Viol et tentative de meurtre. Tout le monde est suspect. Bienvenue dans le clan Longpré ! Une famille de Bougons, une famille comme dans la série américaine Shameless. Écartèlement, plaisir des sens et surtout des souvenirs en rafale de la société québécoise.
On s’amuse. On enquête. L’enquête est bâclée (un faux coupable sans alibi). Des portraits fabuleux (en République dominicaine le jour de Noël). Des portraits fabuleux : celui du métalleux au sommet d’une carrière prometteuse et de son fils (peut-être gay). Il y a toute cette jeunesse en quête d’un idéal. Carrés rouges, carrés verts et féminisme triomphal. L’homo sapiens et toutes ses vertus. Rester au monde avec ses souvenirs, le bateau ivre de la chair. Confinement contre la folie dionysiaque.D’ailleurs, Confinement (le deuxième chapitre) aurait pu servir de titre au roman. Souvenir douloureux d’une expérience de violence au réveillon de Noël de 1973. On y raconte la vie de Stéphane, 15 ans, fou de musique heavy métal. Dio, Iron Maiden et Mercyful Fate. Carress of Steel (son band inspiré d’un titre de Rush) changera pour Dreadful Attack. Il y a même une lettre de Dave Mustaine de Megadeth (1) qui sera envoyée au promoteur de Dreadful Attack pour jouer en première partie. Là, je flotte littéralement dans ma chambre en écrivant ces lignes. Je me rappelle tellement cette époque bénie des Dieux ! Pour moi, ces passages sont précieux. Ils relèvent d’un esprit de recherche que les fans de métal vont savourer comme du bonbon…
Force centrifuge entre beaux–frères et belles–sœurs. Une comédie de mœurs déguisée (semble-t-il). Parfois, on pense à la plume acide de Michel Tremblay (Le cahier bleu, 2005)… Stéphane, après quelques shooters : Mais madame était jamais contente de ce que j’préparais. Y a rien que je faisais qui était correct anyway. Enweye, dis-moi le, Kim, ce qu’il faut que j’fasse pour que ta vie soit un estie de conte de fées (p. 153)
Il y a des traces d’une vie, l’ancien rockeur qui se fait démolir à Tout le monde en parle. Dreadful Attack (musique de loser ?). Beaucoup d’images fortes sur le cerveau reptilien, la conscientisation sociale, le complot (99 % à sa perte). Un grand roman noir (une forme de bioéthique dans l’écriture). Un roman qui roule à toute allure jusqu’au Printemps érable. Un gros plan sur la société québécoise. Il faut se rendre jusqu’à la fin avec un grand soupir…
Ce roman d’une force vertigineuse me fait penser à ceux qui mettent tout en œuvre pour garder leur position compromise dans le flot insistant d’un désir qui ne cesse de les assaillir, qui les sature les épuise. Ceux qui se laissent pénétrer par la sensation d’un enfer évité de justesse. (2)
Notes