Les enseignants: souplesse et défis

Un groupe d’enseignants brandissant des pancartes indiquant profes en greve. Un groupe d’enseignants brandissant des pancartes indiquant profes en greve.

La véritable souplesse des enseignants : Une perspective sur les défis que nous affrontons. Par Mario Perron

J’ai pris un certain temps avant de partager ceci, mais des discussions récentes avec des amis et la famille m’ont poussé à aborder ce qui semble être une perception dominante. Certains parents et membres du grand public jugent à tort les enseignants, le personnel de soutien, les infirmières et autres travailleurs des services publics comme des individus intéressés, cherchant simplement une augmentation de salaire. Le Premier ministre Legault insiste sur une flexibilité accrue de la part des enseignants et des syndicats. En tant que professionnel multidisciplinaire récemment revenu à l’enseignement par passion, je tiens à éclairer la véritable nature de notre flexibilité.

La flexibilité pour les enseignants

L’enseignement de classes avec des effectifs disproportionnés (en raison de la composition de classe) et le manque de ressources nécessaires pour répondre aux besoins divers de chaque apprenant. Imaginez gérer 25 à 32 élèves dans une classe, chacun à des niveaux éducatifs différents, avec des problèmes de comportement variés, et tenter de leur enseigner la même leçon pour les amener tous au niveau requis. Certains élèves rencontrent des défis académiques, d’autres présentent des comportements perturbateurs, et certains font face à des problèmes externes hors de notre contrôle. Cela est exacerbé par une composition de classe inadéquate, une demande majeure des syndicats.

L’enseignement d’élèves bénéficiant de services de soutien tels que des aides à l’intégration, un soutien en ressources, une assistance psychologique et une orthophonie, souvent insuffisants avec de longues listes d’attente. Même s’ils sont disponibles, ces services ne sont pas toujours remplacés en cas d’absence de personnel, une autre demande syndicale appelant à un soutien approprié pour les élèves. La dépense de fonds personnels pour des matériaux et des fournitures essentiels pour la classe, s’assurant que les besoins fondamentaux des élèves sont satisfaits, et rendant les leçons captivantes pour une génération immergée dans TikTok et les téléphones portables. Bien que la compensation monétaire ne soit pas une demande syndicale, les enseignants, à leurs frais, ne permettront pas aux élèves de se passer de ressources essentielles.

L’engagement dans des heures de travail non rémunérées pour la préparation des leçons, la correction, la gestion des services aux élèves, l’animation de clubs, l’entraînement sportif et la participation à des comités. Bien que certaines activités puissent recevoir une rémunération à valeur ajoutée, elle ne correspond souvent pas au temps et à l’effort investis. Une autre demande syndicale cherche à accorder plus de temps dirigé par les enseignants pendant les jours de travail rémunéré. Le non-bénéfice de vacances payées, car les pauses couramment citées telles que Noël et les vacances d’été font partie d’un salaire étalé sur 12 mois. Les enseignants sont payés pour 10 mois de travail, et leurs pensions et avantages médicaux sont entièrement autofinancés.

La plaidoirie en faveur d’une augmentation de salaire conforme à l’inflation, car les salaires des enseignants, même au sommet de l’échelle, sont les plus bas au Canada. Contrairement à la plupart des emplois, les enseignants ne bénéficient pas d’augmentations régulières du coût de la vie, et atteindre le sommet de l’échelle prend 16 ans, contrairement à la plupart des emplois dans la fonction publique. Tout en reconnaissant les défis, il est essentiel de comprendre que les salles de classe d’aujourd’hui diffèrent considérablement de celles du passé. Les exigences en matière de composition de classe et de ressources adéquates sont primordiales, et une augmentation de salaire conforme à l’inflation est la moins de nos demandes.

Dans un contexte où des professions à dominance masculine se sont octroyé d’importantes augmentations, des secteurs à prédominance féminine tels que l’enseignement, les soins infirmiers et le personnel de soutien sont étiquetés comme égoïstes pour chercher de meilleures conditions de travail et des ajustements au coût de la vie. Nous invitons le Premier ministre Legault à vivre de première main les défis quotidiens dans les écoles ou les hôpitaux, mettant de côté ses préjugés sur notre flexibilité. Cette perspective d’enseignant est partagée avec l’espoir que la reconnaissance des réalités auxquelles nous sommes confrontés favorisera un dialogue plus compréhensif, et qu’elle conduira à de meilleures ressources pour l’avenir de vos enfants, nos charges.

Disparité dans le financement de l’éducation

Le gouvernement du Québec alloue 522 millions $ aux écoles privées tandis que les écoles publiques fonctionnent avec des budgets insuffisants. Au cours de l’année fiscale 2018-2019, le gouvernement du Québec a alloué une somme stupéfiante de 522 millions $ en subventions directes aux écoles privées. Cette somme qui fait dresser les sourcils contraste vivement avec les défis persistants auxquels sont confrontées les écoles publiques pour fournir même les services éducatifs les plus fondamentaux à leurs étudiants.

Dans le contexte des plaintes du gouvernement au sujet du manque de flexibilité perçu dans le secteur de l’éducation, il est crucial de reconnaître les acrobaties quotidiennes réalisées dans les écoles publiques afin d’assurer la qualité des enseignements. Ces efforts ne sont pas seulement un témoignage de l’engagement des éducateurs, mais sont essentiels pour assurer un avenir prometteur à nos étudiants, les enfants de nos communautés, et de l’ensemble du Québec.

Version anglaise

The True Flexibility of Teachers: A Perspective on the Challenges We Face

I’ve taken some time before sharing this, but recent discussions with friends and family have prompted me to address what seems to be a prevailing sentiment. Some parents and members of the general public perceive teachers, support staff, nurses, and other public service workers as self-interested individuals merely seeking a salary increase. Premier Legault insists on increased flexibility from teachers and unions. As a multidisciplinary professional who’s recently returned to teaching for the love of it, I want to shed light on the true nature of our flexibility.

Flexibility for teachers

Teaching classes with disproportionately large numbers of students (due to class composition) and lacking the necessary resources to cater to the diverse needs of each learner in the class. Picture managing 25-32 students in a class, each at different educational levels, with varying behavioural issues, and attempting to teach them the same lesson to bring them all to grade level. Some students face academic challenges, others exhibit disruptive behaviour, and some are dealing with external issues beyond our control. This is exacerbated by inadequate class composition, a major union demand.

Instructing students entitled to support services like integration aides, resource support, psychological assistance, and speech therapy, which are often insufficient with long waiting lists. Even if available, these services aren’t always replaced when personnel are absent, another union demand calling for proper support for students.

Spending personal funds on materials and essentials for the classroom, ensuring students have basic needs met, and making lessons engaging for a generation immersed in TikTok and cell phones. While monetary compensation isn’t a union demand, at their own expense, teachers won’t allow students to go without essential resources.

Engaging in unpaid work hours for lesson planning, correcting, managing student services, running clubs, coaching sports, and participating in committees. While some activities may receive value-added remuneration, it often doesn’t match the time and effort invested. Another union demand seeks more teacher-led time during paid work days.

Not enjoying paid vacations, as the commonly cited breaks such as Christmas and summer vacations are part of a salary spread over 12 months. Teachers are paid for 10 months of work, and their pensions and medical benefits are entirely self-funded.

Advocating for a salary increase in line with projected inflation, as teacher salaries, even at the top of the scale, are the lowest in Canada. Unlike most jobs, teachers don’t receive regular cost-of-living raises, and reaching the top of the scale takes 16 years, unlike most public servant jobs.

While acknowledging the challenges, it’s essential to understand that today’s classrooms differ significantly from those of the past. The demands for class composition and adequate resources are paramount, with a salary increase aligning with inflation being the least of our requests.

In a landscape where male-dominated professions have granted substantial raises, female-dominated fields like teaching, nursing, and support staff are labeled as selfish for seeking better working conditions and cost-of-living adjustments. We invite Premier Legault to experience firsthand the daily challenges in schools or hospitals, removing his prejudices about our flexibility.

This teacher’s perspective is shared with the hope that recognizing the realities we face will foster a more understanding and supportive dialogue, and that it will lead to better resources for the future of charges… your children.

Disparity in Education Funding: Quebec Government Allocates $522 Million $ to Private Schools While Public Schools Struggle

In the fiscal year 2018-2019, the Quebec government allocated a staggering $522 million $ in direct subsidies to private schools. This eyebrow-raising figure starkly contrasts with the ongoing challenges faced by public schools in providing even the most fundamental educational services to their students.

Amidst government complaints about the perceived lack of flexibility in the education sector, it’s crucial to acknowledge the daily gymnastics performed in public schools. These efforts are not just a testament to the dedication of educators but are integral to securing a bright future for our students, the children of our communities, and the province at large.

Collaboration spéciale : Mario Perron

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Mains LibresLe Pois Penché

Carrière à Patrimoine canadien, au Commissariat aux langues officielles et aux Archives et Bibliothèque Canada. Conférencier à l'UNESCO-Paris, à l'Internet Society à Washington, à l'Université de la Sorbonne à Paris et à l'Internet Society au Japon. Maîtrise de l'École nationale d'administration publique et M.A en histoire canadienne de l'Université de Sherbrooke.