TNM, Courville : plongée dans l’adolescence

Un homme à lunettes et moustache, TNM Courville, regardant un mannequin. Un homme à lunettes et moustache, TNM Courville, regardant un mannequin.
Courville : Une plongée poignante dans l’adolescence.  Par Dominique Paupardin
Courville dans les années 70, une ancienne banlieue de la ville de Québec située près de la chute Montmorency. Au cœur de cette époque, Simon, dix-sept ans, traverse une adolescence marquée par la perte de son père, une relation complexe avec sa mère ainsi que la découverte du désir et de l’amour. Le contexte politique, les tensions linguistiques, la guerre froide symbolisée à travers le match de hockey canado-soviétique et la musique rock progressive forment la toile de fond de cette dernière création théâtrale, signée Robert Lepage. 
Afin d’explorer l’adolescence de Simon, cette  période de la vie où les émotions, les pensées et la sexualité sont à leur paroxysme, Lepage puise son inspiration dans le théâtre traditionnel japonais bunraku, utilisant des marionnettes presque de taille humaine pour représenter les adolescents manipulés par des marionnettistes habillés en noir, visibles sur scène. Cette intégration audacieuse ajoute une dimension symbolique et émotionnelle unique à l’exploration de l’adolescence. Les marionnettes deviennent des métaphores vivantes de l’âge de Simon, créant une tension visuelle et émotionnelle captivante. Cette fusion entre la performance des marionnettistes et celle des acteurs en chair et en os contribue à renforcer l’immersion du spectateur dans l’univers complexe du jeune homme. 
La performance d’Olivier Normand dans le rôle de Simon et narrateur de l’histoire, est puissante et subtile. Sa virtuosité corporelle et sa capacité à jongler avec fluidité entre la maturité et l’adolescence, entre le récit et le jeu, entre la mémoire et le réel, ajoutent une profondeur captivante au personnage.  Courville se distingue également par une mise en scène qui défie les attentes. La scénographie ingénieuse d’Ariane Sauvé, les images animées de Félix Fradet-Faguy et l’utilisation surprenante de l’espace contribuent à créer une expérience visuelle et émotionnelle inoubliable.

———Texte, conception et mise en scène : Robert Lepage. 
Conception et direction de création : Steve Blanchet. Assistance à la mise en scène et régie : Francis Beaulieu. Décor : Ariane Sauvé. Costumes : Virginie Leclerc. Éclairages : Nicolas Descôteaux. Musique originale : Mathieu Doyon. Marionnettes : Jean-Guy White et Céline White. Accessoires : Jeanne Lapierre. Images : Félix Fradet-Faguy. Distribution : Olivier Normand, Wellesley Robertson III, Caroline Tanguay et Martin Vaillancourt. 
Courville, une production d’Ex Machina, présentée au Théâtre du Nouveau Monde du 12 septembre au 7 octobre 2023, en supplémentaires du 14 au 15 octobre 2023.

Poésie Trois-RivièreLe Pois Penché

Journaliste indépendante, elle s'intéresse au théâtre, à la danse et au cinéma mais signe aussi des grands reportages pour différents médias.. Elle a été critique littéraire pendant une dizaine d'années au journal La Presse et réalise aujourd'hui différentes chroniques reliées à l'actualité et au milieu culturel.