Féministe pour homme. Par Dominique Paupardin
Féministe pour homme « Guide de survie pour tous (tes) » Texte : Noémie de Lattre. Adaptation québécoise : Rébecca Déraspe, Mise en scène et décor : Alix Dufresne. Comédienne : Sophie Cadieux. À l’Usine C à Montréal du 11 au 21 janvier 2023 et en tournée dans une trentaine de villes du Québec du 1er février au 14 juin 2023.
Adaptédu one-woman-show de l’autrice et comédienne Noémie de Lattre (nommé aux Molières 2020 dans la catégorie spectacle solo), Féministe pour hommepoursuit maintenant sa belle carrière au Québec. Cinq ans après sa création à Paris, le spectacle qui pose un regard féministe et drôle sur la condition féminine n’a pas pris une ride et reste toujours d’actualité. La comédienne Sophie Cadieux rayonne dans son rôle de féministe sexy dont le discours oscille entre l’humour et la gravité, l’autodérision et les provocations, et ce, sans répit pendant 90 minutes bien sonnées. « (…) je sais que ce n’était pas écrit dans le titre, mais en sortant d’ici ce soir, vous allez tous être féministe, »lance– t-elle, d’entrée de jeu. Dans la salle, beaucoup de femmes de tous les âges rient à gorge déployéeen ce gris samedi soir de janvier. Quelques hommes à peine ont répondu présents, salués par la comédienne. Le féminisme est vu ici comme un « humanisme » et n’est pas contre les hommes. Le décor épuré et coloré rappelle une salle de gymnastique dessinée pour le corps des femmes. Sophie Cadieux, juchée sur ses talons hauts— preuve qu’une féministe peut être féminine —explique qu’elle fait des exercices de Zumba lorsqu’elle veut ventiler : elle passera ainsi la majeure partie de la soirée à faire des mouvements de Zumba en talons hauts. « Avant, tu disais que tu étais féministe, c’était la cause de merde qui donnait l’herpès et la frigidité en même temps. » Et voilà le spectacle qui enchaîne avec joie et allégresse la méthodique description de tout ce que les femmes doivent subir ou endurer tout au long de leur vie. Il est question du culte de la beauté, des règles, de la sexualité, du viol, des violences obstétricales et de l’avortement, mais aussi du patriarcat, de la charge mentale et même des injustices de la langue française. « Le mot « vainqueur » n’a pas de féminin. » La journée du 8 mars, Journée internationale du droit des femmes est également tournée en dérision. Il est aussi longuement question des grandes qualités du clitoris — le seul organe humain qui ne sert à rien d’autre qu’au plaisir. Il reste quand même un peu d’espoir pour nous mesdames.
Photo principale : Sophie Cadieux