Leonard Cohen, Livre de la Miséricorde

Au début des années 80, Leonard Cohen ne va pas bien. Deuil de sa mère, séparation avec la mère de ses enfants, approche de la cinquantaine. Dans le contexte de cette période difficile, Cohen retourne au judaïsme et explore sa relation avec l’Éternel.

L’image d’un sage

Pour les contemporains d’aujourd’hui, Cohen représente à la fois l’image d’un sage et un prophète. Avant tout, Cohen aura été un hippie, un dandy, un artiste. Il y a chez Cohen, un métissage moderne, de sorte que chacun peut y trouver quelque chose qui lui convient. La liturgie et les pratiques religieuses de la synagogue et de la famille.

Il s’agit d’un ensemble complexe de textes et de pratiques que l’artiste a non seulement reçu, mais qu’il a également tenté de transmettre à ses enfants. Une sagesse d’expériences, c’est-à-dire d’épreuves et d’événements douloureux. L’homme a du vécu, du cuir, des rides. En tant que fan, je suis émerveillé par cette transformation. Dylan l’a fait à la fin des années 70. Personnellement, j’ai tenté plusieurs expériences spirituelles avant de choisir la voie du christianisme. (1 )

50 psaumes

L’artiste montréalais a rédigé plus de 50 psaumes. Cohen se rend à la source de la Miséricorde. La prière et l’affirmation d’une expérience personnelle et spirituelle. Il est en relation par la prière. Il devient l’instrument de Dieu. J’ai choisi le psaume 36 que j’ai eu le bonheur de lire à une soirée de poésie Solo Vox, organisée par Éric Roger en 2018.

« Bien que je ne crois pas, je viens à toi maintenant et je soulève mon doute vers ta miséricorde. Sous le mépris de mon propre orgueil, j’ouvre ma bouche pour te demander encore une fois : Mets fin à ces durs préparatifs. Je me suis fabriqué une couronne avec tes bénédictions et tu m’as enfermé dans l’autodérision. Tu as dit : Étudie le monde qui est sans moi , cette mesure féroce de solitude. J’ai recouvert le chemin du désir sur lequel marche l’Accusateur.

L’Accusateur n’a pas de chanson et il n’a pas de larme. Parle-moi encore. Parle à mes paroles. Donne a ce fantôme la forme des larmes, qu’il passe du rien au chagrin, dans la Création, même l’hiver, même la perte, qu’il ait du poids, qu’il ait un lieu. Découvre-le en larmes et crée un lieu pour son désir langoureux. Le voici dans ta cour, celui qui donne son soutien au trône des louanges. Où ai-je été? J’ai donné le monde à l’Accusateur. Où vais-je? Je vais demander pardon au Très-Haut.«

Une quête personnelle

Lorsque Cohen publie un livre de psaumes, Book of Mercy (titre original, 1984 ), il explique qu’il ne s’agit pas de théologie, mais seulement d’une quête personnelle au-delà du lyrisme et de la colère : être simplement ce que l’on est. L’harmonie dans l’univers sera réalisée lorsque chaque chose et chaque être seront librement et spontanément ce qu’ils sont.

Qui est Leonard Cohen? Un poète-baladin adoré par des millions d’admirateurs? Un itinérant spirituel? En entrevue, il dira : « Je vois les mêmes choses que les autres, mais ces choses n’en restent pas moins ordinaires, je suis libéré de l’exigence qui pesait sur moi afin que tout soit exceptionnel, que je le sois et que mon entourage le soit aussi. »(2 )