Symphonie de Cœurs de Rhodnie Désir

Critique de Symphonie de Cœurs de Rhodnie Désir. Par Aline Apostolska Captivant et exigeant, le cœur dans tous ses états. Aline Apostolska Quel spectacle ! C’est la première impression qu’on laisse échapper au sortir de la dernière création de la chorégraphe et compositrice Rhodnie Désir dont le parcours atypique et inclusif a fait d’elle, au fil des œuvres, une artiste majeure de la scène chorégraphique montréalaise, première artiste associée de la Place des arts, également reconnue à l’international.
Symphonie de Coeurs de Rhodnie Désir Symphonie de Coeurs de Rhodnie Désir
Symphonie de Coeurs de Rhodnie Désir

Critique de Symphonie de Cœurs de Rhodnie Désir. Par Aline Apostolska

Captivant et exigeant, le cœur dans tous ses états.

Quel spectacle ! C’est la première impression qu’on laisse échapper au sortir de la dernière création de la chorégraphe et compositrice Rhodnie Désir dont le parcours atypique et inclusif a fait d’elle, au fil des œuvres, une artiste majeure de la scène chorégraphique montréalaise, première artiste associée de la Place des arts, également reconnue à l’international. 

Tout un pari, en effet, que ce spectacle total, audacieux, inattendu, magnétique et somme toute, exigeant qui ose réunir onze interprètes exceptionnels, deux musiciens sur scène avec des sonorités africaines et une partition vocale poignante, une scénographie complexe, qui laisse pensif, voire méditatif et et… excusez du peu ! L’Orchestre Métropolitain en direct dans la fosse, sous la direction de Naomi Woo, interprétant une composition originale de Jorane. C’est rare parce que ça coûte cher, mais il reste qu’avoir un orchestre de cette trempe en direct est irremplaçable, pour les spectateurs, mais sans doute aussi pour les danseurs.

Une grande et belle œuvre symphonique, sur les états du cœur, notre organe majeur, indispensable à l’individuel et au collectif, au sens musculaire et au sens figuré, médical comme sentimental, tambour battant le pouls de notre futur ou de notre absence de futur, le nôtre et celui de l’humanité. 

Rhodnie Désir

Une œuvre symphonique où aucun des membres de la création, sous l’impulsion centralisatrice de Rhodnie Désir, ne s’est épargné. C’est grandiose, c’est intimidant d’une beauté grave, parce que l’heure est sombre et grave, inquiétante, bien qu’il faille oublier les failles et garder espoir. Ce sont des états de corps, des états de peau et d’émotions que parviennent à nous transmettre les interprètes, danse et musique. La vidéo projetée en toile de fond, sous un miroir qui démultiplie les gestes au plafond, parachève cet univers étrange, plastiquement si beau. 

La troupe est repartie dès le lendemain en tournée, et on souhaite une longue route à cette œuvre singulière qui trotte dans la tête – et les tympans ! -, bien après que la pièce est finie. Une œuvre qui fusionne mouvement et musique comme rarement.

Malgré des longueurs et le fait que l’œuvre ait besoin de rodage, cette Symphonie de cœurs reste l’un des spectacles marquants de l’année 2023-2024 de Danse Danse qui s’achève avec la présentation du 1er au 4 mai 2024 de Swan Lakes, un programme triple qui propose les œuvres de Marie Chouinard, Hofesh Shechter et Ohad Naharin. 

Danse Danse

Poésie Trois-RivièreMains Libres

Parisienne devenue Montréalaise en 1999, Aline Apostolska est journaliste culturelle ( Radio-Canada, La Presse… ) et romancière, passionnée par la découverte des autres et de l’ailleurs (Crédit photo: Martin Moreira). http://www.alineapostolska.com