Comprendre le monde d’hier et d’aujourd’hui. Histoire mondiale des relations internationales de 1900 à nos jours. Sous la direction de Pierre Grosser, Bouquins, La collection , 1223 p. Par Christophe Rodriguez.
Une somme, un livre de chevet, presque. Comme, je l’attendais depuis longtemps, ce bouquin après Raymond Aron, Jean-Baptiste Durosselle ainsi qu’André Fontaine avec sa monumentale Histoire de la guerre froide qui n’a pas pris une ride. Docteur en histoire, professeur à Sciences Po de Paris depuis 1989 et plusieurs fois invité en sol montréalais, celui qui conduisit ce « pavé » est le fils du grand Alfred Grosser (Au nom de quoi), disparu récemment.
Dans ce traité qui est tout sauf endormant, Pierre Grosser a recruté largement en incluant : Frédric Mérand (professeur et directeur du département de sciences politiques de l’Université de Montréal), Samir Saul (professeur titulaire des relations internationales à l’U de M), Christopher Goscha (UQAM), ainsi que Carl Bouchard. Nous trouvons aussi Justine Faure (Université de Lille) ou Andrew Barros de l’Université Columbia.
Embraser le temps et les époques, telle fut assurément la question pour comprendre l’évolution de notre société, le comportement des dirigeants, les décisions diplomatiques, miulitaires, sociales ainsi qu’économiques.
Par décennie, choix arbitraire, mais qui tient la route, les auteurs revisitent avec beaucoup de justesse ce qui fit le sel d’un monde en mouvement. Des années 1900 ; la conquête coloniale et l’expansionnisme à ta terrible boucherie de la Grande Guerre de 1914-1918 qui donna aux « années folles », un certain parfum de liberté, nous plongeons corps et âme dans ces écrits.
Des contrastes, il y eut entre les années d’après-guerre, marquées, par les courants de décolonisation, le plan Marshall, l’affrontement est-ouest, puis le retour à la consommation, du moins en pays occidentaux. Vinrent : les contestations étudiantes, la guerre du Vietnam et qui se traduira bien après par une accalmie apparente sur le front nucléaire.
Poussant l’analyse, les auteurs nous rappellent tristement 11 septembre, la guerre au terrorisme et notre monde avec son lot de crises économiques, collectives, qui semblent naviguer à vue d’œil.
Répétons-le, c’est un travail remarquable, savamment ciselé qui est indispensable pour éviter la réflexion instantanée, comment nous en sommes abreuvés trop souvent par les réseaux sociaux. Un seul reproche. Les ouvrages mentionnés font peu de place aux chercheurs français. Raymond Aron aurait été nécessaire (je songe au grand Schisme), tout comme Gérard Chaliand, certainement le plus fin connaisseur sur le terrain du phénomène de la guérilla et de la contre-insurrection.
Un cadeau utile pour les professeurs, étudiants et simples mortels que nous sommes !
Christophe Rodriguez
Journaliste depuis 1990, formation en sciences politiques à l’UQAM( relations internationales). Recherchiste, réalisateur et chroniqueur pendant 20 ans à Radio-Canada, au Journal de Montréal pendant 17 ans( jazz, classique et autres). Couverture du Festival de jazz depuis 1990. Collaborateur à Sortiesjazznights depuis 20ans. Auteur des grands noms du jazz en 2000 ( Éditions de l’Homme) et aussi chroniqueur de livres pour le blogue : C’est livre et du bon
