Miniatures Netsuke

Une figurine miniature Netsuke représentant un bébé assis sur un verre. Une figurine miniature Netsuke représentant un bébé assis sur un verre.
L’art exquis des miniatures Netsuke au Japon.  Par Roger Huet
Cet été il y a eu à l’Artothèque de Montréal, une surprenante exposition de 65 miniatures japonaises appelées Netsuke.  
Les Netsuke étaient employés exclusivement par les hommes pour maintenir à leur ceinture des pochettes où ils transportaient leurs effets personnels à l’époque où ils s’habillaient en kimono, car cet habit ne comporte pas de poche.  On accrochait ces pochettes à la ceinture du kimono appelée obi, par une cordelette qui était glissée entre la ceinture et le kimono. Le Netsuke bloquait la pochette dans le bord supérieur de l’Obi. 
À l’origine, les Netsuke, étaient des simples pièces taillées en bois, mais avec le temps ils sont devenus des œuvres d’art.  Certains Netsuke sont taillés dans des matériaux précieux comme l’ivoire ou le jade et produits par des maîtres prestigieux. 

L’origine des Netsuke se perd dans la nuit des temps. Certains experts pensent qu’ils sont arrivés au Japon en provenance de Chine, à l’époque Fujiwara, autour de 1160. Pour d’autres leur arrivée serait plutôt à l’époque de shoguns Ashikaga autour de 1500. Ce qui est certain c’est que leur utilisation cesse vers 1868 avec le renversement du shogunat Tokugawa et le rétablissement des pouvoirs de l’Empereur. Le Japon termine alors sa période féodale, et initie sa période industrielle et les hommes abandonnent le kimono pour l’habit occidental qui comporte des nombreuses poches. 
Dans les temps modernes, les Netsuke sont produits par des artistes comme objets de collection prisés et portés seulement dans les grandes cérémonies d’apparat.  Le matériau de prédilection pour les Netsuke demeure le bois, ils sont parfois laqués, d’autres peints ou vernis.  Ils sont sculptés suivant la technique dite en ronde-bosse, qui permet de les observer de n’importe quel angle.  Le netsuke doit être compact, sa surface est lisse, exempte d’aspérités,  pour ne pas blesser le propriétaire ni déchirer le kimono. La production d’un seul Netsuke dure habituellement trois mois. 
Les Netsuke sont toujours des miniatures dont la taille varie entre 1 et 3 pouces. Ils comportent toujours deux petits trous communicants permettant de faire passer une  cordelette  pour les fixer à la ceinture. 
Ils représentent souvent des animaux du Zodiaque, principalement le tigre, ou des animaux mythologiques comme des dragons ou des chiens de Fò et parfois des animaux familiers comme des chats, ou des singes. Ils peuvent aussi concerner des personnages mythologiques, ou de la vie courante, comme des pêcheurs ou des marchands. Il y une catégorie de Netsuke faite de masques de théâtre en miniature,  et une catégorie coquine, les Shunga Netsuke qui représente des couples en positions érotiques. Les Japonais les emploient alors comme talismans, pour conquérir les faveurs d’une femme. 
Plusieurs grands musées du monde possèdent des collections de Netsuke,  comme le British Museum et le Victoria and Albert Museum, le Metropolitan Museum of Art, le Los Angeles County Museum,  l’Asian Art Museum de San Francisco et le Toledo Museum of Art. 
Les plus grandes collections se trouvent néanmoins au Japon, comme celle du Kyoto Seishu Netsuke Art Museum dont la collection compte 5000 pièces. Elles sont exposées par lots de 400, en rotation tous les 3 mois. Le Tokyo National Museum a une collection de 500 pièces et lui consacre une salle entière. 
Si vous êtes amateur de Netsuke, vous pouvez essayer de vous en procurer chez les antiquaires spécialisés en objets orientaux ou surveiller les ventes aux enchères des Hôtels de ventes comme Sotheby’s  ou l’Hôtel Druot à Paris. Ceux qui proviennent d’artistes célèbres comme Kajikawa Hikobei (et de son fils Kyūjirō), de Koma Kyui (et de son fils Kitoe) ou du maître Mochizuki Hanzan peuvent atteindre des prix très élevés. 

Pour plus d’information adressez-vous à l’Artothèque www.artotheque.ca, au Consulat général du Japon à Montréal [email protected]  ou à l’Ambassade du Japon : www.montreal.ca.emb-japan.go.jp/ 
Roger Huet
Chroniqueur

https://lametropole.com/category/arts/litterature/

Mains LibresLe Pois Penché

Ce Québécois d’origine sud-américaine, apporte au monde du vin, sa grande curiosité, et son esprit de fête. Ancien avocat, diplômé en sciences politiques et en sociologie, amoureux d’histoire, auteur de nombreux ouvrages, diplomate, éditeur. Dans ses chroniques Roger Huet parle du vin comme un ami, comme un poète, et vous fait vivre l’esprit de fête.