Des livres qui traînent partout, de la chambre au salon. En plein confinement, je n’ai jamais été aussi bouleversé que par tous ces livres que je vous propose. Une petite liste épinglée à mon chevet. « Lire est un acte de résistance. » (Geneviève Pettersen)
1.Dominique Fortier, Les villes de papier. Un roman ou une biographie imaginaire sur la poétesse Emily Dickinson. L’histoire d’une jeune fille qui vit en confinement. Quelle coïncidence !2.Hélène Dorion, Pas même le bruit d’un fleuve. J’ouvre la page 85 :« Les poèmes sauvent-ils de la souffrance ? À quoi servent-ils quand on traverse un océan déchaîné ? » Un roman poétique et historique. Ce livre est une bénédiction.3. Christian Bobin, La nuit du cœur. Tout a commencé à Conques où l’auteur a séjourné une nuit. Il voit chez les hommes les plus humbles des choses que les humains ne voient pas. Le poète recense ses rêves, ses visions.4.Mireille Gagné, Le lièvre d’Amérique. Il y a une forme de rédemption qui lui appartient à elle seule. Un petit conte qui se lit avec bonheur. Le projet clair de la vérité absolue. Sortir de l’anxiété.5.Paul Kawczak, Ténèbre. Compulsivité des genres : érotisme, mutilation, romantisme. Nous sommes en 1890. Une rencontre étrange avec un maître-tatoueur. Un archétype du désir. Finaliste à de nombreux prix.
6. Kristina Gauthier-Landry. Et arrivés au bout nous prendrons racine. C’est tellement beau !« tu me berces toujours salée avec tes chansons bleues de mer/les rideaux lourds font des vagues qui ressemblent au temps égrené au large »(p. 62).7.Jonathan Reynolds, Abîmes. Un roman d’horreur inspiré. Une main tendue avec un sourire d’ange triste. La musique heavy métal et la vie de jeunes Québécois. Le temps sourd, sacré, d’une époque que j’ai vécue. Un grand talent de conteur.8.Christian Girard, Le temps qu’il fait. Une autothérapie par la poésie. En lisant Girard, j’ai déambulé sur l’existence presque métaphysique. Lisez ceci : Tous les labyrinthes me ramènent ici, à ce pays des évidences stupéfiantes (p. 44) ou Refuge d’un roi solitaire ou d’un maniaque, on y trouve maintenant ma tête ailleurs (p. 49).9.Jonathan Charette, Bio de l’amoralité.Amoral, narcissique, irrationnel, prophète des années 2020. Mallarmé qui discute avec André 3000.Charette nous propose une étude sur l’Art. Matérialisme dionysiaque.
10.Michel Tremblay, Victoire ! Nous sommes en 1898. L’histoire d’un amour impossible entre un frère et sa sœur. Josaphat est un passionné d’harmonica. C’est aussi un poète, un bohème. Je suis (un peu) comme lui.11.Édouard Louis, En finir avec Eddie Bellegueule. Roman culte des années 2010. Traduit en plusieurs langues. Entre l’ordure et la lumière, le combat d’un jeune gay contre la pauvreté, sa famille,son école. Une scène d’anthologie : les amis d’Eddie qui lui demandent de faire la fille pour l’enculer. Oui, la loi de la jungle existait au début des années 2000. Réédition en livre de poche.12.Marie-Claire Blais, Petites cendres ou la capture. Ce livre rend hommage aux prostitués, trans, à la communauté noire, aux marginaux en général depuis toujours. C’est un combat de dignité. C’est aussi 60 années d’écriture pour cette auteure québécoise.13.Josée Yvon, Travesties kamikaze. Un livre qui défie tous les tabous (les travailleuses du sexe). Exploration du monde queer. 40 ans avant notre époque.« Viens–t’en, nous boirons du seven-up, et deviendrons folles parce que rien n’arrive. »(p. 137) La vie est mortelle, fragile.On bricole dans la langueur du jour.Réédition aux Herbes Rouges. Josée Yvon est décédée en 1994 à l’âge de 44 ans.