Fin du conflit israélo-palestinien

Comment mettre fin au cycle de la violence dans le conflit israélo-palestinien. Par Hassan O. Baage On ne pourra jamais suffisamment souligner, répéter et reconnaître que l’attaque du 7 octobre 2023 commise par le Hamas contre des civils israéliens était un acte de violence odieux, sinon barbare. Le traitement dégradant et déshumanisant que les Palestiniens subissent depuis des décennies sous le joug des Israéliens ne peut justifier un tel acte.
Gaza. La violence doit cesser! Gaza. La violence doit cesser!
Gaza. La violence doit cesser!

Comment mettre fin au cycle de la violence dans le conflit israélo-palestinien. Par Hassan O. Baage

On ne pourra jamais suffisamment souligner, répéter et reconnaître que l’attaque du 7 octobre 2023 commise par le Hamas contre des civils israéliens était un acte de violence odieux, sinon barbare. Le traitement dégradant et déshumanisant que les Palestiniens subissent depuis des décennies sous le joug des Israéliens ne peut justifier un tel acte.

Avec cette attaque, le Hamas a dévoilé au monde sa véritable nature, à savoir que c’est une organisation qui utilise le terrorisme à ses fins. Si son assaut envers Israël s’était limité au personnel et aux installations militaires et policières – autant d’outils au service des politiques répressives d’Israël – plutôt qu’à des civils sans défense, le Hamas aurait fait montre d’une certaine moralité. Cet acte aurait alors établi que la résistance armée fait partie de la lutte pour la liberté.

Mais encore : il faut souligner, répéter et reconnaître que la réponse d’Israël à l’attaque du 7 octobre 2023 contre Gaza dépasse tout entendement en ce qui a trait à l’ampleur, à la férocité, à l’inhumanité et au mépris de la souffrance et de la vie humaine. Cette réponse est le résultat d’une rage aveugle, d’une volonté de vengeance, d’un désir de punir sévèrement les habitants de Gaza dans leur ensemble et d’une stratégie visant à éliminer le Hamas.

La guerre de Gaza en est maintenant à son cinquième mois avec l’approbation de la société israélienne. Il est clair qu’Israël a, dès le départ, choisi l’expansion territoriale au détriment de sa sécurité, ce qui a entraîné encore plus de conflits et un effritement des possibilités de paix et d’entente. Israël n’est pas sans savoir que son existence n’est pas menacée par la résistance palestinienne ou par le militantisme du Hamas, mais plutôt par le traitement répressif et antidémocratique dont il accable les Palestiniens et leur cause. Au lieu de mettre fin à l’humiliation et l’occupation, Israël redouble d’efforts pour soumettre le peuple palestinien. Ce cycle de violence est devenu un cercle vicieux. Jusqu’à quand cela durera-t-il ? Cette violence récurrente pourrait-elle néanmoins être inversée ?

Certains changements doivent se produire pour cela. Il faudrait que les gouvernements occidentaux, malgré la culpabilité qu’ils ressentent à l’égard de ce qui est arrivé aux juifs d’Europe et leurs préjugés vis-à-vis du monde arabo-musulman, reconnaissent ouvertement l’injustice et la souffrance causées par les territoires occupés pour ensuite faire pression auprès d’Israël, afin de l’amener à changer de voie.   Le Hamas doit renoncer à la violence et au militantisme, libérer tous les otages et entreprendre d’œuvrer, sous un leadership palestinien et unifié, en faveur d’un horizon politique et une coexistence apaisée avec Israël.

La société israélienne doit prendre conscience de l’oppression et de l’humiliation des Palestiniens et refuser de cautionner ces pratiques, exigeant l’équité et l’égalité pour les deux peuples. Il faut un changement de garde au sein du gouvernement ultranationaliste actuel en Israël ou, du moins, un assouplissement de sa politique à l’égard de la question palestinienne. 

Les grands médias occidentaux, y compris israéliens, doivent dénoncer de façon univoque les méfaits de l’occupation israélienne et questionner sans relâche les politiciens et généraux israéliens sur ce qu’ils envisagent vraiment de faire de Gaza, une fois un cessez-le-feu en place. Chaque partie doit enfin comprendre le récit profondément enraciné de l’autre, soit le retour d’Israël à une « terre promise » à la suite des atrocités inimaginables de la Seconde Guerre mondiale, et la dépossession des Palestiniens de leurs terres assortie d’une occupation humiliante marquée d’interminables blocus.

À la suite de ces changements, la paix et la sécurité pour les deux peuples pourraient être envisagées.  Une première étape vers la paix et la coexistence implique la fin rapide de la guerre à Gaza, pour donner un répit à la population et permettre, avec des inspections de sécurité raisonnables, l’acheminement de l’aide aujourd’hui indispensable et vitale. Israël semble avoir sérieusement dégradé les capacités militaires du Hamas et, par conséquent, découragé toute attaque éventuelle. Israël pourrait ainsi faire preuve de pragmatisme et de réalisme pour travailler de concert avec les Palestiniens afin de trouver une solution acceptable au conflit. 

Une fois un cessez-le-feu en place, une présence internationale neutre mais temporaire, du type Casques Bleus, pourrait être déployée pour veiller à la sécurité de l’enclave, renforcer l’ordre public, assurer le calme et la stabilité en vue de l’arrivée possible d’une Autorité palestinienne remaniée et renforcée pour administrer Gaza dans l’attente de nouvelles élections. Cette présence internationale pourrait se mettre en place sous l’égide des Nations Unies, avec du personnel fourni par un certain nombre d’États arabes volontaires (éventuellement l’Égypte, la Jordanie ou l’Arabie Saoudite) ou la Turquie.

Des efforts pourraient être également relancés pour formaliser le statut de la Palestine aux Nations Unies. En effet, en novembre 2012, la Palestine est devenue un État observateur non membre, sans pourtant obtenir le statut de membre à part entière malgré de nombreuses résolutions de l’Assemblée générale reconnaissant ou affirmant que le peuple palestinien a droit à l’égalité des droits, à l’autodétermination et au droit à l’indépendance nationale, par conséquent à la souveraineté. Même si 139 États membres de l’ONU reconnaissent la Palestine en tant qu’État, le principal obstacle à une adhésion à part entière a été l’incapacité de la part de la Palestine à obtenir neuf voix sur quinze au Conseil de sécurité de l’ONU pour adopter une résolution en ce qui a trait à ce statut. La Grande-Bretagne, l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, a annoncé récemment son intention de « reconnaître formellement et diplomatiquement un État palestinien » et de travailler avec ses « alliés » pour y parvenir. Des rumeurs circulent également quant à la possibilité pour le gouvernement américain de s’acheminer vers cette voie. 

L’obtention du statut de pays membre de l’ONU dépend également d’un accord israélo-palestinien pour trouver une solution digne des dits « deux États », ce qui s’avère toujours compliqué. Mais avec de la détermination, de la bonne volonté et un leadership courageux, les complications pourraient s’atténuer. La Loi fondamentale adoptée par la Knesset en juillet 2018 proclamant qu’Israël est un État pour le peuple juif avec comme langue officielle l’hébreu empêche d’envisager une solution à un seul État binational.

Pour qu’un accord israélo-palestinien visant à promouvoir la solution des deux États puisse voir le jour les conditions suivantes doivent être réunies. Premièrement, les deux parties au conflit doivent entériner la solution à deux États et s’entendre par la suite sur une feuille de route pour y parvenir. Cela nécessitera de sortir des sentiers battus et de faire preuve de compromis.  

Deuxièmement, des élections doivent être déclenchées pour mettre en place un gouvernement légitime, représentatif de tous les Palestiniens. Le Hamas s’est récemment déclaré prêt à soutenir cette entreprise, mais il faudra pour cela qu’il renonce à la violence.

Troisièmement, la médiation d’une tierce partie impartiale et fiable est essentielle pour faciliter le développement d’une feuille de route. Forts de leur engagement historique dans le processus de paix au Moyen-Orient et de leur influence sur Israël, les États-Unis pourraient jouer un tel rôle, même si leur position d’arbitre neutre est diminuée aux yeux des Palestiniens. La Norvège pourrait également jouer ce rôle puisqu’elle a accueilli le processus des accords d’Oslo.  

Quatrièmement, il s’agirait d’établir des programmes et un soutien financier pour la réhabilitation des systèmes et des structures de gouvernance, assurer la reconstruction de Gaza ainsi que le développement commercial et les investissements en Palestine. Les États du Golfe ont manifesté leur volonté de répondre aux exigences financières uniquement si Israël s’engage dans la solution à deux États.

Enfin, il doit y avoir réconciliation entre Israéliens et Palestiniens. Celle-ci nécessite que les deux parties reconnaissent que des crimes et des injustices ont été commis. Cela exige également que les auteurs de ces actes rendent des comptes : le Hamas pour les horreurs qu’il a commises le 7 octobre 2023, et Israël pour les massacres à Gaza en réponse à l’attaque du Hamas. Le cas de l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de Justice ainsi que les efforts déployés par la Cour pénale internationale pour enquêter sur les crimes de guerre commis à la fois en Palestine et par le Hamas sont autant d’étapes vers la responsabilité et la fin de l’impunité. La décision récente de la part de la CIJ (Cour internationale de la justice) indique à Israël que la guerre doit être menée de manière différente. Cela signifie que la réponse actuelle d’Israël, disproportionnée, ne saurait être la solution au conflit.

Les Israéliens et les Palestiniens ne devraient pas céder aux provocations des extrémistes et ultranationalistes qui pourraient tenter de faire dérailler tout processus visant à sortir de l’animosité féroce et de la haine mortelle qui ont régné jusqu’à présent. Ils devraient montrer par des actes concrets leur intention de travailler ensemble, avec les États qui les soutiennent, pour changer le statu quo, mettre en œuvre une paix globale et normaliser les relations dans la région. 

Rien ne devrait les en empêcher.

Traduction Julie de Belle et Marie Desjardins

Version anglaise

How to Reverse the Cycle of violence in the Israeli-Palestinian Conflict. By Hassan O. BAAGE

It must be said, repeated and fully acknowledged that the rampage by Hamas cohorts on 7 October 2023 on Israeli civilians was an abhorrent act of violence, medieval in its savagery and inhumanity. It cannot be justified irrespective the abuse and dehumanizing treatment the Palestinians have for decades suffered at the hands of the Israelis.

With this attack, Hamas proved to the world that it is indeed an organization that uses terrorist means to achieve its objectives. Had its thrust into Israel concentrated only on military and police personnel and installations, being the implementers of Israel’s repressive policies, rather than assaulting and kidnapping defenseless civilians, it would have maintained a certain moral ground and argued, probably successfully, that armed resistance is part of the struggle for liberation and the fight for freedom.

It must also be said, repeated and acknowledged that Israel’s riposte to the October 7 attack on Gaza has surpassed all others in scope, ferocity, inhumanity and disregard for human life and suffering. This, obviously, was born out of a blind rage for revenge, a desire to penalize Gazans severely and a strategy to root out Hamas and put an end to its existence.

The war in Gaza is now in its fifth month with the full approbation of Israeli society. It is clear that Israel has made the choice of expansion of territory over security, ushering in unrest and degeneration of prospects for peace and coexistence. Surely, it must know that its existence is not threatened by Palestinian resistance or by Hamas militancy. Rather, it is menaced by its repressive, antidemocratic and unaccountable treatment of the Palestinians and their cause. Instead of putting an end to the humiliation and occupation, Israel doubles down on its efforts to subdue the Palestinians. And the pattern of violence repeats and recurs. But until when? Can it be reversed?

For a reversal to happen, some changes need to take place. Western Governments, despite their own historical guilt of the atrocities they committed against Jews and their discordance with the values of Arabs and Islam, should recognize openly the unfairness and agony of the occupation and vigorously and inexorably press Israel to change course.

The pattern of violence will change when Hamas renounces violence and militancy, liberates all hostages and undertakes to work, under a unified Palestinian leadership, towards a political horizon and coexistence with Israel.

It will change when Israeli society regains consciousness of the oppression and humiliation of Palestinians and refuses to condone these practices, demanding equity and equality for both people. The pattern of violence will also change when there is a changeover in Israel’s current ultra-nationalist government or, at least, a mellowing of its policies towards the Palestinian question. 

It will change when the western mainstream media, including Israeli media, rather than regurgitating official government lines, exposes the harrowing impact of the Israeli occupation on Palestinians and presses Israeli politicians and generals on plans for changing approaches to the conflict once a cease fire is established. 

The pattern of violence will change when Israel realizes that no country can live in permanent war or conflict with its neighbours irrespective of its might or conviction of its righteousness.  

It will change when both sides recognize the validity of each other’s deep-rooted narratives of Israel’s return to a “promised land” after unimaginable atrocities in the Second World War and of the Palestinians’ dispossession of their lands and the humiliating occupation and blockade.

If these changes can be realized, then a course of action may be considered to achieve peace and security for both people.

An initial step to constructing a pathway to peace and coexistence involves swift termination of the war in Gaza, giving the population a respite and allowing, with reasonable security inspections, all required aid to come in and reach those in need. Israel can demonstrate that it has largely attained its goals of severely degrading Hamas and imposing an unmistakable deterrent to possible future attacks, at the same time showing that it is capable of pragmatism and realism to attempt to work with Palestinians to find an acceptable solution to their joint quandary. 

Once a cease fire is established, a neutral international force, similar to the Blue Helmets, could be brought in, on a temporary basis, to attend to the security of the enclave, reinforce law and order, ensure calm and stability in preparation for the possible arrival of a revamped and empowered Palestinian Authority, to administer the enclave while awaiting fresh elections. This international force could be run under the aegis of the United Nations, with personnel provided by a number of willing Arab states (possibly Egypt, Jordan or Saudi Arabia), or Turkey. 

At the same time, efforts could be relaunched to formalize Palestine’s status at the United Nations as a full member state. Palestine became a non-member observer state in November 2012 but has not been able to attain full member status despite numerous General Assembly resolutions recognizing, or affirming, that the people of Palestine are entitled to equal rights and self-determination and the right to national independence and sovereignty. Even though 139 UN member states recognize Palestine as a state, the major impediment to full membership has been the inability of Palestine to secure the required nine of the fifteen votes in the UN Security Council in support of a resolution on its statehood. Britain, one of the five permanent Members of the Security Council, announced recently its intent to “give formal, diplomatic recognition to a Palestinian state” and to work with “allies” to achieve this. There have been similar rumblings in the US Government.

Attaining UN member status also depends on agreement between Israelis and Palestinians finding a dignified solution to their two-state conundrum. And that has proven consistently complicated. But with determination, good will and courageous leadership, complications can begin to uncoil. No other viable option exists since the Basic Law, proclaiming Israel as a State for Jewish people with Hebrew as the official language was adopted by the Knesset in July 2018, deters consideration of a one-state solution.

For this endeavour to succeed, four prerequisites are necessary. First and foremost, the Israeli and Palestinian governments must agree in principle to a two-state solution and commit later on to a road map to achieve it. How this could be worked out will require to think outside the box as well as compromise.

Second, elections must be held leading to the establishment of a legitimate government, representative of all Palestinians. There have been recent pronouncements by Hamas of its readiness to support this endeavour but it must renounce violence first.  

Third, the mediation of an impartial and trusted third party is essential to facilitate exploration, exchanges and negotiation of proposals. Building on its historical involvement in the mid-east peace process and its influence on Israel, the United States can play such a role, even though it’s standing as a neutral arbiter is diminished in the eyes of Palestinians. Norway could also play this role since it hosted the process for the Oslo Accords.

Fourth, program and financial support for the rehabilitation of governance systems and structures, reconstruction of Gaza and commercial development and investment in Palestine must be secured. Gulf states have indicated their willingness to underwrite the financial requirements only if Israel commits and engages in the two-state solution.

Finally, there needs to be an eventual reconciliation between Israelis and Palestinians. To be achieved, reconciliation requires acknowledgement by both sides that crimes and injustices have been committed. It also requires accountability on the part of perpetrators. Hamas for the horrors it committed on 7 October 2023 and Israel for the mass killing in Gaza in response to the Hamas attack. South Africa’s case before the International Court of Justice as well as efforts by the International Criminal Court to investigate war crimes committed both in Palestine and by Hamas are steps toward accountability and ending impunity. The recent ICJ decision represents a signal to Israel that it has to fight its war in a different way, meaning that its current disproportionate response cannot be the answer to the conflict. 

Israelis and Palestinians should not give in to provocations by extremists and ultranationalists designed to derail their genuine efforts to veer off the course of fierce animosity and mortal hatred that have ruled thus far. They should show through deed and promise their intent to work together, with supportive states, to change the status quo, implement a comprehensive peace and normalize relations in the region. Nothing should stop them from doing so.

  • Note :
    Hassan Baage a eu une carrière impressionnante dans le service public, tant au niveau national canadien qu’international, marquée par une décennie consacrée aux Nations Unies dans le domaine de la lutte antiterroriste. Son expertise l’a également conduit à enseigner la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme à l’Université de New Haven, dans le Connecticut.
  • L’une de ses contributions significatives au domaine est son étude intitulée « Renforcer l’approche stratégique des Nations Unies dans le domaine de la lutte contre le terrorisme », publiée par le Centre international pour la lutte contre le terrorisme à La Haye. Cette étude souligne l’importance d’une approche stratégique cohérente et coordonnée pour lutter efficacement contre le terrorisme au niveau international. Hassan Baage détient une maîtrise de l’École d’études supérieures et de recherche de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, ce qui témoigne de son engagement et de sa rigueur académique dans son domaine d’expertise.
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