L’amour des mots où tout simplement les mots sont l’amour.
Et tant de choses : l’espoir, les armes secrètes sur des pages blanches ; il y a la chair des mots pour Martine Audet. Sur chaque page, elle se lance, s’abandonne. Elle nous fait grandir. Nous sommes dans La société des cendres. Pense à la mort qui se soucie de toi de l’autre amour en milliers d’espèces (p. 11). S’échapper d’une maison. Se détacher d’un monde trop obscur pour le commun des mortels. Et cette nuit qui fait vibrer l’intériorité des mots.
Ainsi la nuit n’est pas venue ou si peu. La nuit est un mystère ou son appât. (p. 20). Des mots, les plus courts, les plus beaux. Des ombres sur une page de lumière. On vit. On meurt. Il reste les mots de Martine Audet, témoins d’un long voyage intérieur à travers la roue lente de la poésie intemporelle. Donne–lui les clefs d’une chambre qui n’existe pas (p. 39). Nous sommes dans la chambre à regarder le temps passer. Comment rattraper l’émotion si on n’écrit jamais assez vite ? Martine Audet annonce la fin des murs. La solitude nous suit. On prend le large pour aller vers l’infini. À l’instant, qui me sépare du monde ? Ce qui résiste éclaire (…) Vivre est-ce parler du cœur ? (p. 46). Je me suis souvenu de Jean Royer (Le poème debout), il vous cite avec candeur. Car chaque beauté avive la perte. Il vous a lue et admirée ; De quelle rencontre cette pensée vers la solitude ? Vers l’absence du chemin ? Quel souvenir t’enseigne la durée ? (p. 77).
La poésie minimaliste de l’auteure cherche sa lumière. À travers le déluge médiatique : la lumière vidée d’âme. Nous sommes dans l’empire du médiocre et nous voici dans une réflexion douce dans l’échographie du cœur : jeu des cœurs sous vide. Est-ce l’or d’une tempête contre l’âpre sommeil ? (p. 80). En lisant Martine Audet, nous ne sommes pas loin de toute étoile dans un autre espace en dehors, pour reprendre une strophe de Philippe Jaccottet. La langue de Dieu est invisible. La voix tonitruante est muette. Marguerite Duras en parle sans jamais en parler. Nous sommes dans la nuit jusqu’à la fin.
Dans la seconde partie (Des lames entières), nous restons dans cette nuit (mélancolique). Un déchaînement contenu dans les fleurs bien visibles. Des embrasements. (p. 119). La poétesse ignore où son voyage intérieur l’amènera. Parce que la nuit est une manière d’envers du monde. Une écriture profonde. Une recherche de sens. Le cœur ouvert. Aller au bout du temps. Dans les mots du silence des blancs plus clairs. Une parole d’espoir dans une brisure de souffrance. La poésie de Martine Audet est comme les navettes, ou anges de l’être, elles séparent l’espace.
Notes