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Le dixième anniversaire de SamyRabbat.com – Entrevue avec son fondateur

Le fondateur de SamyRabbat.com, vêtu d'un costume-cravate, se tient debout, les mains tendues, pour célébrer cet anniversaire. Le fondateur de SamyRabbat.com, vêtu d'un costume-cravate, se tient debout, les mains tendues, pour célébrer cet anniversaire.

Roger Huet, LaMetropole.Com

SAMY RABBAT – Dix ans, et je n’ai pas vu le temps passer… Que de projets et de transferts de portails ont eu lieu!

RH – Qui êtes-vous, Samy Rabbat?

SAMY RABBAT – Je suis né au Caire, en Égypte. Mon enfance s’est passée dans ce pays, au Liban, où mon frère Charles est né, au Ghana, en Côte d’Ivoire, en Iran, et finalement au Canada. Nous sommes arrivés au Québec en août 1965.

Mon père était directeur commercial de la compagnie d’aviation libanaise MEA (Middle East Airlines) et il couvrait à l’époque les stations en Afrique et en Iran. Il est l’homme qui a ouvert toutes les compagnies d’aviation arabes au Canada, ce qui est surprenant pour un chrétien dans un monde de confession musulmane, mais il était reconnu comme un homme droit, respectueux et professionnel. Ma mère a toujours eu la touche culinaire et l’art de recevoir. Nous n’avions pas besoin de chefs, ni de traiteurs pour toutes les réceptions où mon frère et moi étions cachés pour observer celles-ci, et ce, dans tous les pays où nous avons vécu.

Dès l’âge de 17 ans, on nous a demandé, au secondaire, ce que nous voulions faire dans notre vie, et après mûre réflexion, je me suis dit qu’il était temps que j’aille voir ce qui se passe derrière les rideaux des restaurants et des hôtels. Dans ma jeunesse, nous avons eu la chance de voyager en première classe, d’aller dans les hôtels de luxe. Le premier jour où j’ai mis les pieds à l’ITHQ (Institut de Tourisme et d’Hôtellerie du Québec), en 1973, j’ai su que j’étais dans la bonne voie, et cette passion ne m’a jamais quitté. Trois belles années de cours théoriques et de pratiques sans aucune interruption et aucunes vacances. Je suis issu de la promotion 1976, avec qui je suis en contact permanent. Ce furent des années de découverte, sur moi-même, entre autres, et de travail acharné.

Après mes études, j’ai travaillé comme barman au Salon des commanditaires durant les jeux olympiques de 1976, ensuite je me suis retrouvé à titre de concierge et «bell boy» au Méridien Montréal du Complexe Desjardins, pour passer ensuite à la réception de l’hôtel. Je passais d’un revenu assez substantiel à 600$ brut par mois; heureusement que j’habitais chez mes parents, mais j’avais un but, qui était de devenir directeur marketing de l’hôtel. Un jour, une opportunité s’est ouverte à moi, et je suis passé aux ventes du même établissement avec un salaire de crève-faim. Dans le cadre de mon travail de délégué commercial, j’ai frappé à toutes les portes de l’île de Montréal pour offrir les services de l’hôtel, et ce, sans compte de dépenses et de déplacements… J’ai adoré la technique du «cold call». Un jour, le représentant commercial faisant les États-Unis ne s’est pas présenté au travail, et on m’a proposé de prendre sa place à main levée… Ce fût une révélation, et durant quelques mois j’ai parcouru ce pays de long en large. Je remercie mes deux mentors de l’époque, Mme Claude Zalloni et feu Yvan de Poncharra.

Pour une raison bizarroïde, le Méridien Montréal m’a congédié pour des motifs nébuleux (il faut croire que je dérangeais l’entreprise), et croyez-le ou non, c’est l’avocat du syndicat de la CSN qui m’a défendu. Du jamais vu qu’un avocat syndicaliste défende un cadre dans l’hôtellerie. J’ai été blanchi de toutes les accusations, mais je n’étais plus au Méridien. Quelques semaines plus tard, je me suis retrouvé à la direction des ventes de l’hôtel Alpine Inn de Ste-Marguerite, pour être remercié trois mois tard car une fois de plus, je dérangeais le système. Les patrons me demandaient 7 visites par jour et j’en faisais 25! En 1979, je me retrouve avec l’agence Desautels à titre de représentant de vins, car durant mes fins de semaine, je travaillais comme garçon de table pour servir les dégustations de vins et fromages. Une fois de plus, une opportunité s’est présentée et me voilà sur la route sur les territoires de Montréal, Laval et les Laurentides. C’est là que je croise Philippe Dandurand (Réf.: Une chronique sur cette personnalité vinicole).

Sur une période de 30 ans en représentation de vins, les professionnels se rappellent de quatre éléments particulièrement bien différents de ma personne:

  1. Le lancement des vins mousseux Freixenet, car nous avions fait construite une bouteille géante dans le vélodrome du Parc olympique, au Salon des vins de Montréal (une idée de feu André Girouard, mon patron de l’époque).

roger samy freixenet

roger samy charles karimDe gauche à droite: Charles Rabbat et Karim Waked, mon cousin

  1. Le lancement des lions rouge et blanc de Calvet, car je m’étais déguisé en dompteur de lions durant le Salon des vins de Montréal.

roger samy lions calvet

  1. La promotion du Beaujolais Château des Tours, et par la suite le Grille-Midi.

roger samy tours

  1. Le lancement des 250 ml de la marque Cellier des Dauphins.

roger samy dauphins

Trente ans plus tard, après avoir fait le tour de l’industrie, à l’exception de travailler à la SAQ, je me suis dit qu’il était temps de faire autre chose, car je manquais de «Woumph!». J’en avais assez de me heurter à des règlements de plus en plus durs du monopole. J’ai écouté le slogan de nos cousins américains: «If you don’t beat them, join them or confuse them»… J’avais surtout retenu la dernière partie de la phrase.

Le 3 septembre 2018, cela fera dix ans que le site existe, et j’ai débuté avec 1700 noms. Je faisais des envois par courriel alors que j’étais agent, car tout seul dans une jungle, on ne va pas bien loin, et mes collègues de la compétition étaient également mes alliés.  En 2007, j’étais partenaire avec deux autres personnes et nous avions lancé l’academievinicole.com, qui était une plateforme destinée à vendre les importations privées, via la SAQ. Nous avons dû fermer nos portes, car après avoir été approuvés par la SAQ, elle a envoyé une lettre informant l’industrie que seul le monopole avait le droit d’annoncer, de distribuer et de vendre via Internet. Les agences de vins se sont retirées de notre portail. Après avoir perdu ma chemise, je me suis redirigé vers une nouvelle plateforme sur mon nom de domaine, afin de donner de l’information, de partager des bonnes nouvelles pour les communautés de l’agroalimentaire, des vins & spiritueux et du domaine de l’accueil HRI. Je m’étais rendu compte que personne ne se parlait entre toutes ces communautés.  Aujourd’hui, les œnologues travaillent de concert avec les sommeliers, l’Association québécoise des agences de vins bières et spiritueux (AQAVBS) est en communication avec l’Association des Restaurateurs… Disons que je ne suis pas le seul à avoir fait avancer les dossiers…

RH – Par quelles avenues êtes-vous arrivé à lancer ce site Web destiné à une communauté très ciblée de la restauration et du vin?

SAMY RABBAT – Depuis des années, j’écrivais toutes les nouvelles de l’industrie HRI avec feu l’Association des diplômés de l’ITHQ. Ensuite, j’ai tenu durant quelques années (2003-2018) une rubrique sur le site de PlanèteQuébec et qui existe encore: Les bonnes nouvelles de Samy Rabbat. Pour cette entrée sur le Web, je dois une fière chandelle à Richard Johnson; ex-directeur finance et marketing du Journal de Montréal.

Quant au lancement de SamyRabbat.com, je dois une autre fière chandelle à Carole Lemay, de Cité Boomers, qui m’a encouragé à sauter dans l’arène.

RH – Qui a été votre premier client du site?

SAMY RABBAT – En parlant au téléphone avec Thérèse Vanasse, de Vanasse & Associése & Associés, qui me demandait où j’en étais dans mes projets, je lui racontais que je cherchais un montant d’argent pour lancer mon nouveau site Web, qui serait conçu par Pascal Jarry, d’HPJ Solutions. Elle m’a demandé quel était le montant, qui était minime à l’époque, soit 2500$, et m’a répondu qu’elle allait prendre la bannière principale pour ce montant. Thérèse a été ma première cliente. Aujourd’hui, il serait impossible de le faire avec cette somme.

RH – Est-ce qu’à l’époque où vous étiez agent avait déjà germé l’idée de créer un organe d’informations sur le vin?

SAMY RABBAT – Certainement! Je donnais déjà de l’information de façon informelle à mes collègues dans l’industrie et chaque dimanche, je passais près de 6 heures à faire les envois à coup de 40 noms en visible.

RH – Qu’est-ce qui vous a amené à concrétiser votre idée à fonder SamyRabbat.com?

SAMY RABBAT – En donnant un séminaire à l’ITHQ sur la manière de lancer son agence de vins, un participant m’a posé une question dont je n’avais pas la réponse, et m’a placé en contact avec Pascal Jarry, concepteur de sites Web, et avec qui je me suis associé quelques années plus tard. Nous nous sommes séparés au bout de deux ans, car nous n’avions plus la même vision.

RH – Pour quelle raison avez-vous choisi votre nom pour le site Web?

SAMY RABBAT – Pour l’unique raison que tout le monde me connaissait dans l’industrie vinicole!

RH – Étant donné l’omniprésence du monopole, est-ce que la SAQ vous a aidé lors de votre lancement?

SAMY RABBAT – Merci Roger de me faire rire aux éclats!

L’agence de marketing de la SAQ, lors du lancement, m’avait clairement indiqué que le monopole n’avait pas de budget pour des sites tels que le mien!

RH – Auriez-vous pu faire ce site et ce travail de Réseauteur en partant d’une simple idée, sans expérience de l’industrie?

SAMY RABBAT – I-M-P-O-S-S-I-B-L-E! Je pèse chaque lettre du mot IMPOSSIBLE.

Cela m’a pris 30 ans pour bien décortiquer les tenants et aboutissants de l’industrie vinicole, autant pour le réseau de la SAQ que celui de l’épicerie. Durant toutes ces années, j’ai parcouru la province de Québec, le Canada, et une partie de l’Europe, autant à mes frais qu’avec mon employeur de l’époque, qui était le Cellier des Dauphins, dirigé par le charismatique François Boschi.

RH – Comment les professionnels du monde du vin et de la restauration vous ont-ils vu arriver du jour au lendemain?

SAMY RABBAT – 50% ont trouvé que cela était naturel, car ils recevaient déjà mes Nouvelles hebdomadaires par courriel. L’autre 50%, je vous épargne tous les commentaires à mon égard, à savoir de quoi je me mêlais et que je n’avais rien à faire dans l’industrie médiatique… ils n’avaient pas encore compris!

RH – Comment définiriez-vous SamyRabbat.com?

SAMY RABBAT – C’est un magazine Web, un organe de réseautage, un puissant outil de promotion, un outil unique de recrutement de personnel pour les agences & institutions, et de recherche d’emploi. Je suis constamment sur le terrain, pour les personnes avec une expérience de la vente dans le milieu du vin et de la gastronomie. Mon site est une source unique d’information officieuse pour les acteurs dans le milieu du vin et de la restauration. C’est un outil de travail pour les PROS et une source valable d’informations pour les amateurs de vins avertis.

RH – Vous avez aussi un instrument supplémentaire très dynamique, votre infolettre, Les nouvelles de SamyRabbat . com, qui paraît tous les mercredis.

SAMY RABBAT – En 2008, j’envoyais 3 nouvelles par semaine avec 3 éditoriaux. Après un sondage maison, on a réduit à un envoi officiel, le mercredi. En 10 ans, il n’y a jamais eu une semaine d’interruption!

RH – À qui s’adressent vos nouvelles?

SAMY RABBAT – Des agents commerciaux touchant au monde de la restauration, des chefs de cuisine, des cuisiniers et des pâtissiers, des transformateurs alimentaires, des producteurs dans l’agroalimentaire, des acheteurs F&B (Food and Beverages), des directeurs d’écoles hôtelières, des consultants en restauration, des planificateurs d’évènements, des membres de la presse spécialisée, des professeurs de cuisine et de sommellerie, des producteurs de vins locaux et internationaux, des sommeliers membres de l’Association canadienne des sommeliers professionnels (ACSP), des œnologues et des chimistes du domaine vinicole membres de l’Association canadienne des œnologues, des mixologues, des serveurs de tables, des représentants et des cadres des 450 agences de vins du Québec, des membres de la haute direction de la SAQ et de GWS (Global Wines & Spirits), les membres des délégations étrangères des pays producteurs de vins, des producteurs de vins et de cidres du Québec, des amateurs avertis de vins.

RH – Quelles sont les segmentations des nouvelles hebdomadaires et du site?

SAMY RABBAT – Nous faisons notre possible pour nous adresser à toutes les professions qui sont autour de la table du partage.

RH – Comment avez-vous fait pour passer à 7000 abonnés professionnels autorisés en si peu de temps?

SAMY RABBAT – À chaque personne que je rencontre sur mon chemin, je lui donne ma carte d’affaires et j’enregistre ses coordonnées dans nos bases de données. La majorité des abonnés ont été rencontrés lors d’activités vinicoles.

RH – Est-ce que votre activité de réseauteur va au-delà de SamyRabbat.com?

SAMY RABBAT – Comme se plaisait à dire Philippe Duval, l’ex-président de la SAQ: «Samy Rabbat est le ciment de l’industrie!» C’est clair que dans le monde du Réseautage, je suis devenu à mon insu une sorte de Pages Jaunes pour toutes sortes de demandes. Heureusement, je suis entouré d’excellentes personnes-ressources.

RH – Dans votre concept de Réseauteur-Rassembleur, vous avez connu de très belles réussites.

SAMY RABBAT – Elles sont nombreuses, mais je ne peux pas les nommer par éthique professionnelle. Une des clés de la réussite dans ce domaine est une totale discrétion sur les nouvelles commerciales, ainsi que sur les nombreux secrets qu’on nous confie.

RH – Quels sont les facteurs de succès du site et des infolettres?

Ma priorité de donner un service hors pair à nos clients et à nos lecteurs en leur apportant des nouvelles inédites, des éditoriaux parfois humoristiques, et parfois incisifs.

RH – Il y a aussi dans votre système certains aspects ludiques très innovateurs.

SAMY RABBAT – Vous pensez sans doute aux cartes d’affaires numérotées, dont l’idée originale me vient de mon ami Roger Grégoire. Avec elles, j’ai développé un programme promotionnel très intéressant pour les commanditaires et pour enrichir nos bases de données.

roger samy carte numerotee

RH – Je pense aussi à vos concours spontanés, comme celui qui consiste à deviner combien de bouchons ou de capsules il y a dans des contenants.

SAMY RABBAT – Vous parlez des quizz que je mets sur ma page Facebook personnelle! Ce sont des jeux pour placer en alerte mes abonnés et garder le contact avec eux en permanence. Sur ce réseau social, j’exploite 3 thèmes:

Où suis-je làlà? Les lecteurs adorent les commentaires des uns et des autres.

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La réflexion existentielle

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Sur cette photo, que remarquez-vous de particulier?

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RH – Vous êtes le seul média du monde des vins qui rend hommage à des personnages qui ont contribué à la connaissance et à la promotion des vins au Québec. 

SAMY RABBAT – Les succès des vins au Québec, on les doit à des pionniers qui sont énumérés sur mon site dans la section Les personnalités du Vin, à qui on doit énormément pour leur vision et leur implication. La première entrevue a été faite avec Philippe Dandurand. 

Nous avons également une section consacrée aux personnalités locales et internationales, pour perpétuer leur héritage, que l’on retrouve dans la section Les disparus. Finalement, nous avons porté un hommage aux commerciaux qui ont travaillé d’arrache-pied pour populariser les vins & la restauration au Québec dans une section que nous avons nommé Les inconnus célèbres (une idée originale de Gérard Spitzer, d’Infotel).

RH – Comment apparaissait le monde du vin en 2008?

SAMY RABBAT – Les vins en épicerie ont commencé à sortir de leur torpeur en apportant plus de qualité. Les vins en importation privée avaient déjà le vent dans les voiles et ils ont fait énormément de progrès avec l’apport de nouvelles règles plus souples à la SAQ et à la RACJ. Les salons de vins et les activités vinicoles ont vécu bien des angoisses à cette époque, avec la RACJ. Il a fallu de très nombreuses réunions et des intervenants passionnés et coriaces dans ces dossiers, dont Alain RochardPierre BirlichiBenoit Lecavalier et autres professionnels, qui étaient de toutes les tribunes, pour faire avancer la cause des agents et des producteurs de vins. Aujourd’hui, les consommateurs ne sont pas à plaindre au Québec, car ils disposent d’une variété de produits, tant dans les succursales du monopole comme en importation privée, et même dans les grandes surfaces, pour répondre à leurs envies les plus folles.

RH – Est-ce que la Société des alcools du Québec a une mission secrète, non connue du grand public?

SAMY RABBAT – LA SAQ est un des bras du gouvernement du Québec, tout comme Hydro-Québec. La mission première de ces entités est d’apporter des revenus importants au ministère des Finances. Ces entités sont avant tout une affaire financière; ensuite, elles remplissent leur mission sociale.

RH –  Comment ont évolué dans les derniers trente ans, les relations des producteurs de vins avec leurs agents, et des agents avec leur marché local?

SAMY RABBAT – Dans les années 80/90, lors de la venue d’un producteur de vins à Montréal, l’agence promotionnelle de vins & spiritueux était en branle-bas de combat pour l’accueillir. Il fallait préparer un dossier complet avec les marques de vins du producteur par restaurant, les ventes mensuelles sur un tableau, les budgets, combien avait été investi? Les médias qui avaient écrit sur les produits… Bref! Un énorme stress avant l’arrivée du producteur.

Aujourd’hui, ils ont directement accès à l’intranet, de n’importe quelle partie du monde, et ils savent en temps réel ce qui se passe avec leurs ventes, leurs quotas, leur budget et la distribution. Leur visite, de nos jours, consiste à rencontrer les cadres de la SAQ, les sommeliers, les médias et les amateurs de vins. Avec Internet, l’amateur de vin en sait autant que les commerciaux de la profession.

RH – Comment vous voyez-vous dans l’industrie des médias?

SAMY RABBAT – Le site est un outil de travail pour les professionnels des communautés de l’agroalimentaire, des vins & spiritueux et du domaine de l’accueil HRI. Nous sommes ici pour construire, et non pour nuire. Chaque rumeur est validée avant de la diffuser. Nous sommes un média très spécialisé et nous essayons d’éveiller la conscience collective de nos lecteurs, sur les manipulations de masse et les enjeux mondiaux de l’agroalimentaire.

RH – Le Web et les médias sociaux sont venus bouleverser les fondements même de la communication, mettant à mal la presse écrite. Que pensez-vous des nouveaux médias Web?

SAMY RABBAT – Pour beaucoup de magazines et de journaux, leur conversion au Web signifie une diminution de leurs frais de fonctionnement. Ce qui ne veut pas dire qu’ils sont pour autant hors de danger, à cause de la capacité des grands moteurs de GAFA (acronyme formé par la lettre initiale des quatre entreprises Google, Apple, Facebook et Amazon).

RH – Et les blogueurs dans tout cela?

SAMY RABBAT – Dans le passé, j’avais écrit une chronique sur ce sujet.

Les blogues et les blogueurs sont un phénomène récent et puissant. Dans notre milieu, il y a deux sortes de blogueurs: les foodies dans la gastronomie et les blogueurs vins. Les premiers sont constitués généralement de jeunes, avides de sensations gustatives, qui n’ont pas toujours une grande formation culinaire, mais une énorme curiosité et une grande disponibilité. À chaque lancement d’un nouveau restaurant ou bar, à chaque changement de menu, ils sont invités et se font un plaisir de faire de nombreuses et belles photos, qu’ils accompagnent ou non d’un petit texte. Grâce aux personnes qui les suivent, ils réussissent à créer une vague. Les restaurateurs qui les sollicitent doivent aussi avoir recours à d’autres moyens de publicité, car les foodies ne touchent généralement qu’un public jeune (25-35 ans).

RH – Comment sont les blogueurs vins?

SAMY RABBAT –. À la différence des foodies, les blogueurs vins sont plus âgés, avec une bonne formation dans le monde du vin, et très souvent avec une réelle expérience de travail dans ce milieu. Au Québec il y a de nombreux chroniqueurs vins, remarquables et fiables.

RH – Est-ce qu’ils sont bien rémunérés?

SAMY RABBAT – Les blogueurs et une grande partie des chroniqueurs ne sont pas rémunérés, aujourd’hui. Ils font ce métier par passion et font leur argent ailleurs, soit dans l’enseignement, avec des animations d’ateliers et de dégustation, ou avec d’autres sources. Plus ils ont de visibilité, plus ils ont de chances de décrocher des contrats ailleurs. Pour ma part, mes collègues chroniqueurs ne sont pas rémunérés, mais mon vaste réseau de contacts et des facilités de communication sont à leur service.

RH – Avez-vous une politique éditoriale et une règle de conduite éthique pour vous et vos collaborateurs?

SAMY RABBAT – Nous avons consulté nos collègues éditeurs de sites, nous avons échangé avec les chroniqueurs et une politique écrite a été établie pour protéger la réputation de l’entreprise, des chroniqueurs et des clients.

RH – Parmi vos principales actions, grâce à votre site, à votre infolettre et à votre énorme réseau de relations, il y a la promotion des salons.

SAMY RABBAT – Depuis maintenant dix ans, nous couvrons les pays producteurs de vins qui organisent des salons, des dégustations, des séminaires, des conférences, afin de promouvoir la qualité de leurs événements.

À chaque événement d’un de nos clients, notre site, notre infolettre et notre calendrier médiatisent l’événement longtemps à l’avance et sans interruption, jusqu’à la date de sa réalisation. Le jour J, je suis sur place du début à la fin, pour aider à tisser des liens entre les producteurs participants et les visiteurs. Par la suite, nos chroniqueurs donnent une couverture médiatique à l’événement, sur notre site et sur les autres médias avec lesquels ils collaborent.  Nous sommes les premiers à avoir ouvert le marché aux vins grecs. Nous sommes également les premiers à avoir fait la promotion des vins du Chili et de l’Afrique du Sud, via nos envois destinés aux professionnels décideurs et influenceurs, sans oublier les amateurs avertis.  Nos clients organisateurs de salons reçoivent de notre part de précieux conseils pour le succès de leurs événements, ainsi qu’un rapport postérieur avec des suggestions de choses à améliorer dans le futur.

Depuis plusieurs années, nous collaborons avec ces salons de très grande importance:

  • Le Festival des vins de Saguenay, qui est le plus grand au Québec et qui attire plus de 50 000 visiteurs en trois jours
  • Le Salon des vins d’Italie sur le thème: Une Dégustation de vins d’Italie
  • Le Salon des Vins Printemps DézIPpé, ainsi que le Salon VIP du RASPIPAV
  • La Grande Dégustation des Vins de Grèce
  • Le Salon des vins d’Espagne
  • Le Festival des vins de Californie
  • Les grandes dégustations de vins du Brunello di Montalcino
  • Bordeaux fête le vin à Québec, aux deux ans

Un de nos premiers salons fut avec la Délégation commerciale d’Italie. Nous nous sommes joints à eux, alors qu’ils étaient déjà des leaders dans l’organisation d’événements.

RH – Quelles sont les étapes indispensables pour s’assurer de la tenue d’un salon de vins?

SAMY RABBAT – Un pays producteur de vin mandate une agence de planification événementielle qui a souvent de l’expérience en la matière et qui se doit d’avoir les listes des médias, des professionnels de la restauration et des consommateurs membres de clubs d’achats vinicoles. En général, nous sommes bien placés pour les aider avec ces fameuses listes en devenant le fournisseur de ladite agence.

Cette agence doit s’assurer que la SAQ soit intéressée à envoyer des émissaires au Salon des vins, et surtout de faire accréditer leur salon afin que les conseillers en vins puissent se déplacer sur leur horaire de travail.

L’agence doit aussi avoir les budgets du pays en question pour:

  • S’assurer que d’autres événements n’ont pas lieu en même temps que leur activité.
  • Réserver la salle en faisant un dépôt initial assez important.
  • Imprimer un cahier ou figurent les domaines vinicoles présents et déjà représentés au Québec ou en recherche d’agences.
  • S’entourer de professionnels, autant les services d’un traiteur, un photographe, un service de sécurité, etc.
  • Coordonner une promotion avec les agences de vins et les représentants des domaines du pays, soit durant la durée du salon, soit après l’événement, pour que les consommateurs puissent trouver facilement les produits.
  • Sélectionner des chroniqueurs et des blogueurs sérieux qui seront invités, afin que leurs commentaires soient diffusés dans leurs communautés.
  • Avoir les échantillons requis pour les médias et d’autres besoins spécifiques.

Si les agences n’ont pas ces principaux éléments, les efforts des pays producteurs de vins vont tomber à l’eau très rapidement. La concurrence est féroce. Les professionnels et les amateurs de vin sont très choyés au Québec et ils ont l’embarras du choix.  Nous l’avons constaté avec le CHILI, qui avait fait organiser durant trois ans des salons, et d’un coup plus rien!!! Pendant ce temps, la FRANCE revenait à la charge avec la promotion de diverses régions vinicoles, l’ITALIE toujours aussi forte n’a jamais, jamais, jamais lâché le Québec et le Canada. L’ESPAGNE a fait son premier salon en 2017, en plein tumulte politique… Je pourrais vous citer d’autres exemples.

RH – Vous avez participé à la naissance et au succès du Festival des vins du Saguenay.

SAMY RABBAT – Ce Festival en sera à sa douzième édition en 2019, et depuis 8 ans, j’ai le privilège d’être le consultant externe du Festival. Notre premier rapport était de 14 pages et en 2017, le rapport ne comprenait que deux pages, car 90% des recommandations avaient été appliquées.

RH – D’après vous, quel est le secret de son succès?

SAMY RABBAT – Le succès de ce Festival repose sur un travail d’équipe extraordinaire et une synergie reliée au populaire porte-parole depuis 12 ans qu’est Philippe Lapeyrie. Ce Festival a un conseil d’administration digne des grandes corporations et tout passe par ce comité, qui montre patte blanche à quiconque demande des explications.

Un ingrédient gagnant c’est la population de cette région, qui est accueillante et chaleureuse.  Le comité exécutif a visité tous les salons des vins et festivals vinicoles du Québec durant une année complète. C’est une organisation qui tourne au quart de tour, avec des responsables qui savent exactement qui fait quoi.

RH – Quels sont, à votre avis, les autres Salons et Festivals de vins qui comptent au Québec?

SAMY RABBAT – Remarquez qu’un Salon de vins n’a rien à voir avec un Festival de vins.

Dans un Salon, on circule tranquillement à l’air climatisé, avec un guide du salon imprimé, et on peut déguster à notre rythme.

Dans un Festival, on circule avec empressement ou en lenteur, selon la température; il n’y a pas de guide papier et pour déguster, disons qu’il faut essayer des produits… L’événement est festif!

Les salons les plus importants, à mon avis, sont:

  • La Grande Dégustation de Montréal
  • Le Printemps DézIPpé du RASPIPAV
  • Le Salon des vins d’Importation Privée du RASPIPAV
  • Le Salon des vins de Québec, aux deux ans
  • La Dégustation de vins d’Italie
  • La Grande Dégustation des Vins de Grèce
  • Le Salon des vins du Portugal
  • Le Salon des vins, bières et spiritueux de Trois-Rivières
  • Salon des vins et saveurs régionales de Rouyn-Noranda
  • Salon des vins, bières et spiritueux de Saint-Léonard-d’Aston
  • Salon des vins de Saint-Georges

Les festivals les plus achalandés sont:

  • Le Festival des vins de Saguenay
  • Bordeaux fête le vin à Québec (aux deux ans)
  • Le Festival des vins de Terrebonne
  • La Fête des vendanges de Magog-Orford (100% vins et cidres du Québec)

RH – Pourquoi pensez-vous que le salon Une dégustation de vins d’Italie, qui se tient fin octobre cette année, plait et attire de grands éloges et La Grande Dégustation de Montréal, qui se tient tout de suite après, reçoit de nombreuses critiques?

SAMY RABBAT – La Dégustation de vins d’Italie célèbre, en 2018, sa vingt-troisième édition à la même période de l’année. La Grande Dégustation de Montréal, qui s’appelait auparavant Le Salon des vins de Montréal, se tenait en mars. En effectuant ce changement de date et de nom, pour faire évoluer le salon, ils ont perdu des visiteurs, car le nouveau nom faisait peur aux amateurs de vins, qui ne se sentaient pas à la hauteur.  Le temps a passé, les mentalités aussi, et de nouveau on se remet en question pour assurer la pérennité de la Grande Dégustation de Montréal, qui est restée quand même toute une référence.

RH – Le monde politique s’interroge de plus en plus sur l’intérêt d’avoir un monopole pour les vins et spiritueux. Comment voyez-vous l’avenir de la Société des alcools du Québec?

SAMY RABBAT – Voici ce que j’ai écrit dans mon éditorial du 25 juillet dernier:

«Au sujet de la libéralisation de la SAQ, annoncée récemment…

Philippe Couillard me fait sourire lorsqu’il l’annonce à mots couverts que le système privé donnera plus de choix aux consommateurs québécois. Il faut croire qu’il n’a pas visité les magasins de vins & spiritueux en Alberta, surtout ceux entre Edmonton et Calgary. L’Alberta a un modèle semi-privé et qui s’est avéré plus ou moins un succès. Le monopole vertement critiqué de tous les côtés est une belle entreprise de rentabilité pour les gouvernements, tant fédéral que provincial (dividendes de la SAQ en 2017-2018: 1,114 milliard $. (Source: Journal de Montréal du 20-07-2018). La SAQ possède plus de 6000 références et un choix extraordinaire de produits, autant en succursales qu’en importations privées, et ce, pour toutes les bourses. Aux îles de la Madeleine, la SAQ vend la vodka, le scotch, et les vins au même prix que dans votre succursale de quartier. On se procure des vins de bonne qualité à des prix très abordables, en succursales.

Les consommateurs qui décrient le monopole sur les sites sociaux, je les invite à visiter les succursales des monopoles canadiens et d’aller voir ce qui se passe en Europe. Essayez de demander un vin d’Italie à Bordeaux, ou de toute autre région vinicole de la France!…. Bonne chance. En tant que consommateurs, les Québécois nous sommes très choyés par la variété des produits vendus autant à la SAQ, qu’en épicerie (oui, en épicerie!).  Je suis contre la privatisation de la SAQ, au profit des grands cartels… Disons que la conscience collective a fraîchement en mémoire le dossier de Bombardier.  Quant aux opérations internes entre les agences de vins & spiritueux et la SAQ, chacun a ses réponses et ses solutions aux soucis des processus d’affaires.»

RH – Revenons à vous, qui êtes un incontournable de l’industrie vinicole, sans vantardise!

SAMY RABBAT – Les pros de l’industrie me l’ont tellement dit, que j’ai fini par l’inscrire sur mes cartes d’affaires!

RH – Certains de vos services sont indispensables à l’industrie vinicole du Québec, comme la recherche du personnel.

SAMY RABBAT – Essayez de joindre un humain sur les sites d’emplois spécialisés… Bonne chance. Nous, on peut nous joindre autant par le téléphone, les réseaux sociaux, le tam-tam ou la télépathie, 365 jours par année. Je suis constamment sur le terrain afin de garder le contact avec mes lecteurs.  Heureusement que j’ai l’expérience de la route, autant comme représentant que comme directeur des ventes & marketing et propriétaire d’une agence de vins.

RH – Comment voyez-vous l’avenir de votre site?

SAMY RABBAT – Le site doit absolument passer par le développement de nouveaux services utiles aux communautés que nous couvrons, et par un contenu écrit diversifié.

RH – Travaillez-vous en partenariat?

SAMY RABBAT – Oui, et c’est très important. Je suis entouré de fournisseurs de qualité et qui donnent un excellent service, mais je n’ai plus d’associés.

Voici une panoplie des services que nous proposons maintenant, via nos partenaires:

  • Une solution pour paiements avec les cartes de crédit & de débit en ligne, en magasin et mobile.
  • Une Formation en Ventes sur le terrain pour vos représentant(e)s.
  • Une carte de fidélité réinventée au service des PME.
  • L’Audit pour les domaines à vendre: 
    • Pour mieux comprendre l’entreprise
    • S’assurer de l’exactitude des comptes et des bilans
    • Mesurer les risques, les chiffrer et s’assurer, ainsi que les conditions de la garantie d’actif et de passif qui permettront de les couvrir
    • Analyser les risques contractuels de l’entreprise
    • Le respect des conventions collectives, des contrats de travail et des normes environnementales du domaine d’activité.
    • La diffusion de communications via nos services, avec possibilité de travailler via les sites de nos partenaires Web.
  • La correction de contenu Web.
  • Un service de traduction (anglais-français)
  • Des services de consultation avec les monopoles du Canada. 

RH – La perception est que tout est gratuit sur Internet. Avez-vous beaucoup de demandes de gratuités pour diffusion?

SAMY RABBAT – Mon site Web est de nature commerciale. Pour le faire fonctionner, il est vital de rester en contact permanent sur le terrain et de visiter nos partenaires commerciaux et nos clients. Un site Web est comme une entreprise qui a pignon sur rue, avec des investissements et des dépenses quotidiennes et mensuelles.  On est inondé de demandes de gratuités. Nous offrons 20% du contenu aux véritables organisations à but non lucratif. Nous savons très bien que beaucoup d’affaires se transigent via notre site et nos nouvelles.  Notre site Web est pratiquement vu 24h/24h, et chaque jour nous ajoutons du contenu spécialisé.

RH – Lorsque vous regardez en arrière, quel est votre constat?

SAMY RABBAT – Jamais je n’aurais pu réussir tout seul ce site et ces infolettres. J’ai eu le privilège de m’entourer de collègues chroniqueurs et de correspondants en Europe qui m’ont épaulé depuis le début. J’ai une précieuse assistante en Annie Tremblay, qui est d’une redoutable efficacité, et mon webmestre actuel, Erik Villeneuve, qui est hors pair. Je suis reconnaissant envers eux et aussi envers les agences de vins et mes nombreux clients, qui ont cru en moi et m’ont soutenu. Je rends aussi hommage à ma conjointe Diane Senez, qui m’a encouragé à lancer mon site basé sur le réseautage.

RH – Merci de m’avoir accordé cette entrevue, SAMY RABBAT. Joyeux 10e anniversaire et longue vie à SamyRabbat.com!

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Le dixième anniversaire de SamyRabbat.com – Entrevue avec son fondateur

Roger Huet
Chroniqueur vins et spiritueux
Président du Club des Joyeux
SamyRabbat.com
LaMetropole.com
Touristica.ca

Ce Québécois d’origine sud-américaine, apporte au monde du vin, sa grande curiosité, et son esprit de fête. Ancien avocat, diplômé en sciences politiques et en sociologie, amoureux d’histoire, auteur de nombreux ouvrages, diplomate, éditeur. Dans ses chroniques Roger Huet parle du vin comme un ami, comme un poète, et vous fait vivre l’esprit de fête.

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