La guerre. Par Jean-Paul Daoust
La guerre
Lorsque l’orgueil va devant, honte et dommage le suivent.
Le roi Louis X1
Ode guerre
Depuis des temps immémoriaux les humains
Se font la guerre pour toutes sortes de raisons
Toutes meilleures les unes que les autres
Se disent-ils en s’entretuant
Ah! ce que l’humain peut faire subir à son semblable
Recèle d’une cruauté sans nom
Et l’épithète inimaginable
Que je pourrais utiliser ici
Ne me serait d’aucun recours
Tant les manières pour torturer
Dépasse et de loin les frontières de l’imagination
Comme quoi le génie créateur de l’Homme
Pour faire souffrir est à en vomir
La guerre pour prendre un coin de terre
Pour assoiffer la soif insatiable de pouvoir
D’un égo démesuré à la Alexandre Le Grand
César Louis X1V Napoléon Hitler et tant d’autres
Maintenant Poutine
Ne cessera donc jamais
Tous ces massacres qui ne cessent de se répéter
Dans l’Histoire sanglante de l’humanité
Telle une litanie monstrueuse orchestrée
Par Satan lui-même
Entrer en guerre n’est jamais une solution
Si ce n’est pour avoir la paix
Comme le dit le célèbre proverbe
Si vis pacem, para bellum*
La guerre qui fait rage actuellement dans tant d’endroits
Semant la désolation la famine le désespoir
Le soldat qui exécute l’autre soldat
Qui torture et assassine le civil innocent
Caïn n’en finira donc jamais de tuer Abel
Tous ces milliards dépensés en vain
Qui auraient pu servir à améliorer le sort
De tant de gens
Voici les dépenses de quelques guerres
Qui donnent le vertige
La guerre au Vietnam aurait coûté 494 milliards
La guerre en Irak 60 milliards
Et celle de 1914 340 milliards
Selon Jean Bacon l’humanité
De 1496 avant Jésus-Christ
Jusqu’en 1961 de notre ère
Seulement 219 années de paix relative
Ont pu être comptabilisées
Donc sur 3358 années
Il y a eu 3139 années de guerre
Quel tableau édifiant!
Des armes de plus en plus sophistiquées
De plus en plus puissantes cruelles
Quelle ironie de penser qu’en avril 1139
L’Église catholique prohibe l’usage de l’arbalète
Alors vue comme une arme de destruction massive*
L’ancêtre du nucléaire quoi!
La grande perdante de toute guerre : la vérité
Un monde en paix relèverait-il de l’utopie?
Un poète découragé de son espèce
Se désole de plus en plus
Saturé de nouvelles affreuses et humiliantes
Tant il a honte d’être Humain
Comme il envie le papillon
Qui enfin sortit de son cocon va en toute liberté
Ivre de lumière
Nous pourrions pourtant faire de même
Nous en avons les moyens
La Terre se vengera de nos démesures
De la race vivace hélas! des tyrans
Après Caligula il y a eu Néron
Et la roue maléfique de tourner et de tourner
Broyant les espoirs des anges
Un poète se souvient
Qu’au fond de la boîte de Pandore
Gît toujours l’espoir que l’on pourrait aider
À prendre son envol
Ce poème ne serait plus alors
Qu’un passé définitivement révolu
Jean-Paul Daoust, avril 2022
*références prises dans l’article de Jean-François Nadeau dans l’édition du journal Le Devoir, 21 mars 2022.
Jean-Paul Daoust
Jean-Paul Daoust est un poète, écrivain, journaliste et traducteur québécois. Il a publié de nombreux recueils de poésie, ainsi que des essais, des nouvelles et des traductions de poésie en français et en anglais. Daoust a étudié la littérature à l’Université d’Ottawa et a travaillé comme journaliste pour plusieurs publications, dont le quotidien Le Droit à Ottawa. Il a également enseigné la littérature à l’Université du Québec à Montréal.
Ses recueils de poésie les plus connus sont « Le passage des oiseaux » (1980), « Le sentiment géographique » (1985) et « La lenteur du monde » (1991). Son écriture est caractérisée par une grande sensibilité, une attention minutieuse aux détails et une réflexion sur les thèmes de la nature, de la spiritualité, de l’amour et de la mort. Daoust a remporté de nombreux prix et distinctions pour son travail, notamment le Prix du Gouverneur général pour la poésie en 1990 pour « Le passage des oiseaux » et le Grand Prix Quebecor du Festival international de la poésie en 2002 pour l’ensemble de son oeuvre.
En plus de sa carrière littéraire, Daoust a été impliqué dans plusieurs projets communautaires, notamment en tant que membre fondateur de l’Association des écrivaines et des écrivains québécois pour la jeunesse (AEQJ). Il est considéré comme l’un des poètes les plus importants du Québec contemporain.
Collaboration spéciale : Jean-Paul Daoust, poète
- Si tu veux la paix, prépare la guerre