one’s land and usurpers of one’s freedoms could be rationalized, visiting death and violence on civilians cannot, ever, be justified or excused. Hamas committed an abominable assault on 7 October 2023 for which its perpetrators deserve to be pursued, prosecuted and judged according to applicable laws. Hamas should be abstracted from governance and dissociated from power for their intractably erroneous choices of action.
Finding an alternative to Hamas must, therefore, be speedily acted on, especially that its governing mandate has long expired and a majority of Gazans no longer want Hamas in power (currently at 40% support according to a survey published on 12 June 2024 by the Palestinian Center for Policy and Survey Research). A Gazan governing body could be constituted with the approbation of Gazans through some kind of plebiscite, encouraged and facilitated by a willing Israel and other states (e.g. Saudi Arabia, Türkiye or Norway), especially now with the elimination of the Head of Hamas, Yahya Sinwar. This body would engage in direct and immediate cease fire negotiations with Israelto release hostages and spare Gazans further decimation and destitution, and establish responsible governance to begin the process of addressing the monumental needs of the enclave’s population.
In short-term and equally important, is the rehabilitation of the Palestinian Authority on the basis of legitimacy and incorruptibility (through free and fair election of a new competent and representative government), the unification of all factions under its banner, and the adoption of a Palestinian–wide policy of non-armed resistance and insistence on, initially, fair treatment by Israel to ease tensions, followed bypursuit of avenues for the settlement of the conflict. The basic tenet here is to eliminate any pretext for Israel to claim threats to her security or the lack of a legitimate Palestinian government with which to negotiate.
It is also important for Palestinians to overhaul and develop all governmental institutions and practices in order to qualify for membership in the United Nationsas some veto wielding members of the Security Council, who recommend membership to the General Assembly, do not believe that Palestine qualifies for membership under the UN Charter and, therefore,withhold their affirmative vote. Briefly, the Charter requires UN Members to uphold international law, maintain international peace and security, attain higher standards of living for their citizens, address economic, social, health, and other related issues, and foster respect for, and bestowal of, human rights and fundamental freedoms to everyone regardless of race, religion, language or sex.
Once qualified for UN membership, it becomes muchless tenable for Israel to dodge negotiation of a peace settlement with the Palestinians.
In summary, unless a change of governance and mindset on both sides is achieved, a sensible and humane alternative to repeated violence and perpetual occupation cannot be seriously considered and pursued.
Strategies for change
Israel’s current government, or a future government, is not likely to curtail its assault on Hamas, Hezbollah and others, even after the extermination of most of their leaders, until it has fully exacted its revenge, completely defanged the military capabilities of all resistance groups, freed its hostages, ensured the security of its people and territories and rationalized that a similar attack to 7 October 2023 can never happen again.
However, in order to free its hostages and introduce a change in the governance of Gaza, Israel should proffer clemency to the innocent Gazan population. This could include pausing the violence and allowing Gazans a respite to consider options other than remaining pawns in the lethal tussle between Hamas and Israel. Accompanying this pause would be a direct message to Gazans, especially now after the killing of Sinwar, that if Hamas lays down its arms and frees the remaining Israeli hostages, Israel would cease bombardment and allow a process for the election of a transitory governing body, as mentioned above.
Abraham Accord countries and/or others acceptable to Gazans could be involved in this process. They would approach leading families, respected figures and community leaders to actualize the plebiscite, to the best possible extent under the circumstances, and elect a temporary governing body to transition away from Hamas. Gazans do understand that the status quo cannot continue and their best chance to stop the war and build a safe future is to effect a change in its governance. Israel should facilitate this process and not obstruct it because it plays into its plans of removing Hamas from power, obliging Hezbollah to relent on lobbing missiles into its territory and sidelining Iran.
At the same time, undertakings for the institution of a regional arrangement to guarantee Israel’s security could be commenced. A coalition of Arab and European countries acceptable to Israel could assume this role while Israel suspends its onslaught and gradually withdraws from Gaza. In this way conditions for calm and an understanding established that the parties are heading towards de-escalation and negotiation.
If the situation can reach this threshold, where Hamas as a governing entity is replaced, Israeli hostages released, the Palestinian Authority reformed, a declaration of a policy of abandoning violent resistance, but not aspirations, by all Palestinians adhered to, and Israeli security bolstered, then Gulf States, European Union States and the United States can offer financial and technical assistance to begin the enormous task of reconstruction of Palestinian lives and habitat, restitution of health and environment,restoration of humanity and dignity and reassurance of a viable future.
In facilitating all of the above, Israel must institutestrategies and measures of stabilization and progress towards a peace settlement. It must find a way to act not out anger, trauma and hate, but out of a need to bring about a permanent peace. In the words of Ami Ayalon, former Head of Shin Bet (Israel’s internal security service), former member of the Knesset and former navy admiral: “Israel will not be safe until we give Palestinians their freedom”.
If, by chance, after accomplishing the transition in Gaza, release of hostages, reformation in the West Bank, setting up of the required governmental infrastructure for the launch of a bid for UN membership and observance of the non-armed resistance Israel does not follow through with initiatives for a pathway to Palestinian statehood, Palestinians can set in motion persistent and impactfulcampaigns of outreach and sensibilization of foreign governments, international and regional organizations, commercial entities and backers of Israel, to appeal for their help in exerting sustained pressure on Israel to negotiate a settlement.
The objective here is to capitalize on the sympathy of the world garnered through exposure to a year of atrocities, extreme suffering, staggering deaths, near-total destruction of Gaza, unprecedented bloodshed and demolition in towns and villages in the West Bank.These campaigns would also underscore Palestinian historical suffering and agony, continuing loss of territory to radical right–wing settlers, the inhumanity of their lives, and the continuous breach of international law by Israel.
The outreach campaigns are likely to mobilize multiple countries to persuade Israel to change tack, leading to institution of direct talks with the Palestinian representative government. One or more of these countries could play the honest broker in the development of a framework for negotiations of asettlement of the Israeli-Palestinian conflict that respects the aspirations and needs of both peoples.
Conclusion
Success in the implementation of the above strategies would result in initiating alternatives to war, reduction of hostilities, return of calm and peaceful existence.
A number of things have become amply clear. First,the longer Israel maintains its occupation of Palestinian territories, siege of Gaza, expansion of illegal settlements, erosion of Palestinian rights and dignity and maltreatment and abuse by its armed forces and right-wing illegal settlers, the more it reinforces the burning desire for freedom and fans the flames of resistance and armed struggle.
Second, Hamas in particular, and Palestinians in general, have not hitherto been able to gain their independence through armed struggle. Every time they resort to violence, they are severely and mercilessly clobbered and their oppression tightened further. Third, the longer the Israeli occupation and Palestinian resistance endure, the longer the state of war and instability will go on, to the detriment of both sides.Fourth, the longer the current multi-front war continues, the more likely a wider regional conflagration will erupt with possibly disastrous consequences.
As such, the only solution to this state of affairs is for Israel to reverse its apartheid-like occupation and expansion of illegal settlements, and recognize Palestinian rights and aspirations for self-determination. These acts alone will curb Palestinian armed resistance, the support they attract from other regional groups, and remove the pretext for Iran to play any role in the conflict.
While Israel fully recognizes this fact, it must resist its impulse to carry on with the “Greater Israel” project that is premised on the integration of swathes of the West Bank into Israel at the expense of Palestinians, content itself with its achievements and victories and begin to implement policies and measures truly consequential for its security. This approach shouldlead to the ineluctable conclusion that pursuit of a two-state solution and co-existing in peace and harmony arethe only means to accommodate the ambitions and expectations of both sides. With patience, honest intent and dogged determination, humanity can be regained.
Notes
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Statement by the Special Advisers of the Secretary-General on the Prevention of Genocide, Mr. Adama Dieng, and on the Responsibility to Protect, Ms. Jennifer Welsh, on the situation in Israel and in the Palestinian Occupied Territory of Gaza Strip. Le 24 juillet 2014, les Conseillers spéciaux du Secrétaire général des Nations Unies pour la prévention du génocide, M. Adama Dieng, et pour la responsabilité de protéger, Mme Jennifer Welsh, ont exprimé leur profonde préoccupation face à l’escalade de la violence dans la bande de Gaza occupée. Ils ont condamné le nombre élevé de victimes civiles résultant des opérations israéliennes et des tirs de roquettes par le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens. Les Conseillers ont souligné que ces actions pourraient constituer des crimes atroces en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’homme. Ils ont appelé toutes les parties à respecter les principes de distinction et de proportionnalité, et ont insisté sur la nécessité d’enquêtes impartiales pour tenir les responsables de violations graves responsables de leurs actes.