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Questionnaire de P(oés)I(e) : Carole David

Carole David. Crédit photo @Lettres québécoises/Hamza Abouclouafaa Carole David. Crédit photo @Lettres québécoises/Hamza Abouclouafaa
Carole David. Crédit photo @Lettres québécoises/Hamza Abouclouafaa

Bonjour,

Nous avons le grand plaisir de recevoir aujourd’hui au questionnaire de P(oés)I(e), la poète Carole David.

Présentation :

Née à Montréal dans le quartier Rosemont, Carole David détient un doctorat en études françaises. Elle a fait carrière comme professeure de littérature au niveau collégial et se consacre maintenant à l’écriture. Son œuvre, qui mêle narrativité et poésie, américanité et féminité, a été récompensée par des prix importants. Ses livres ont été traduits en français et en italien.

1-Qu’est-ce qui vous a amené à la poésie ?

La solitude m’a amenée à la poésie. À l’adolescence, comme d’autres, je me suis réfugiée dans la lecture. La poésie était ma révolte et mon combat. Recluse dans ma chambre ou à la bibliothèque, j’essayais de saisir le monde dans les poèmes d’Artaud, de Ponge, de Gaulin, de Yvon et de Théoret. Au début de ma vingtaine, la rencontre avec les frères Hébert, fondateurs des Herbes rouges, a été déterminante dans mon cheminement et mon engagement en littérature. 

2-Pouvez-vous nous indiquer un livre que vous aimez particulièrement ?

« Lecture en vélocipède » d’Huguette Gaulin publié aux Herbes rouges, un livre qui m’a donné toutes les permissions. La poète a écrit dans une grande liberté langagière en laissant se déployer son imaginaire porté une énergie poétique singulière.

3-Pouvez-vous nous dévoiler un ou deux de vos poètes préférés et pourquoi ?

Josée Yvon et Amelia Rosselli. La première est mon phare. Je lui dois mon premier livre fortement inspiré par son écriture. Il y a une dizaine d’années, j’ai découvert la poète italienne Amelia Rosselli qui jongle avec trois langues le français, l’anglais et l’italien. Elle est aussi la traductrice italienne de Sylvia Plath et a connu une fin tragique comme elle. Sa poésie complexe par sa métrie force l’admiration.

4-Quelle est votre dynamique d’écriture ?

Ma dynamique a changé avec les années. Depuis que j’ai quitté l’enseignement, je suis plus indulgente envers moi-même. Je me fixe des objectifs réalistes en essayant de les accomplir durant la semaine dans un temps fragmenté, ouvert ponctué de marches, de lectures, de films et de conversations avec des ami.e.s. J’écris tôt le matin, je ne panique plus quand l’écriture n’arrive pas. Le silence m’accompagne et me nourrit.

5-Pouvez-vous nous présenter votre dernier recueil, sa naissance, son thème, ses inspirations ? 

Mon dernier livre « Le programme double de la femme tuée » a été écrit grâce à une résidence à Rome de six mois, offerte par le CALQ, j’ai profité de ce ressourcement pour m’imprégner de l’atmosphère de cette ville palimpseste. À mon retour, j’ai écrit une forme de journal à rebours dans lequel est consigné la grande et la petite histoire des femmes tuées à travers l’histoire de cette ville.

6-Pouvez-vous nous en offrir un ou extrait ? 

« Je m’égare dans les rues de Roma avec pour seul guide la lumière crue de mon téléphone. Beatrice, la belle parricide, condamnée par la justice des papes porte sa tête décapitée sur le Ponte Sant’Angelo. Elle cherche sa belle-mère et ses frères. L’archange Michel l’a ignorée, s’est détournée sur son passage. Le lendemain, je la rejoins au Palazzo Barberini. Elle me sourit la veille de sa mort annoncée sur un tableau célèbre. Puis, j’arpente les allées du château de son père. »

Nuit du 11 au 12 septembre 2019

7-Y a-t-il un site de poésie que vous nous recommanderiez et pourquoi ? 

Lyrikline 

https://www.lyrikline.org/es/home/

Poetry Fondation

https://www.poetryfoundation.org/

Il est possible de lire des poètes du monde entier et de faire des découvertes en consultant ces deux sites. 

8-Le mot de la fin

Presqu’à mon insu, je suis devenue poète. J’ai utilisé ce qui m’enfermait pour écrire comme les autres poètes que je lisais et fréquentais. Je me suis nourrie du patrimoine littéraire et j’en ai fait une expérience en la conjuguant à ma voix intime et politique. Cela me suffirait, me disais-je. Puis, j’ai imaginé une manière de traduire ma passion pour l’écriture en construisant mon atelier semblable à ma vie fragile et morcelée. 

Voilà, un très grand merci chère Carole d’avoir joué le jeu du Questionnaire de P(oés)I(e), et pour ces réponses qui nous permettent un instant d’entrer dans votre riche univers littéraire. Je vous souhaite tout le succès que vous méritez amplement.

LIVRES

POÉSIE

Terra vecchia, 2005
Abandons, 1996

ROMANS, RÉCITS ET NOUVELLES 

Histoires saintes, nouvelles, 2001 (coll. «Territoires», 2012), 2022
Impala, roman, 1994 (coll. «Territoires», 2007)

FINALISTE, PRIX FRANCOPHONE INTERNATIONAL DU FESTIVAL DE LA POÉSIE DE MONTRÉAL, 2023

FINALISTE, PRIX LITTÉRAIRES DU GOUVERNEUR GÉNÉRAL, 2022

PRIX ATHANASE-DAVID, 2020

GRAND PRIX DU LIVRE DE MONTRÉAL, 2019

PRIX DES LIBRAIRES, 2016

GRAND PRIX QUÉBECOR DU FESTIVAL INTERNATIONAL DE LA POÉSIE, 2016

FINALISTE, GRAND PRIX DU LIVRE DE MONTRÉAL, 2015

PRIX ALAIN-GRANDBOIS, 2011

FINALISTE, PRIX DES LECTEURS DU MARCHÉ DE LA POÉSIE DE MONTRÉAL, 2011

FINALISTE, PRIX LITTÉRAIRES DU GOUVERNEUR GÉNÉRAL, 2010

PRIX DE L’ACADÉMIE DE LA VIE LITTÉRAIRE AU TOURNANT DU XXIE SIÈCLE, 2010

FINALISTE, GRAND PRIX QUÉBECOR DU FESTIVAL INTERNATIONAL DE LA POÉSIE, 2006

FINALISTE, PRIX LITTÉRAIRES DU GOUVERNEUR GÉNÉRAL, 1999

PRIX DE POÉSIE TERRASSES SAINT-SULPICE DE LA REVUE ESTUAIRE, 1996

FINALISTE, GRAND PRIX LITTÉRAIRE DU JOURNAL DE MONTRÉAL, 1994

FINALISTE, GRAND PRIX DU LIVRE DE MONTRÉAL, 1994

PRIX ÉMILE-NELLIGAN, 1986

 

Christophe Condello est poète, blogueur et directeur littéraire de la collection Magma Poésie chez Pierre Turcotte Éditeur.