Halloween, Montréal en fête. Par Anne Campagna, journaliste et photographe.
Vendredi, samedi, dimanche et même lundi, Montréal vibre, rit, se colore, se costume, se joue des conventions des caméras un peu partout et des conflits, car elle est comme ça Montréal. Enfin dans mon regard.
Parfois sérieuse jusqu’à l’ennui mortel, levée très à bonne heure et travaillant tard dans les tours de bureaux du centre-ville, penchée sur des travaux universitaires à n’en plus finir la nuit, bourrée de café et saoule d’idée lancées jetées cravachées sur des ordinateurs allumés jusqu’aux petites heures du matin, et parfois, Montréal s’encanaille, se divertit. Alors là, dans l’excès inverse de ses élucubrations mathématiques et mentales, de ses réflexions idéologiques complexes et enchevêtrées d’idées pour changer le monde à la faveur de ses manifestations, telles des marées basses et hautes houle écumante sur la ville aux cris de ralliement, elle change d’air. Comme ça.
Tout d’un coup sans crier gare, car Montréal est fantasque et historiquement ville ouverte, elle n’oublie pas les années de la prohibition des heures chaudes du red light aux costumes et boas bas de résilles. Et là voilà qui sort ses déguisements, de vendredi soir à lundi soir, de jour comme de nuit, elle n’a pas hésité à faire des siennes, sorcières, vagabonds, fantômes, sans oublier les costumes de bande dessinée, et jusqu’aux libraires du plateau Mont-Royal, le quartier des artistes et haut lieu de convergence créative, qui s’étaient aujourd’hui qui déguisé en pirate, qui en je ne sais quoi, histoire de faire diversion à un automne mois des morts dont elle n’a que faire.
Montréal cette année comme elle ne savait pas quand fêter l’Halloween, a décidé de fêter pendant quatre jours et soirs consécutifs, comme si elle avait décidé de faire un pied de nez à 1984 dans un grand éclat de rire sardonique juste avant de s’envoler dans le ciel à califourchon sur son balai magique. Suivie de près par Pierre Roussel déguisé en Peter Pan et de moi la fée clochette, histoire d’aller vivre des aventures au pays du jamais jamais.