Cinéma. Martin et Denis Villeneuve, rencontre

Entrevue avec Martin Villeneuve : un hommage à son frère Denis. Behind the scenes with Martin Villeneuve: A tribute to brother Denis

Entrevue avec Martin Villeneuve : un hommage à son frère Denis.

Voici la transcription partielle d’un entretien avec le cinéaste québécois Martin Villeneuve, en hommage à son frère Denis Villeneuve, récipiendaire de l’Icon Award lors des 12e Prix Écrans canadiens. Tournée à Montréal en mai 2024, l’entrevue met en lumière les rêves d’enfance de Denis et ses œuvres visionnaires récentes, notamment Dune et Blade Runner 2049.

Le cinéaste québécois Martin Villeneuve se confie sur son frère Denis © Josh Usheroff, CSA 2024

Comment était Denis lorsque vous étiez enfants ?

Dès son plus jeune âge, Denis était un rêveur de nature, introspectif, perspicace et doté d’un grand sens de l’humour. Son imaginaire était vif, et l’art de raconter des histoires le fascinait au plus haut point. Malgré une différence d’âge de 11 ans entre nous — Denis étant l’aîné et moi le plus jeune d’une fratrie de quatre enfants — je me souviens de notre enfance comme d’un tourbillon d’aventures nourries par la créativité. Je me rappelle avoir été émerveillé par le talent et l’audace de Denis lorsque, adolescent, il avait filmé sa propre version de la séquence d’ouverture des Aventuriers de l’Arche perdue dans la forêt avoisinante à l’aide du caméscope de notre père. Même pendant nos séances de Lego, Denis ne se contentait pas de construire des vaisseaux spatiaux ; chaque création était accompagnée d’un récit intergalactique intense et captivant. Mes frères et moi fabriquions des sabres laser improvisés à partir de lampes de poche en métal, de tubes en plastique et de duct tape, car à l’époque, on ne pouvait pas acheter le truc officiel au coin de la rue. Et comme les sabres laser sont plus impressionnants quand le soleil se couche, nos batailles épiques se prolongeaient jusqu’à ce que notre mère nous appelle pour souper, nous répétant au moins dix fois de rentrer à la maison.

Encore aujourd’hui, un événement particulier me hante (de manière positive) : je me rappelle vivement d’un scénario de voyage spatial ludique orchestré par Denis et notre autre frère Claude quand j’avais 4 ou 5 ans. Ils m’utilisaient comme cobaye astronaute, confiné dans une boîte avec un casque de hockey et un walkie-talkie. En plaçant des livres Star Wars devant le hublot de la boîte, en simulant le compte à rebours et en soulevant la boîte, ils ont su complètement créer l’illusion du décollage, me faisant croire que j’embarquais vraiment pour un voyage spatial. La lumière rouge du congélateur du sous-sol devenait une planète lointaine — probablement Mars !

De plus, je me souviens de Denis et de son ami Nicolas Kadima travaillant sur des storyboards pour Dune alors qu’ils avaient à peine 15 ans, un projet qui résonnait profondément en lui, même à l’époque. C’est un vrai clin d’œil du destin que j’aie découvert ces storyboards perdus depuis près de 40 ans, dans un tiroir du bureau de notre père, juste avant que Denis ne se lance dans le tournage principal de Dune — un rappel poignant de notre enfance partagée et du lien indéfectible entre nous.

Une planche du storyboard d’enfance de Denis Villeneuve pour Dune (dessins de Nicolas Kadima) – Courtoisie de Nicolas Kadima © 1982

A-t-il toujours voulu être cinéaste ?

Du plus loin que je me souvienne, la passion de Denis pour le cinéma était indéniable. Il était captivé par les films, passant d’innombrables heures devant des œuvres cinématographiques de tous genres, avec une affection particulière pour la science-fiction. Je me rappelle avoir regardé Blade Runner, Dune et Star Wars avec lui, parmi de nombreux autres classiques de la science-fiction. Malgré nos origines dans le petit village québécois de Gentilly, où l’accès aux films se limitait à la télévision, aux cassettes VHS et aux magazines de cinéma comme Starlog ou Fantastic Films, la détermination de Denis à poursuivre son rêve de cinéma n’a jamais vacillé. Sa chambre était ornée d’images d’icônes du cinéma telles que Steven Spielberg, George Lucas et Harrison Ford, reflétant son champ d’intérêt clair en tant qu’adolescent.

J’ai parlé de Nicolas Kadima un peu plus tôt. Lui et Denis ont réalisé leurs premiers courts métrages étudiants ensemble, dont Le cœur artificiel (vers 1986), à propos d’un scientifique à la Frankenstein qui crée un androïde. Tout comme les storyboards de Dune, on croyait avoir perdu ce film, mais j’en ai retrouvé une copie VHS l’an dernier, près de 40 ans après sa création. J’espère vraiment que Denis acceptera un jour de le rendre public, car c’est une œuvre spéciale qui témoignait déjà d’une grande créativité.

À la même époque, je me souviens aussi que Denis regardait avidement La course autour du monde, une compétition télévisée québécoise qui envoyait de jeunes cinéastes dans 24 pays à travers le monde pendant six mois pour tourner des courts métrages hebdomadaires jugés par des artistes établis. Denis nourrissait le rêve de participer à cette émission, un rêve qu’il a réalisé quelques années plus tard, en plus de remporter la compétition. Cela a marqué ses débuts dans l’industrie, posant les bases de sa carrière exceptionnelle.

Martin (9 ans) et Denis (20 ans) dans le premier court métrage documentaire de Denis pour “La course Europe-Asie” – Archives de Radio-Canada © 1987

Qu’est-ce qui vous a inspiré à vous lancer également dans le cinéma ?

La passion de Denis pour le cinéma a sûrement exercé une certaine influence sur moi. Comme lui, j’ai toujours été fasciné par la capacité du cinéma à transporter les spectateurs dans différents univers, à évoquer des émotions et à créer des images puissantes. Cependant, il est important de noter que mon parcours dans le cinéma ne se réduit pas à suivre les traces de mon frère. Lorsque je suis entré dans l’industrie, Denis n’avait pas encore atteint son succès international et, comme tout le monde aspirant à réussir, je suppose qu’il a dû faire face à des doutes. Surtout pendant une pause de neuf ans au Québec entre son deuxième et son troisième long métrage — une période difficile pour tout cinéaste ambitieux. Il n’a atteint la renommée internationale qu’au début de la quarantaine, après un parcours de réalisation de films indépendants où rien n’était garanti.

Dès mon plus jeune âge, je savais que j’étais destiné à raconter des histoires ; ma mère dit que j’ai commencé dès l’âge de cinq ans, d’abord à travers des bandes dessinées que je créais. Pendant mon adolescence, je me suis plongé dans l’illustration, la photographie et la vidéographie, ouvrant la voie à ma transition ultérieure vers le cinéma. Opter pour les Arts et la Communication au Cégep, puis me plonger dans le Cinéma et le Design graphique à l’université, semblait être une progression naturelle pour moi. Avant de me lancer dans ma carrière de cinéaste, j’ai acquis de l’expérience en tant que directeur artistique dans une agence de publicité pendant 10 ans, en particulier pour le Cirque du Soleil. Lorsque j’ai sorti mon premier long métrage en 2012, un drame de science-fiction intitulé Mars & Avril basé sur mes propres romans graphiques, Denis n’avait pas encore réalisé de film de science-fiction — voici une chose que j’ai faite avant lui… et avec 25 fois moins de budget ! (rires)

Mars & Avril, 2012

Mars & Avril (film complet avec sous-titres anglais) – Mars et Avril inc. © 2012

Les films ont-ils toujours occupé une place importante dans votre famille ?

Les films faisaient en effet partie intégrante de notre vie familiale. Nos réunions familiales tournaient parfois autour de soirées cinéma, où nous regardions et discutions des films ensemble. Notre père — un notaire — organisait des marathons James Bond, des festivals Indiana Jones et des projections de la trilogie Star Wars où amis, cousins et voisins étaient conviés. Le cinéma n’était pas seulement un divertissement ; c’était une passion partagée qui favorisait la proximité et stimulait la créativité. Je restais parfois éveillé bien au-delà de l’heure du coucher, à l’insu de mes parents, en regardant à travers les escaliers du sous-sol pour attraper des bribes de films que mes frères aînés regardaient et que je n’étais pas censé voir, comme Alien, Orange Mécanique et même le vidéoclip Thriller de Michael Jackson ; la dernière image des yeux jaunes de Michael m’a traumatisé !

De plus, notre maison abritait un espace significatif : la bibliothèque. Remplie du plancher au plafond de romans graphiques, en particulier les bandes dessinées franco-belges des années 60, 70 et 80, comme les albums de Franquin, cette pièce servait de sanctuaire à l’imagination. Les œuvres d’artistes émergents de Métal Hurlant — tels Moebius, Druillet, Mézières ou Schuiten — ont façonné notre sensibilité créative et nous ont inspirés à devenir des cinéastes. Nous avons passé d’innombrables heures dans l’univers de ces livres et magazines de science-fiction, une influence formatrice qui a laissé une empreinte indélébile sur Denis et moi.

Avec le recul, je réalise l’impact profond que la passion de nos parents pour l’art et la littérature, malgré le fait qu’ils n’étaient pas eux-mêmes des artistes, a eu sur nos vies. Nos grands-mères ont également eu un impact durable sur nous, Imelda en particulier. Denis a mentionné cela dans une entrevue à propos de Dune et, en ce qui me concerne, eh bien… j’ai consacré neuf ans à réaliser un film à propos d’elle, Les 12 travaux d’Imelda, qui je pense illustre clairement les dynamiques familiales.

Deux albums emblématiques de Franquin : Z comme Zorglub et L’ombre du Z © Dupuis 1961-1962

Pouvez-vous parler de l’importance de l’industrie cinématographique québécoise ? Comment avez-vous évolué dans cette communauté avec Denis ?

L’industrie cinématographique québécoise revêt une grande importance pour Denis et moi, car elle constitue une riche palette de talents et de créativité ayant façonné nos sensibilités artistiques. Situé à l’intersection des influences européennes et américaines, le cinéma québécois offre un mélange unique de contenus et d’esthétiques. Des cinéastes québécois pionniers comme Michel Brault, Denys Arcand et Jean-Claude Lauzon ont eu autant d’influence sur nous que George Lucas, Steven Spielberg et Ridley Scott. Notre parcours au sein de cette industrie a été marqué par des défis, mais aussi par des opportunités inestimables de croissance et de collaboration. Nous avons reçu le soutien d’autres artistes, ce qui nous a permis de poursuivre nos projets créatifs de manières différentes, mais avec la même passion.

Cela dit — et je ne peux pas parler pour Denis, mais en ce qui me concerne — naviguer dans le financement de l’industrie cinématographique québécoise a présenté d’énormes obstacles qui décourageraient même l’artiste le plus tenace. Par exemple, ma série animée Red Ketchup a dû trouver son financement à Toronto après avoir été rejetée pendant dix ans dans ma propre province, et mon dernier long métrage, Les 12 travaux d’Imelda, fut entièrement autoproduit sur une période de neuf ans sans aucune aide de la SODEC ou de Téléfilm Canada. Malgré les défis posés par le manque de vision de nos organismes de financement, qui favorise l’exode des meilleurs talents du Québec, mon engagement à enrichir le paysage culturel de notre province demeure inébranlable.

Je travaille actuellement très fort pour tenter d’améliorer notre système de financement public, car malheureusement, je crois qu’il ne permet plus l’émergence de talents futurs comme Denis. Il est devenu un système orchestré par des bureaucrates pour des bureaucrates, et non pour les cinéastes, où l’amour du cinéma et l’audace de créer quelque chose de nouveau ne sont plus pris en compte dans l’équation gouvernementale. Si vous survivez aux défis presqu’impossibles de la production d’un contenu véritablement original au Québec de nos jours, vous pouvez probablement réussir n’importe où dans le monde ! En revanche, avec le talent et la créativité que nous avons ici, le Québec pourrait être un leader mondial en matière de cinéma d’avant-garde, si nous avions les bonnes personnes en place pour inspirer les cinéastes à repousser les limites du médium.

Les 12 travaux d’Imelda (à gauche) vs. Red Ketchup (à droite) Ⓒ Imelda Films / Sphère Animation (2023)

Pensez-vous que Denis savait dès le départ qu’il réussirait à Hollywood ?

Permettez-moi de vous raconter une autre anecdote : lorsque j’ai déménagé à Montréal à l’âge de 17 ans, Denis et moi avons été colocataires pendant un an. Nous n’avions pas un sou, récupérions des meubles sur le trottoir et vivions dans un appartement quelque peu délabré, mais cela n’avait aucune importance. À ce jour, cette colocation reste l’un de mes plus beaux souvenirs. À cette époque, Denis n’avait pas encore réalisé son premier long métrage ; il tournait des vidéoclips et était profondément fasciné par les réalisateurs de la Nouvelle Vague française tels Godard et Truffaut. Nous regardions des films comme Alphaville et Jules et Jim tard le soir sur notre vieille télé d’enfance, et j’avais le sentiment que Denis croyait qu’il pourrait un jour réussir en Europe, mais à ma connaissance — et je pourrais me tromper — Hollywood n’était pas sur son radar. Si je lui avais dit à l’époque qu’il deviendrait le prochain Ridley Scott, il aurait sans doute éclaté de rire ! Ses magazines de cinéma d’enfance semblent aujourd’hui lui faire un clin d’œil, un signe du destin affirmant qu’il n’est pas seulement européen, mais peut-être surtout américain dans l’âme.

Atteindre le niveau où il se trouve aujourd’hui nécessite de croire en soi et en son talent, mais aussi de faire les bons choix, de bénéficier du timing et d’être remarquablement bien entouré. Ce que j’admire le plus chez Denis, c’est sa capacité à maintenir sa vision d’auteur tout en réalisant des films incroyablement complexes et à gros budget. En prêchant par l’exemple, Denis a démontré au monde entier que le vrai cinéma ne se résume pas aux tapis rouges et aux événements glamour, mais à exprimer les recoins les plus profonds de votre cœur et de votre âme lorsque vous avez la capacité de forger une voix véritablement unique pour vous-même.

Deux magazines de cinéma des années 80 de la collection Villeneuve – Courtoisie de la famille Villeneuve

Pour conclure, pouvez-vous partager vos pensées et vos félicitations à Denis pour avoir remporté ce prestigieux prix ?

Denis, les mots ne sauraient exprimer à quel point je suis incroyablement fier de toi pour l’obtention de l’Icon Award aux Prix Écrans canadiens. Cet honneur témoigne de la puissance du rêve, de ton talent inégalé, de ta dévotion et de ton engagement inébranlable envers l’art du cinéma. Ton approche visionnaire a su captiver le public du monde entier, et cette reconnaissance est amplement méritée. Félicitations, mon frère, pour ce parcours extraordinaire. Tu continues à m’inspirer, moi et tant d’autres, par ton immense talent, et j’ai très hâte de voir ce que l’avenir te réserve.

Entretien enregistré à Montréal le 15 mai 2024

Version originale anglaise

Behind the scenes with Martin Villeneuve: A tribute to brother Denis

This partial transcript of an interview with Quebec filmmaker Martin Villeneuve was conducted as a tribute to his brother Denis Villeneuve, recipient of the Icon Award at the 12th Canadian Screen Awards. Filmed in Montreal in May 2024, the interview highlights Denis’ childhood dreams and his recent visionary works, including Dune and Blade Runner 2049.

Quebec filmmaker Martin Villeneuve opens up about his brother Denis © Josh Usheroff, CSA 2024

What was Denis like growing up?

Denis was a natural dreamer from a young age, introspective, perceptive, and blessed with a great sense of humor. His vivid imagination and deep fascination with storytelling defined him. Despite an 11-year age gap between us — Denis being the oldest and me the youngest of four siblings —, I remember our childhood as a whirlwind of adventures fueled by creativity. I recall being amazed by Denis’ bold talent when, as a teenager, he shot his version of the opening sequence of Raiders of the Lost Ark in the nearby woods using our father’s camcorder. During our Lego sessions, Denis didn’t merely build spaceships; each creation came with its own intense and captivating intergalactic narrative. My brothers and I crafted homemade lightsabers using metal flashlights, plastic tubes, and heavy-duty duct tape, as the actual device wasn’t readily available at the corner store back then. And because lightsabers look cooler when the sun goes down, our epic battles would rage on until our mom called us for dinner, often repeating herself at least ten times.

One event still haunts me (in a positive way) to this day: I vividly remember a playful space travel scenario orchestrated by Denis and my other brother, Claude, when I was just 4 or 5 years old. They used me as a guinea pig spaceman, confined in a box with a hockey helmet and a walkie-talkie. By placing Star Wars books in front of the box’s porthole, calling the countdown and lifting the box, they enhanced the illusion of takeoff, making me believe I was truly embarking on a space journey. The red light of the basement freezer became a distant planet — most likely Mars!

Additionally, I remember Denis and his friend Nicolas Kadima working on storyboards for DUNE when they were just 15, a project that resonated deeply with him even then. It’s almost serendipitous that I stumbled upon those long-lost storyboards some 40 years later in a drawer in our father’s desk, just before Denis embarked on principal photography for DUNE Part One — a poignant reminder of our shared childhood and the enduring bond between us.

A sample of Denis Villeneuve’s childhood storyboard for Dune (drawings by Nicolas Kadima) – Courtesy of Nicolas Kadima © 1982

Did he always want to be a filmmaker?

As far as I can remember, Denis’ passion for filmmaking was unmistakable. He was captivated by movies, spending countless hours immersed in films across various genres, with a particular fondness for sci-fi. I remember watching Blade Runner, Dune and Star Wars with him, among many other sci-fi classics. Despite hailing from the small Quebec village of Gentilly, where access to movies was limited to TV, VHS tapes, and cinema magazines like Starlog or Fantastic Films, Denis’ determination to pursue his filmmaking dream never wavered. His bedroom was adorned with images of cinematic icons such as Steven Spielberg, George Lucas and Harrison Ford, among others, reflecting his clear focus of interest as a teenager.

I spoke of Nicolas Kadima earlier. He and Denis made their first student short films together, including The Artificial Heart (around 1986), about a Frankenstein-type scientist creating an android. Like the Dune storyboards, this film was thought to be lost, but I found a VHS copy of it last year, nearly 40 years after it was shot. I really hope Denis will agree to share it with the world someday, as it’s a special piece that already showcased outstanding creativity.

Also at that time, I remember Denis eagerly watching “La course autour du monde,” a Quebec TV competition sending young filmmakers in 24 countries around the globe for six months to shoot weekly short documentaries, judged by established artists. Denis dreamed of participating in this show, a dream he not only realized a few years later but triumphed in, winning the competition. This marked his entry into the industry, laying the foundation for his exceptional career.

Martin (9 y/o) and Denis (20 y/o) in Denis’ debut documentary short for “La course Europe-Asie” – Radio-Canada’s Archives © 1987

What inspired you to get into filmmaking as well?

Denis’ talent for creating compelling narratives undoubtedly contributed to fuel my own love for storytelling. Like him, I’ve always been enthralled by cinema’s ability to transport audiences to different realms, evoke emotions, and create powerful images. However, it’s important to note that my journey into filmmaking wasn’t merely following in my brother’s footsteps. When I entered the industry, Denis had not yet achieved his international success and, like anyone striving to make it, I assume he grappled with self-doubt. Especially during a nine-year hiatus in Quebec between his second and third feature films — a challenging period for any ambitious filmmaker. He only achieved international renown in his early 40s, after a journey of making indie films where nothing was guaranteed.

From a young age, I knew I was destined to be a storyteller; my mother recounts my storytelling beginnings at age five, initially through comic strips that I would draw. During my teenage years, I delved into illustration, photography and videography, paving the way for my eventual transition into filmmaking. Opting for Arts & Communication at Cégep and subsequently delving into Filmmaking and Graphic Design at university felt like a natural progression for me. Before embarking on my filmmaking career, I gained experience as a Creative Director for 10 years in an advertising agency, particularly for Cirque du Soleil. When I released my first feature film in 2012, a sci-fi drama called Mars & April based on my own graphic novels, Denis hadn’t yet directed a sci-fi movie — here’s one thing I did before him… and with 25 times less money! (laughs)

Mars & April (Full movie with English subtitles) – Mars et Avril inc. © 2012

Were movies always a big part of your family?

Movies were indeed an integral part of our family life. Our gatherings often revolved around movie nights, where we’d convene to watch and discuss films. Our father — a notary — curated James Bond marathons and Indiana Jones festivals, and Star Wars trilogy screenings that welcomed friends, cousins, and neighbors. Cinema wasn’t just entertainment; it was a shared passion that fostered closeness and ignited creativity. I’d sometimes stay awake way past bedtime, unbeknownst to my parents, peeking through the basement stairs to catch glimpses of movies my older brothers were watching that I wasn’t supposed to see, like Alien, A Clockwork Orange, and even Michael Jackson’s Thriller music video; the final shot of Michael’s yellow eyes traumatized me!

Additionally, our home boasted a significant space: the library. Filled to the brim with comic books and graphic novels, particularly the Franco-Belgian ‘bandes dessinées’ from the 60s, 70s, and 80s, such as Franquin’s albums, this room served as a sanctuary for imagination. The works of emerging artists from ‘Métal Hurlant’ — like Moebius, Druillet, Mézières, or Schuiten — shaped our creative sensibilities and inspired us to become storytellers. We spent countless hours immersed in the world of these sci-fi books and magazines, a formative influence that left an indelible mark on both Denis and me.

Looking back, I realize the profound impact our parents’ passion for art and storytelling, despite not being artists themselves, had on our lives. Our grandmothers certainly had a lasting impact on us too, especially Imelda. Denis mentioned this in an interview regarding Dune, and as for me, well… I dedicated nine years of my life to directing a movie about her, The 12 Tasks of Imelda, which I believe clearly illustrates the family dynamics.

Two of Franquin’s iconic albums: Z comme Zorglub and L’ombre du Z © Dupuis 1961-1962

Can you speak to the importance of the Quebec film industry? How was it coming up in this community for you and Denis?

The Quebec film industry holds profound significance for both Denis and me, since it represents a rich tapestry of talent and creativity that has shaped our artistic sensibilities. Situated at the intersection of European and American influences, Quebec cinema boasts a unique blend of content and aesthetics. Pioneer Quebec filmmakers such as Michel Brault, Denys Arcand and Jean-Claude Lauzon had as much influence on us as George Lucas, Steven Spielberg and Ridley Scott. Our journey within this industry has been marked by challenges, but also offered invaluable opportunities for growth and collaboration. We’ve received support from fellow artists, enabling us to pursue our creative endeavors in different ways, but with the same passion.

Having said that — and I can’t speak for Denis, but as far as I’m concerned —, navigating financing in the Quebec film industry has presented huge obstacles that would discourage even the most tenacious artist. For instance, my animated series Red Ketchup found support in Toronto after being rejected for ten years in my own province, and my latest feature film, The 12 Tasks of Imelda, was entirely self-produced over a nine-year period without any aid from SODEC or Telefilm Canada. Despite the challenges posed by the lack of vision in our funding agencies, which sometimes seem intent on driving away Quebec’s best talent, my commitment to enriching the cultural landscape of our home province remains unwavering.

I’m currently working hard to improve our public financing system because, unfortunately, I believe it no longer supports nurturing future talents like Denis. It has become a system orchestrated by bureaucrats for bureaucrats, not for filmmakers, where the love of cinema and the daring to create something new are no longer factored into the governmental equation. If you can survive the nearly impossible challenges of producing truly original content in Quebec today, you can probably succeed anywhere in the world! On the other hand, with the talent and creativity that we have here, Quebec could be a world leader in avant-garde cinema if we had the right people in place to inspire filmmakers to push the boundaries of the medium.

The 12 Tasks of Imelda (left) vs. Red Ketchup (right) Ⓒ Imelda Films / Sphère Animation (2023)

Do you think Denis knew early on that he would succeed in Hollywood?

Let me tell you another story: When I moved to Montreal at 17, Denis and I shared an apartment for a year. We didn’t have a cent to our names, scavenged furniture from the streets, and lived in a somewhat rough apartment, but we couldn’t have cared less. To this day, it remains one of my fondest memories. At that time, Denis hadn’t yet made his first feature film; he was directing music videos and was deeply fascinated by the French New Wave directors like Godard and Truffaut. We would watch movies like Alphaville and Jules & Jim late at night on our old childhood TV set, and I sensed that Denis believed he might one day make it in Europe, but to my knowledge — and I might be wrong here — Hollywood wasn’t on his radar. If I had told him back then that he would become the next Ridley Scott, he would’ve laughed out loud! His childhood cinema magazines seem to wink back at him today, a nod from fate, affirming that he’s not only European but perhaps mostly American at heart.

Achieving what he has now requires self-belief and talent, but also making the right choices, benefiting from timing, and being remarkably well-supported. What I admire most about Denis is his ability to maintain his auteur vision while directing incredibly complex, big-budget movies. By leading by example, Denis has shown that true cinema isn’t about red carpets and glamorous events, but about expressing the deepest corners of your heart and soul when you have the ability to carve out a unique voice for yourself.

Two 1980s cinema magazines from the Villeneuve collection – Courtesy of the Villeneuve family

To conclude, can you please share your thoughts and congratulations with Denis on winning this prestigious award?

Denis, words cannot express how incredibly proud I am of you for receiving the Icon Award at the Canadian Screen Awards. This honor is a testament to the power of dream, to your unparalleled talent, dedication, and unwavering commitment to the craft of filmmaking. Your visionary storytelling has captivated audiences around the world, and this recognition is truly well-deserved. Congratulations, my brother, on this extraordinary achievement. You continue to inspire me and countless others with your brilliance, and I can’t wait to see what the future holds for you.

Interview recorded in Montreal on May 15th, 2024

Poésie Trois-RivièreLe Pois Penché

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