Sans-abris, des logements c’est vital! Par Marie-Josée Leblanc et Jimmy A. Khaled
Ville-Marie face à une montée alarmante de l’itinérance : Un mal profond qui envahit commerçants et résidents.
Entre l’inefficacité des actions menées et une cohabitation imposée : le centre-ville de Montréal en plein chaos.
L’agglomération de Ville-Marie, le cœur de Montréal, se trouve aujourd’hui au centre d’une crise de l’itinérance en pleine expansion, parfois comparée à un cancer se propageant sans fin. À en juger par les résultats, les initiatives entreprises par la Ville de Montréal sont inefficaces. L’augmentation de l’itinérance constitue une nuisance sérieuse à la qualité de vie, à la sécurité des citoyens et à la vitalité des commerces. « Ceux qui ne ferment pas les yeux à la misère ne sauraient la fermer à la tyrannie. » (Victor Hugo)
L’omniprésence de l’itinérance a profondément modifié le paysage urbain, avec la prolifération de campements improvisés, d’actes de violence et d’incivilité et une atmosphère générale d’insécurité. Cela a des répercussions négatives sérieuses sur les citoyens et les commerçants locaux. Un fardeau que le Bureau du Tourisme de Montréal aura sans doute du mal à surmonter! Face à la pression croissante, la mairesse Valérie Plante a présenté un plan pour Le Village et Villeray . Les résidents de Ville-Marie, en particulier ceux vivant près du YMCA du Complexe Guy-Favreau et du quartier Chinois, attendent toujours leur version d’un plan. Face à la crise, la Ville de Montréal a improvisé une ¨solution temporaire¨ en créant un gîte en urgence dans l’espace du YMCA du Complexe Guy-Faveau, malheureusement fermé l’an dernier.
L’emplacement de ce gîte, où sont traités chaque jour plus de 80 sans-abris avec des problèmes d’alcoolisme, de drogue et de maladie mentale, ne pouvait être davantage mal choisi. En face du Palais des Congrès ! Peut-on imaginer que le gouvernement du Canada aurait toléré un tel centre devant le Centre des congrès à Ottawa ? Le plus incroyable, ce site « temporaire » a été récemment prolongé d’un an, sans aucune consultation avec les 310 familles des Habitations Centre-Ville! Bel exemple de démocratie municipale et de vivre-ensemble! La « cohabitation » exige d’abord le respect des personnes qui habitent un quartier !
Les résidents du quartier chinois exigent un plan concret pour donner sans condition aux sans-abris chroniques des logements avec l’aide appropriée pour les problèmes de santé mentale et de toxicomanie. Les gouvernements municipal, provincial et fédéral doivent travailler ensemble, revoir leurs priorités de financement afin de trouver des solutions à long terme plutôt que d’imposer une cohabitation forcée. La Politique nationale de lutte à l’itinérance affirme d’ailleurs que la cohabitation est une « norme inacceptable ». La préservation et l’amélioration de la qualité de vie des Montréalais devraient être la priorité de l’administration Plante. Or, l’obsession des vélos laisse trop peu de place aux investissements pour faire face à la crise des sans-abris à Montréal.
La Ville de Montréal culpabilise les citoyens par une obligation de « cohabitation¨. Nul ne devrait tolérer l’intolérable. « La liberté, c’est le droit de dire aux gens ce qu’ils ne veulent pas entendre. » (George Orwell) Le droit à un logement convenable est reconnu comme faisant partie du droit à un niveau de vie suffisant dans l’article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et dans l’article 11.1 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de 1966. En 1998, une loi contre les expulsions adoptée en France consacre le droit au logement comme un droit fondamental.
« Tout être humain a droit à la vie, ainsi qu’à la sûreté, à l’intégrité et à la liberté » (Chartes canadienne et québécoise des droits). « Mais peut-on dire que ces droits sont respectés quand, chaque nuit, 35000 personnes sont sans-abris, même quand il fait -20C dehors ? » (Le logement est-il un droit ? Renée Dupuis, ex-vice-présidente de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec. Réseau québécois des OSBL d’habitation, 31 décembre 2016.)
Pour les sans-abris chroniques, des logements avec soutiens, psychologues et physiques, c’est vital!