Du théâtre contemporain éblouissant : Le dire de Di

Dire de di, production Dire de di, production
Le Théâtre Prospéro accueille une collaboration du Théâtre français de Toronto et du Théâtre Catapulte d’Ottawa.

Cette création rassemble des francophones hors Québec, auteur, metteur en scène et l’interprète. L’auteur Michel Ouellette originaire du nord de l’Ontario, Le metteur en scène Joël Beddows (enseignant en théâtre à l’université d’Ottawa et actuel directeur du Théâtre français de Toronto ainsi que la Manitobaine Marie-Ève Fontaine, seule en scène sur cette production.

Un décor zen

Une chaise, quatre cadres en bois géants savamment disposés, le tout monté sur une petite estrade aux formes irrégulières planté au centre de la scène. Un décor sombre, mais bien éclairé, simple et un peu psychédélique, qui convient à merveille à la teneur des propos de cette adolescente de 16 ans, presque 17.

Son

C’est toujours une surprise de voir les comédiens de théâtre utiliser un microphone dans de petites salles comme celle du Prospéro. Dans ce cas précis, cela permet à la comédienne de moduler sa voix de manière intéressante. Elle peut chuchoter dos au public, emprunter d’autres voix que celle de son personnage sans jamais avoir l’air de déclamer un texte. Comme c’est un passionnant monologue d’une heure vingt minutes, l’interprète peut se concentrer sur le texte et l’articulation. L’intonation et la pose de la voix sont aidées par la technologie avec un beau résultat acoustique.

Marie-Ève Fontaine, remarquable

La force d’un texte comme celui-ci repose en bonne partie sur son interprétation. Le jeu de Marie-Ève Fontaine lui vaut une nomination pour le prix Rideau de cette année après avoir remporté le prix pour l’artiste émergente en 2015. Une longue et prospère carrière se profile pour cette comédienne.

Voilà plus d’un demi-siècle

En 1966, Réjean Ducharme prenait le monde de l’édition par surprise. Rejeté ici, son manuscrit il est finalement publié en France par la prestigieuse maison Gallimard à Paris. Le parallèle entre Le dire de Di et L’avalée des avalées est multiple. Un homme qui entre avec autant de brio dans la psyché d’une adolescente, c’est un exploit. La création d’un imaginaire, d’un langage, de codes, de signaux, dans les dix cas, c’est une réussite. Di et Bérénice ont une filiation certaine et heureuse dans leurs malheurs. Le dramaturge franco-ontarien Michel Ouellet signe ici une grande œuvre sur des thèmes universels.

Réservez en ligne sur le site du Théâtre Prospéro.

 

Le Pois PenchéPoésie Trois-Rivière

Anthropologue de formation, spécialisé en archéologie, Raymond Carpentier travaille dans le milieu des nouveaux médias et de l’internet depuis des décennies. Passionné de cinéma, de technologies, de cuisine, d’histoires, de sciences, de santé, de nutrition, de musique, c’est un touche-à-tout.