Dany Laferrière, un homme en costume, debout dans un jardin en tenant son livre "Petit traité sur le racisme.

Dany Laferrière, Petit traité sur le racisme

Avoir une réflexion sur le racisme. Comment interpréter le racisme? Écrire noir sur blanc. Avoir une opinion. “La réalité vs la fiction, le réel vs le virtuel, fragment vs récit, etc” (1).

Nous sommes en 2021. La théâtralité du temps. Les noirs, les communautés ethniques, les gays… Nous baignons dans un discours de modernité. Laferrière affirme, décrit l’histoire par de petits textes, l’esclavage, les artistes. Surtout, il écoute la parole intérieure de l’enfant rejeté. Le monde est virtuel. Une tragédie grecque se dessine à l’horizon.

Le racisme, une invention

“On me dit n’importe qui peut être raciste, sûrement, mais on n’a pas toujours les moyens pour passer de la théorie à la pratique. ” (2) Le racisme est partout. 24 heures sur 24, il s’affiche quelque part, à la télévision. “Un policier blanc qui tire sans sommation sur un jeune noir” (3). Comment lire la société ? Il y a un état des choses depuis la guerre de Sécession, qui opposait le Nord au Sud … “L’esclavage, une option” (4) “comme le poème de porcelaine” (5).

Le cri des oiseaux fous

Le rythme du temps, les distorsions. L’empreinte de Malcolm X ou de Martin Luther King. À lire “I have A Dream”, parole immortelle, comme un poème qui résiste. “Sa vie, ses luttes, se résument à ces quatre mots” (6). L’effondrement des murs. Lennon chantait “Imagine”. De la lumière en apesanteur naviguant au-delà de ceux qui sont morts. Elle existe au nom de la liberté. Le rêve est entêté. J’ai relu son autobiographie “Le cri des oiseaux fous” (7). “L’histoire d’Antigone… Quand un tonton macoute vous pourchasse avec une 38 à cause de vos opinions” (8).

La poésie d’un écrivain noir

“Devenir soi-même un astre. Même une étoile filante” (9). S’arracher au passé. Habiter chaque plan de notre histoire. La mémoire est un jardin d’hiver. On a besoin d’un livre, d’un guide. Laferrière condamne “La Bible, le Coran, le Capital… ceux qui déclenchent une guerre.” (10). On se bat sans arrêt. La dictature des médias. Je reviens au “Cri des oiseaux” : “je déteste la souffrance mais je ne crois pas à la société sans souffrance” (11). Rêver dans les eaux de la souffrance ? Le beau chapitre sur Miles Davis (12). Il a eu une influence sur Jimi Hendrix. Je pense à mon adolescence. Cet immense poster sur les murs de ma chambre. Il y avait un noir dans mon antre. Une guitare pleurait dans la nuit. Le sens du détail comme Michaux, Baudelaire et ses “paradis artificiels”.

Tupac, René Lévesque, George Floyd

Le “Black Live Matters” existe. Au nom de la libre expression, une tragédie devant l’autre. Celui qui n’est pas Blanc (le rival). L’inconscient, les symboles, les archétypes. Laferrière parle de littérature. Il donne de l’importance au rappeur Tupac (13), le qualifiant de poète (affirmation qu’il souligne en noir). L’étonnement, le paradoxe ou tout simplement la culture occidentale. Le rap est partout aux States. René Lévesque est cité au nom de la culpabilité d’un pays perdu “avec son doux sourire triste” (14). Au final, la télévision nous aura frappé avec cette tragédie que toute la planète a vu. George Floyd meurt asphyxié sous le genou d’un policier. L’acte horrible dont nous avons tous été les témoins passifs. Quel avenir pour l’Amérique ? Avec son “Petit traité sur le racisme”, Dany Laferrière propose un livre qui devrait être au centre des discussions dans toutes les écoles du Québec.

Notes

1. Maxime Fecteau, Fragments d’un enfant du millénaire, Nota Bene, 2021.
2. Dany Laferrière, Petit traité sur le racisme, p. 19
3. Idem. P. 20.
4. Idem p. 42.
5. Ricardo Langlois, Septième Ciel, Le poème de porcelaine.
6. Petit Traité, p. 84.
7. Dany Laferrière, Le cri des oiseaux fous, Boréal 2000.
8. Idem. p.117.
9. Idem. p. 120.
10. Petit Traité p.144.
11. Le cri des oiseaux, p.141
12. Petit Traité p. 120
13. Idem. p. 191
14. Idem p. 208
Dany Laferrière, de l’Académie française, Petit traité sur le racisme. Boréal. 2021. 213 pages.

Poésie Trois-RivièreMains Libres