Appel urgent à la compassion

Lettre ouverte au très honorable Justin Trudeau, Premier ministre du Canada. Par Hassan O. Baage Appel urgent à la compassion pour les enfants victimes du conflit israélo-palestinien Monsieur le Premier Ministre,   Comme vous le savez, les enfants de Gaza et d’Israël sont ceux qui subissent le plus cruellement la violence engendrée par le conflit qui sévit depuis le 7 octobre 2023. Qu’on fait ces enfants – des innocents – pour mériter pareil calvaire ? Seuls la mort ou une existence infernale les attend. Cette calamité n’est pas le fait de Dieu, mais de la rage aveugle de l’homme qui veut venger l’acte odieux d’un autre homme.

Lettre ouverte au très honorable Justin Trudeau, Premier ministre du Canada. Par Hassan O. Baage

Appel urgent à la compassion pour les enfants victimes du conflit israélo-palestinien

Monsieur le Premier ministre,  

Comme vous le savez, les enfants de Gaza et d’Israël sont ceux qui subissent le plus cruellement la violence engendrée par le conflit qui sévit depuis le 7 octobre 2023. Qu’on fait ces enfants – des innocents – pour mériter pareil calvaire ? Seule la mort ou une existence infernale les attend. Cette calamité n’est pas le fait de Dieu, mais de la rage aveugle de l’homme qui veut venger l’acte odieux d’un autre homme.

Quelles que soient les raisons qui ont motivé l’attaque du Hamas, celle-ci n’en reste pas moins brutale et profondément choquante. Comment en effet qualifier ces massacres ? Des barbaries délibérées envers les civils israéliens et leurs enfants innocents. Ces petits êtres n’ont pas encore eu le loisir de saisir la quintessence de la vie, pas plus qu’ils n’ont compris l’essence même de leur pays, et moins encore les politiques envers ce voisin de l’autre côté de la «clôture». Avant qu’on leur arrache la vie, ces enfants jouaient innocemment dans leurs jardins, jouissant de la tranquillité de leur environnement. Certains ont péri en présence de leur famille, ou dans les bras mêmes de leurs parents, de leurs frères et sœurs. D’honnêtes enfants victimes de la rage et de la haine des terroristes dont le seul but est de tuer, d’exterminer et de détruire.

De son côté, Israël riposte, anéantissant un grand nombre d’enfants palestiniens dans son implacable volonté de vengeance. La détermination d’Israël à sonner le glas du Hamas conduit à d’innombrables pertes humaines ainsi qu’à la privation pour les survivants de tout ce qu’ils ont besoin : nourriture, eau, médicaments, abris, soins. On imagine mal une façon plus efficace d’anéantir une population. Avec la diffusion quotidienne d’informations et de vidéos, de récits et de reportages rigoureux, le Canada, à l’image du reste de la planète, est témoin d’images montrant crûment l’ampleur, la brutalité et la froideur des attaques contre les innocents des deux côtés. Où sont l’humanité, la compassion, la miséricorde ? 

Du côté israélien, de jeunes corps calcinés, criblés de balles, des enfants encore séparés de leurs familles et pris en otage.

Du côté palestinien, des enfants enterrés vivants sous les décombres. Aucune chance d’en être extraits. 

Incrédules, nous visionnons l’insoutenable : petits êtres déchiquetés par les bombes et les éclats d’obus, gravement défigurés, rendus aveugles ou privés d’un membre. Nous pleurons à la vue de ceux qui subissent des amputations sans anesthésie dans des salles d’opération rudimentaires. Nous en voyons d’autres suffoquer dans des incubateurs car il manque d’électricité, ou s’étouffant dans leurs propres sanglots, leurs cris de désespoir, et leurs râles alors qu’ils agonisent. Nous filmons des enfants traumatisés par la mort, anéantis par cette démolition. Ils sont prostrés, éteints, confus.

Jusqu’à présent, plus de dix mille enfants palestiniens sont morts sans qu’une fin de ce carnage soit même envisagée. Sont-ils inférieurs aux Israéliens ? Leurs vies ont-elles moins de valeur ? Sont-elles carrément inutiles ? Ces enfants ne méritent-ils pas la même considération que l’on accorde aux enfants israéliens ? Combien de milliers de vies faudra-t-il pour assouvir vengeance d’Israël? Combien de temps la conscience collective pourra-t-elle supporter cette décimation ? Que faudra-t-il pour raviver l’humanité dans ce coin du monde, et obtenir au moins un sursis ?

Est-il possible de rendre les choses encore plus désastreuses ? Oui, Monsieur le Premier ministre, car le Canada, entre autres pays, a suspendu le financement de l’UNRWA, un organisme d’aide essentiel pour les réfugiés palestiniens à Gaza. Cette décision a été prise sur la base d’allégations non prouvées selon lesquelles une douzaine de ses collaborateurs auraient participé à l’attaque du 7 octobre 2023. La suspension de ce financement aura d’horribles conséquences lorsque l’UNRWA manquera de fonds à la fin du mois de février 2024, privant alors des millions de Palestiniens de leur principale bouée de sauvetage. Que doivent faire les enfants de Gaza, prisonniers d’un cycle sans fin de punition collective ? Qui défendra leurs intérêts, leur sécurité et leur survie ?

Comme vous le savez, Monsieur le Premier ministre, le Canada a été à l’avant-plan des efforts visant à défendre la protection des enfants dans les conflits armés. Ce pays a défendu la création d’espaces sécuritaires pour favoriser leur croissance et leur apprentissage. Le Canada a lancé le premier débat thématique portant sur les enfants dans les conflits armés (pendant le mandat du Canada en tant que membre du Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) en 1999-2000). Il a soutenu la campagne « des enfants, pas des soldats » de l’UNICEF. Il a créé et présidé le Groupe d’amis sur les enfants et les conflits armés. Il a coparrainé un certain nombre de résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies qui élargissent la liste des violations identifiées par le CS comme étant des violations graves perpétrées contre les enfants en situation de conflit armé. Ces violations comprennent le recrutement ou l’utilisation d’enfants soldats, les violences sexuelles à leur endroit, de même que les meurtres et les mutilations, les attaques contre des écoles ou des hôpitaux et le refus à l’accès humanitaire en ce qui les concerne. Comme vous le savez, Monsieur le Premier ministre, la plupart de ces violations continuent de se produire à Gaza par les forces israéliennes.

Ce ne sont là que quelques exemples de la manière dont le Canada joue un rôle de leader dans le dossier des enfants victimes des conflits armés. Mais avec la suspension du financement de l’UNRWA, le Canada condamne les enfants palestiniens à la faim, aux maladies débilitantes, à la privation, à une détresse aiguë, à de graves traumatismes émotionnels et physiques, et à une mort éventuelle.

Plutôt que de se placer dans le camp de ceux qui ont choisi de suspendre leur financement en attendant les résultats de l’enquête de l’agence sur les allégations d’Israël, le Canada aurait pu choisir de s’aligner sur les pays ayant décidé de continuer à financer, avec la possibilité de réévaluer les futures promesses de contribution, à la suite de ladite enquête. La décision du Canada à cet égard est d’autant plus grave qu’elle s’ajoute à celle des trois donateurs les plus importants ayant également renoncé à financer, en l’occurrence les États-Unis, l’Allemagne et l’Union européenne, mais également d’autres donateurs, comme le Japon, la Suède, la Suisse et le Royaume-Uni. Dans ces conditions, l’UNRWA ne peut assurer ses opérations vitales.

Par conséquent, Monsieur le Premier ministre, je crois qu’il est essentiel que le gouvernement du Canada annule sa décision de suspendre sa contribution au travail humanitaire de l’UNRWA, du moins jusqu’au résultat de son enquête sur les allégations d’Israël. La récente contribution du Canada à d’autres organismes d’aide, comme le Programme alimentaire mondial des Nations Unies et le Comité international de la Croix-Rouge (dans le but de combler les lacunes des opérations de l’UNRWA) est inefficace du seul fait que ces organismes comptent sur l’UNRWA pour distribuer l’aide qu’elles fournissent.  

Maintenant que le Canada a appelé à un cessez-le-feu humanitaire à Gaza, il est également crucial qu’il incite le Hamas à libérer immédiatement les enfants pris en otage pour leur permettre de retrouver leur famille.

Répondre à cet appel – à savoir lutter contre l’inhumanité régnante – c’est continuer à tendre la bouée de sauvetage aux enfants palestiniens, et les épargner de la mort. C’est leur donner l’espoir de pouvoir grandir et éventuellement collaborer avec les futures générations israéliennes pour faire cesser l’oppression et donner libre cours à une coexistence enfin sereine entre les deux peuples.

Photo principale : Des Palestiniens avec leurs enfants dans les bras fuient le nord de Gaza pour se déplacer vers le sud de l’enclave. Dans le centre de la bande de Gaza, le 12 novembre 2023 @ Ibrahim Abu Mustapha, Reuters

Traduction Julie de Belle et Marie Desjardins

Version anglaise

Open letter to the Right Honourable Justin Trudeau, Prime Minister of Canada

A Plea for Humanity, Compassion, Pity – for the Children Caught in the Israeli-Palestinian Conflict. By Hassan O. Baage

Mr. Prime Minister, 

As you no doubt know, the children in Gaza and Israel are bearing the brunt of the violence. The children, the youngsters, the innocents who have done nothing or lived long enough to be extinguished, or to experience a living, smothering, fiery hell, visited upon them, not by God, but by man in his blind rage to avenge a calamity that has befallen him, similarly not through an act of God, but through the heinous act of another man.

Irrespective of its impelling motivation, Hamas’ attack on 7 October cannot be characterized other than viciously shocking, ghastly and barbarous acts of purposeful slaughter and butchery of Israeli civilian adults and innocent children. Children who have not yet grasped the quintessence of life, experienced the essence of their country or understood its policies towards its neighbour beyond the “fence.” Innocents who played in their gardens, enjoying serenity and delight in the tranquility of their surroundings. Children whose lives were snuffed out of them, in the presence of their families or in the clutches of their parents and siblings. Blameless children who bore the rage and hatred of marauding terrorists with the sole aim of killing, exterminating and destroying.

On the opposite side, Israel is proceeding with the obliteration of an infinite number of Palestinian children in its blind collective retaliatory rage. Israel’s resolve for revenge, as well as to deal Hamas a death knell, is leading to the expunging of countless lives of Palestinian children and the deprivation of the essentials of life to others by withholding food, water, medicine, shelter, the care of family members or the safety of secure environments, effectively condemning them to later extermination. 

With the daily unfolding of news and video reels, personal accounts, and rigorous reporting, Canada and the world are witnessing ever more extensive images of the scale, brutality and cold-heartedness of the attacks on the innocents of both sides. The stories are harrowing and gut-wrenching, defying any assumptions of humanity, compassion and mercy. From the Israeli side, we saw young bodies riddled with bullets, charred from burns, or separated from their families and taken hostage.

On the Palestinian side, we note children buried alive under rubble with no prospect of being pulled out. We behold with incredulity children cut to pieces by bombs and shrapnel, grossly disfigured by lost limbs and eyesight. We weep for children undergoing amputations in crude surgical theaters with no anesthesia. We witness others suffocating in incubators for lack of energy or gasping for air between sobs of agony and despair. We record children so traumatized by the death and demolition around them that they have withdrawn into themselves in emotional derangement and psychological confusion. 

More than ten thousand Palestinian children have so far perished with no end in sight. Are they lesser children than Israelis? Are their lives less valuable or more dispensable? Do they not deserve the same sanctity of consideration as Israeli and other children? How many thousands more will it take to satiate Israel’s excessive anger and death wish for revenge? What is the threshold of the conscious mind to bear wanton, unhindered decimation of children and civilians? What will it take to humanize the annihilation of innocents and bring about a reprieve?

To render matters even more dire, Mr. Prime Minister, Canada, among other nations, has suspended funding of UNRWA, the primary aid agency for Palestinian refugees in Gaza, in the midst of a calamitous humanitarian crisis. It has done so on the basis of unproven allegations that a dozen of its staff participated in the October 7 attack. The suspension of funding has started to aggravate an already disastrous situation and is expected to have catastrophic consequences when UNRWA runs out of funds at the end of February, cutting off a main lifeline to millions of Palestinians. What are the children of Gaza to do, caught in an unending cycle of collective punishment? Who is to advocate for them, for their safety and survival? 

As you are aware Mr. Prime Minister, Canada has been at the forefront of efforts to advocate for the protection of children in armed conflicts. Canada championed the creation of safe spaces favourable to the growth and learning of children; introduced the first thematic debate on children in armed conflict (during Canada’s stint as member of the United Nations Security Council (UNSC) in 1999-2000); supported UNICEF’s Children, Not Soldiers Campaign; established and chaired the Group of Friends on Children and Armed Conflict; co-sponsored a number of UNSC Resolutions that expand the list of violations identified by the SC as grave violations against children in conflict situations that are subject to the Monitoring and Reporting Mechanism that was established in 2005. These violations include recruitment or use of children as soldiers, sexual violence against children, killing and maiming children, attacks against schools or hospitals, and denial of humanitarian access for children. As you are certainly aware Mr. Prime Minister, most of these violations are repeatedly being perpetrated in Gaza by Israeli forces.

These are but some examples of how Canada has been leading on the issue of children in armed conflict. But by suspending funding to UNRWA, Canada is, in essence, diminishing the impact of its efforts and the overall progress achieved in protecting children, leaving Palestinian children exposed to hunger, debilitating disease, deprivation, acute distress, severe emotional and physical trauma, and eventual death. 

Rather than placing itself in the camp of the voluntary monetary contributors to UNRWA’s humane operations that have chosen to suspend funding pending the outcome of the agency’s investigation of Israel’s allegations, Canada might have wisely chosen to align itself with the countries that have opted to continue funding with the option to reassess future pledges, pending the outcome of the UNRWA’s investigation. Incidentally, those who have chosen to put their funding on hold include the three largest donors – the United States, Germany and the European Union – along with other important contributors that include Canada, Japan, Sweden, Switzerland and the United Kingdom. This means that UNRWA is being deprived of the larger portion of the contributions it receives for its life-saving operations.

I believe, Mr. Prime Minister, that it is vital that the Government of Canada rescind its decision to suspend its funding of UNRWA’s humanitarian work until, at least, the outcome of its investigation of Israel’s allegations. The recent contribution by Canada to other aid agencies, such as the UN’s World Food Programme and the International Committee of the Red Cross, to address the shortfalls in UNRWA’s operations is ineffective because they themselves rely on UNRWA to distribute the assistance they provide. 

Now that Canada has called for a humanitarian cease fire in Gaza, it is also crucial that Canada exhort Hamas to immediately release the hostages it is holding to allow any remaining Israeli children to reunite with their families. 

To heed this call is to continue to extend the lifeline to Palestinian children. It is to come back from the brink of inhumanity. It is to commute the children’s death sentences and extend their lives. It is to allow them to grow to collaborate, possibly, with future Israeli generations to end oppression and establish a hopeful coexistence between the two people.


Main photo: Palestinians with their children in their arms flee the north of Gaza to move to the south of the enclave. In the center of the Gaza Strip, November 12, 2023 @ Ibrahim Abu Mustapha, Reuters

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