L’étrange bonheur de découvrir des univers. Démons et merveilles. La pandémie m’a permis de découvrir une quarantaine de livres. Voici 15 suggestions, peut-être les meilleurs titres.
1. Hélène Dorion, « Mes forêts »
« Et sur la branche du prévert un poème murmure un chemin vaste et lumineux qui donne sens à ce qu’on appelle l’humanité »
À mon avis, c’est la plus grande poétesse du Québec.
2. Kevin Lambert, « Tu aimeras ce que tu as tué »
Nominé pour le prix Médicis. Le ciel de Chicoutimi est en train de s’effondrer, mais il reste debout dans la tempête. On se noircit soi-même avec les mots. Que faire quand on est un ado violent et surdoué ?
3. Sébastien Chabot, « Noir Métal »
Nominé au prix du Gouverneur général, « Noir Métal » traduit le chant rauque des épinettes. Un territoire onirique, anti-moral. Le malheur humain en travers de la gorge. Un long poème sur l’adolescence dans un ciel vide. Projection underground du mythe du chanteur métal sur l’autel des sacrifices.
4.Denise Desautels, « Disparaître »
Un véritable trésor. Métaphores, images, impressions, proses. La poésie inspirée par des tableaux. La verticalité du poème. Comme un empire.
5. Larry Tremblay, « Tableau final de l’amour »
Il raconte l’histoire du peintre Francis Bacon. La souffrance d’aimer. Une vue tragique de la souffrance. Nietzsche en fait une certaine interprétation. « Ta vérité n’avait rien à voir avec ta beauté ».
6. André Roy, « Comment allons-nous dorénavant écrire ? »
Un des premiers à écrire sur le sida. Il publie depuis les années 70. « Il mettait de l’ordre dans ses douleurs. Le temps aboie à l’ombre des garçons transformés en fleurs. »
7. Marie-Claire Blais, « Un cœur habité de mille voix »
Un testament pour ce dernier roman. Le militantisme, le droit des gays, le féminisme, la terre en feu, l’apathie des gouvernements. Comment survivre ? On ne rêve plus. Marie-Claire Blais, un monument de notre littérature.
8. Francis Catalano, « L’origine du futur »
Un monde de corps et de foudres, de vents et de chairs, de sons. Une rétrospective. Il dépasse les frontières du temps. « Entendre la finitude, ton chant », disait Paul Celan. Hallucinant.
9. Michael Delisle, « Rien dans le ciel »
« Le monde est dans un aquarium », disait Sartre. Nous sommes dans une recherche d’intériorité. Que reste-t-il de cette vie terrestre ? Être dans l’instant ? Nous sommes dans le découpage d’un monde intérieur construit par l’auteur. Une grande réflexion sur le temps qui passe.
10.Anne-Marie Desmeules, « Nature morte au couteau »
Livre d’exil et de résistance. Une mise en scène sur la parole prophétique.
« J’occupe l’éternité en taillant des silhouettes dans l’étoffe du cosmos ».
11. Rachel Leclerc, « La chambre des saisons »
« Ayant voulu contenir le ciel j’ai demandé à nouveau la raison du poème »… Le livre commence ainsi. « Le monde est fait pour aboutir à un livre » disait Mallarmé. Le voici.
12. Sébastien Émond, « Notre-Dame-Du-Grand-Guignol »
Il avance. Il revendique malgré la tragédie de l’existence. C’est l’auto création. Être queer et libre.
Je remercie personnellement l’auteur pour ses commentaires.
13. Stéphane Despatie, « Paroles Biologiques »
Le lecteur est plongé dans une attente obsessionnelle d’espérance. L’enjeu est immense. C’est comme si on vous disait : « Peux-tu saisir l’invisible sous le visible ? ».
14. Jean Désy, « Non je ne mourrai pas »
Le récit est bouleversant. Méditation sur la vie, la mort, l’amour. Comment dire Dieu aux autres sans le déformer ?
Poète, médecin, nomade, Jean Désy nous invite à une profonde introspection.
15.Simon Boulerice, « Pleurer au fond des mascottes »
Autobiographie. Un tourbillon sans fin sur lui-même. Le cyclone du désir. L’immense intensité de la joie traverse tout le récit. Un petit garçon émerveillé devant tout.
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