Allez Mamie. Le démon de Mamie ou La sénescence enchantée. Par Florence Cestac, Dargaud, 63 p.
Après Le Démon du midi, tout le monde se reconnaîtra dans ce récit, suivi de La Ménopause héroïque, qui vaut bien des discours scientifiques. La bédéiste Florence Cestac est de retour. Toujours avec l’humour que nous lui connaissons, elle porte un regard pince-sans-rire et fait des coups de canif sur les travers de notre société. Elle retrouve son héroïne Noémie, devenue veuve et grand-mère. Une BD féministe, certes, mais aussi une œillade sur le temps qui passe, qui, un jour ou l’autre, finira par nous happer, si notre « palpitant » tient le coup.
Mamie gâteau, experte en spaghettis bolognaise et qui lève immanquablement les yeux quand sa fille lui explique comment élever son petit, elle a aussi rejoint le cercle du « tamalou ». Des petits maux qui surviennent à l’avance en vieillissant sont des sujets de longues discussions avec ses copines, bien qu’elle trouve cela horripilant.
Noémie mène une existence, mais l’avancée en âge ne signifie pas nécessairement une période glorieuse. De la peinture (mais elle n’a aucun talent) au chemin de Compostelle, en passant par la visite d’un barrage en groupe (désopilant), elle s’ennuie souvent. Les pages les plus drôles sont consacrées à la réunion avec les copines. Elles évoquent un temps plus libéral, sans compromis, bien sûr, avant l’arrivée des enfants. Puis les soi-disant clubs de rencontre (là encore, poilade garantie).
C’est l’histoire quotidienne d’une femme mature qui doit s’occuper de ses parents vieillissants, qui ont par moments de la difficulté à distinguer le présent du passé et la confondent parfois avec un voleur ou une conquête d’antan. C’est un regard léger et satirique, ponctué de poésie et de grands éclats de rire. Florence, c’est tout ça. Cette bande dessinée devrait absolument être dans tous les foyers. N’hésitez pas à la partager discrètement avec vos enfants pour qu’ils appréhendent le concept du passage du temps et des souvenirs.