La période des fêtes, prolifique en spectacles de saison, regorge de propositions qui, souvent, peinent à surprendre. « Un Piano pour Noël », annoncé cette année, semblait s’ajouter à la longue liste de concerts dédiés à cette thématique.
Ici, point de décors somptueux ou d’artifices tape-à-l’œil. La sobriété prévaut : une scène presque nue, habitée seulement par un piano et quelques chaises et lutrins. Cette simplicité rappelle l’humilité de la Nativité elle-même. Mais ne vous y trompez pas : ce minimalisme sert d’écrin à une performance d’une richesse et d’une intensité rares.
La magie de Noël
Dès l’ouverture, la magie opère, les premières notes du programme transportent l’audience. « La Ronde des Bergers » d’André Gagnon, subtilement interprétée, pose un cadre enchanteur et prometteur. Quatre ans après le départ du compositeur québécois, sa musique reprend vie sous les doigts du pianiste Stéphane Aubin qui dirige un ensemble de cordes de quatorze musiciens.
Stéphane Aubin, un très grand musicien
Les morceaux suivants confirment la promesse initiale : chaque note, chaque nuance dévoile une maîtrise parfaite de l’interprétation, de l’harmonisation et de l’émotion. Stéphane Aubin, en chef d’orchestre discret mais magnétique, dialogue avec ses musiciens. Il faut les entendre jouer «Marie-Noël » de Claude Gauthier et Robert Charlebois à la manière de l’Air sur la corde de sol de Jean-Sebastien Bach ou encore la « Danse à St-Dilon » , style Casse-Noisette de Tchaikovsky.
Le piano, véritable pilier du spectacle, ne sert pas uniquement de base harmonique. Sous les mains de Stéphane Aubin, il prend vie, dialogue avec les autres instruments, raconte des histoires. L’artiste rend chaque morceau unique, insufflant modernité et sensibilité à des œuvres parfois centenaires.
L’envoûtant Vladimir Kornéev
Vladimir Kornéev, avec sa voix chaude et profonde ajoute une dimension supplémentaire au récit musical. Des classiques revisités côtoient des compositions moins attendues, parfois audacieuses. Ce chanteur originaire de Géorgie possède un charisme indéniable. Le public apprécie son côté exotique et ses effets de toge qui lui permettent de prendre quelques libertés sur l’orthodoxie des pièces qu’il interprète et de mettre en valeur l’étendue de son registre vocal. Il envoûte les spectateurs lors de sa reprise de « Minuit, chrétiens » : un moment suspendu, où la salle entière retient son souffle. Quant aux musiciens, leur virtuosité éclate dans chaque intervention. Ensemble, ils tissent un univers sonore qui dépasse le cadre traditionnel des concerts de Noël.
Un moment unique de ressentir la joie de Noël
Sans effets spéciaux ni mise en scène extravagante, « Un Piano pour Noël » repose sur une vérité artistique pure et sincère. Cette soirée redéfinit ce que peut offrir un concert de fêtes : un moment d’introspection, de communion et d’émerveillement.
Une ovation finale couronne cette soirée mémorable, laissant le public ému, reconnaissant et transformé. « Un Piano pour Noël » s’impose comme bien plus qu’un concert : une expérience à la fois intime et universelle.