Top 15, livres de 2023

Top 15. livres de 2023
Un homme portant des lunettes de soleil assis sur une voie ferrée de 2023. Un homme portant des lunettes de soleil assis sur une voie ferrée de 2023.

Le top 15 des livres de 2023 par Ricardo Langlois

2023. L’écriture de nos auteurs-autrices du Québec est admirable. Résister à la tentation de faire américain. Écrire à partir de Soi. L’introspection est omniprésente dans nos 15 choix. Merci à Christophe Condello, directeur littéraire chez Pierre Turcotte pour les 6 premières positions.

Jacques Brault, À jamais 

L’écriture de Jacques Brault s’échelonne sur plus de 50 ans. Décédé en octobre 2022, ce recueil tout en finesse est un hommage aux amis. Prix du Gouverneur général à trois reprises. « À jamais » est un testament aux mille éclats lyriques.

Jean-Paul Daoust, Les miroirs de l’ombre

On est dans la nuit du cœur. Jean-Paul Daoust raconte son passé. La mort tragique de son père, la mère inconsolable, l’enfance volée. Le spleen du poète. Un junkie dans les cercles de l’enfer. Je voudrais sortir mon ancien professeur et ami des ténèbres. Je voudrais le sortir des limbes.

Joséphine Bacon, Kau Minuat, Une fois de plus

La poésie de Joséphine Bacon est fluide. La lumière est partout. Comment pardonner quand la blessure est inguérissable à travers le temps? Il y a le pardon, le silence, le recueillement. C’est un peu tous de ses états dont il est question.

Daniel Dargis, Géographie des heures

Écrire sur le temps qui passe. Faire un inventaire minutieux. Nous sommes prisonniers de l’espace-temps. C’est l’impatience de vivre, c’est la nostalgie d’un lieu. Chaque jour a son épreuve. Nous survivons. Nous écoutons le désert. « La voix de mon sang » (disait Christian Bobin). Le feu intérieur à chaque heure.

Daniel Leblanc-Poirier, Labyrinthe tonkinois

L’amour, l’amour. Des surgissements de la grâce. C’est la loi fondamentale qui nous permet de survivre. Surtout pour le poète. Surtout pour l’auteur natif du Nouveau-Brunswick et vivant à Montréal. Pour moi, en lisant DLP, j’ai pensé à Leonard Cohen. Ses valses noires. Ses contours. Ses chutes dans une relation amoureuse. Il est un poète unique. C’est la gravité de l’amour.

Flora Diraison, Fragments d’ardoise

Je lis. Je relis entre les lignes les secrets d’une vie.  Jean de la Croix disait : « Pour aller où tu ne sais pas, va par où tu ne sais pas ». Une exploration méthodique sur l’incertitude. Les affects. La mémoire. Le temps d’un espace symbolique.

Stéphane Despatie, Fretless

Lire lentement au milieu de la nuit. Se souvenir de la musique que j’ai tant aimée. L’auteur mentionne une cinquantaine d’artistes musicaux, parmi eux, Voivod, Les Doors, Judas Priest, Leonard Cohen, Ozzy, Metallica, ACDC, Emerson Lake and Palmer. J’admire ceux qui écrivent de gros romans où la vie est un échafaudage de dialogues, d’images, de réflexions philosophiques. J’ai pensé à Kundera, L’immortalité, à Christian Mistral, Vamp. Despatie a développé un style unique. Ce roman se lit avec un bonheur immense.

Patrice Desbiens, Fa que

Un livre comme un petit trésor. On l’ouvre, on va à la page que l’on veut. Desbiens joue de la batterie. Il a son costume de poète échevelé, tape sur des cymbales dorées, magnifie tout, le quotidien, rêve la nuit. La lumière se faufile doucement. C’est un chaman qui peint les hauts et les bas.

 Éric Chacour, Ce que je sais de toi

Éric Chacour pour son premier roman nous ouvre toutes les portes de son cœur. La vie passe et plusieurs d’entre nous gardent des secrets. Bien sûr, j’ai lu ce livre pour comprendre ma propre relation avec un algérien. Ce qui n’a pas marché. Les tabous. Les cultures qui s’affrontent. En toile de fond, Le Caire des années 80, Tarek qui suit les traces de son père.

Jean-Francois Beauchemin, Le vent léger

Beauchemin est un écrivain particulier. Il représente la vérité garantie par son seul sens… Elle est  appuyée directement par la réalité objective du cœur (1). J’aime la délicatesse de l’auteur. L’ampleur de son âme à chacun des chapitres. C’est 1971 avec une famille de six enfants qui vivent à la campagne. La mère est malade, mais il y a ces enfants plutôt introspectifs qui nous transportent. Ceux qui ont vécu leur enfance dans les années 70 vont adorer ce livre. Moi, le premier.

Fernand Ouellette, Vers l’embellie

Cinq années d’écriture à un des derniers poètes spirituels du Québec. Hommage à sa femme, à Dieu, à l’infini…Un magnifique travail de poésie qui traverse les époques et les modes.

« Toi, la source De la palpitation dans ma vie, 

Centre et tout l’horizon du cœur.

À fond je respire le matin » (…)

Dominique Fortier, Quand viendra l’aube

Un recueil de souvenirs. L’autrice parle de son papa, son quotidien, sa fille Zoé et de l’importance de l’écriture. Un carnet rédigé pour son papa qui était enseignant et bibliothécaire. Curieusement, son père n’a laissé aucun écrit (journal ou correspondance) comme Émily Dickinson. Il n’a rien publié de son vivant. Elle a découvert la littérature par la bibliothèque de son père. De Jean-Paul Sartre jusqu’à des pièces de théâtre. Camus est cité (p.47). À quoi bon lire tous les classiques qui ont eu plusieurs vies : Kundera, Anne Hébert, Proust, Marguerite Yourcenar, Romain Gary. Elle préfère maintenant la petite musique de Christian Bobin. Pour moi, c’est la métaphore de ma vie. C’est moins romanesque, c’est l’ensoleillement de la surface.

Guillaume Bourque, Robbie reste

Robbie est mort. Un accident de moto. S’est-il suicidé? C’est en dessous du tapis qu’il y a des secrets. Ça ne va pas bien pour Harold, son meilleur ami, lui qui est séparé, il va vivre dans le shack de la mère de Robbie dans Les Laurentides. Comment guérir? La vie est injuste. Un des plus beaux romans de l’année.

Nane Couzier, Le temps glisse le long des jours

Le calendrier comme repère occidental. Nane Couzier écrit de petits haikus comme de petites méditations. 

« Vu de l’espace la terre dans les ténèbres seule (p. 22 )

L’air si doux si léger- le cœur si lourd » (p. 56 )

Mélanie Noel, Debout dans vos absences

Une journée d’errance. J’ai marché dans la banlieue endormie. Je pense au livre de Mélanie Noël. Son livre ressemble à un fleuve avec des bras d’enfants. C’est une prière sur l’existence ordinaire (et fabuleuse) d’une femme. Blessure d’amour? Court le monde, tu es immortelle et tu brûles de tous les feux. J’ai marché et je me suis couché « dans vos absences »…

Notes de l’auteur

Nous remercions les maisons d’édition (en particulier Les mains libres et Alto ). Merci à la Coop de l’UQAM, les auteurs et autrices qui m’ont envoyé leurs livres. C’est presque 50 livres analysés par année. Merci à Christophe Condello qui travaille pour nous en republiant sur son blogue les différentes critiques. Mille mercis à Raynald Boucher pour la révision des textes. Merci, bien sûr, à LaMetropole.com qui diffuse, chaque semaine, ma chronique littéraire. Le choix final s’est fait le 10 décembre. Mille mercis à ceux et celles qui répandent notre merveilleuse littérature. Du nouveau à partir de janvier, des entrevues inédites sans compter le 2e Prix d’excellence 2024 -poésie de LaMetropole le vendredi 10 mai 2024.

Photo principale : Jean-Paul Daoust

Poésie Trois-RivièreLe Pois Penché

Ricardo Langlois a été animateur, journaliste à la pige et chroniqueur pour Famillerock.com