Le Canadien de Montréal : humiliation et réflexions sur une équipe en perte de fierté
Jamais, dans toute son histoire, le Canadien de Montréal n’a été aussi humilié. Des défaites écrasantes de 7-2 et 8-2 à domicile laissent présager une frustration grandissante parmi les partisans. Ne serait-il pas surprenant, dans un avenir proche, de voir des spectateurs arborer des sacs en papier sur la tête en guise de protestation ? Ce geste symbolique pourrait bien être la secousse nécessaire pour réveiller l’homme de la « bonne bière ».
Un épisode marquant de cette dégringolade s’est produit lorsqu’un party d’Halloween a eu lieu pour les joueurs, au lendemain d’une cuisante défaite de 7-2. Ce comportement aurait été impensable dans les années 60, 70, 80 et 90, une époque où l’esprit d’équipe et la dignité faisaient partie intégrante de l’identité du Canadien. À cette époque, un entraîneur comme Scotty Bowman n’aurait pas hésité à exprimer sa colère. Aujourd’hui, Martin St-Louis, un ancien joueur au caractère bien trempé, doit prouver qu’il peut être un entraîneur-chef à poigne. Se faire battre 8-2 par une équipe d’expansion est un affront inacceptable pour une organisation de cette envergure.
Ce qui est encore plus désolant, c’est le coût pour assister à un match au Centre Bell : le prix des billets, les frais de stationnement, le coût exorbitant de la bière et des hot-dogs. Et malgré tout, la direction a l’audace d’augmenter les tarifs. La « reconstruction » ? Un leurre. La direction a réussi à insuffler cette notion aux journalistes et aux commentateurs sportifs, qui reprennent cette ligne directrice sans la remettre en question. Imaginez un instant les Yankees de New York évoquant une reconstruction après une défaite en Série mondiale !
Mario Roberge, ancien joueur du Canadien et actuel entraîneur-chef des Aigles de Pont-Rouge, fait justement remarquer que les Bruins de Boston, de toute leur histoire, n’ont jamais parlé de « reconstruction ». Il soulève aussi un autre point sensible : pourquoi le Canadien compte-t-il si peu de joueurs francophones dans son équipe ? « Nous étions 13 Québécois dans l’équipe lors de notre victoire en 1993. Je préfère perdre avec des gars de chez nous, des joueurs comme Belzile, Roy, Boulet, qui ont la fierté et le désir de vaincre, plutôt qu’avec des étrangers sans liens avec notre culture », affirme Roberge, visiblement peiné par la situation actuelle du Canadien.
Il déplore également les « cliques » qui minent le monde du sport, tout comme d’autres domaines, où « les amis des petits amis » occupent souvent des postes clés, sans forcément être les plus compétents. Un constat qui trouve d’ailleurs un écho en politique.
Le Canadien de Montréal traverse une période difficile, et la passion de ses partisans reste intacte. Mais combien de temps encore seront-ils prêts à supporter ces humiliations sans une remise en question profonde de l’organisation ? Le « reset » ou la « reconstruction » ne sauraient être des excuses pour une équipe dont le prestige a longtemps fait la fierté des Québécois.