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Un avenir radieux de Pierre Lemaître, roman.

Pierre LEMAITRE Pierre LEMAITRE
Pierre LEMAITRE

Les tableaux de Lemaître. Un avenir radieux, de Pierre Lemaître, Calmann Lévy, 585 p.

Autant vous dire que la venue du romancier Pierre Lemaître fut une visite rare. Drôle et doté d’une grande répartie lors de son passage à l’émission Tout le monde en parle, il était de passage pour Un avenir radieux, troisième tome de sa saga familiale du XXe siècle. S’inscrivant dans la tradition d’Émile Zola, de Victor Hugo et d’Alexandre Dumas, cet auteur moderne nous avait déjà éblouis avec Au revoir là-haut (prix Goncourt), qui se déroulait pendant la Première Guerre mondiale.

S’appuyant sur un vaste canular immobilier, combiné à la cupidité de certaines élites financières, il a brossé le tableau des Pelletier, une famille qui prospéra en dépit du naufrage de la France en 1940, lorsque ce pays se résigna à collaborer avec son ennemi. Scénariste pour les films Au revoir là-haut puis Le temps des incendies, tout s’est conjugué pour former un succès qui dépassait certainement ses plus humbles espérances. Il aurait pu se reposer, mais c’était mal connaître ce marathonien de l’écriture, qui est aussi un sportif d’endurance, à ses heures.

Si je comprends bien, Pierre Lemaître, le repos ne fait pas partie de votre vocabulaire ?

En effet, j’ai su que l’histoire de la famille Pelletier ne me laisserait pas tranquille après avoir terminé Au revoir là-haut et sa suite. Dès que j’ai refermé le livre, une idée tenace m’est venue à l’esprit : un nouveau roman de 500 pages.

L’avenir radieux que vous venez de nous présenter fait partie d’un cycle qui a débuté en 2002 avec Le Grand Monde, dont le thème était surtout l’Indochine française. Il est suivi par Le Silence et La Colère (2023), où il a été question d’industrialisation et des femmes prisonnières du carcan d’une époque. Là encore, c’est l’histoire, et j’ai eu l’impression que vous avez fait deux thèses de doctorat.

J’ai laissé le contenu historique à l’historienne Camille Cléret, qui m’assiste admirablement dans mon travail. J’aime prendre le sujet à contrepied en liant des thèmes. Mes récits peuvent sembler simples, mais ils sont également profonds. Ils s’adressent à un public varié qui pourra facilement s’identifier. Avec Un avenir radieux, le thème est celui de la guerre froide, dont l’espionnage, qui impliquera la famille Pelletier. J’aimerais dire qu’il y a l’histoire avec un grand H et l’attachement que je porte à mes personnages, qui évoluent dans un univers assez dysfonctionnel. Comme Jean, qui est sous l’emprise de sa femme Geneviève, François, le journaliste intègre qui va se retrouver au cœur d’un réseau d’espionnage, Louis, le héros du début, qui commence à perdre des forces, sans oublier leurs enfants.

Justement, le personnage de la petite Collette est aussi fascinant que touchant.

Tous les écrivains ont trois ou quatre sujets, et l’enfance en est un, dans mon cas. Collette subit les assauts de sa mère, mais elle va trouver le moyen de s’en sortir. Elle est une figure inspirante qui annonce les changements à venir.

Dans Au revoir là-haut, et plus encore dans Couleurs de l’incendie, le monde dit « moderne » fait face à des spéculateurs financiers et, pire encore, à des régimes autoritaires. Je crois que l’histoire bégaie quand nous voyons ce qui se passe.

Disons que cette salope a de l’ironie. Quand JD Vance a prononcé son discours à Munich, souvenons-nous de 1936 : l’air était nauséabond, des relents de néofascisme flottaient dans l’air. Et vous êtes aux premières loges, cousins.

Un avenir radieux

Journaliste depuis 1990, formation en sciences politiques à l’UQAM( relations internationales). Recherchiste, réalisateur et chroniqueur pendant 20 ans à Radio-Canada, au Journal de Montréal pendant 17 ans( jazz, classique et autres). Couverture du Festival de jazz depuis 1990. Collaborateur à Sortiesjazznights depuis 20ans. Auteur des grands noms du jazz en 2000 ( Éditions de l’Homme) et aussi chroniqueur de livres pour le blogue : C’est livre et du bon