Ricardo Langlois. J’habite le ciel

Ricardo Langlois, un homme portant des lunettes, se tient devant une horloge. Ricardo Langlois, un homme portant des lunettes, se tient devant une horloge.
Ricardo Langlois. J’habite le ciel.   Par Jean Perron
Tout est lumineux
Sur ton chant sacré
Laisse aller les nuages
La première neige 
M’appelle  (p. 29)
Qui donc habite le ciel? Les oiseaux et les anges. Ricardo Langlois tient de l’oiseau sa liberté et de l’ange il a la bonté. Ricardo Langlois écrit de nombreuses chroniques, tant pour faire mieux connaître des écrivains et des poètes que pour rendre hommage aux musiciens légendaires des années 70 et 80. Dans J’habite le ciel, parmi les plus récents défunts qu’il admirait, Ricardo Langlois se fait gardien de la mémoire du poète Jacques Brault et du guitariste du groupe Offenbach John McGale.

John McGale du groupe Offenbach. 
J’ai arrêté le temps, lit-on à la page 25 et j’écris le sentiment d’être éternel à la page 46. Habiter le ciel, c’est aussi un peu vivre auprès des disparus et s’élever, par l’esprit, au-dessus d’un monde qui le déçoit et lui fait pousser ce cri du cœur :
À la jeunesse :
Le feu sombre
Des identités
Le trésor du passé
Oublié
Le spectre fou des écrans
L’absence de la Parole
Le pays qui n’existe pas  (p. 30) 
Il n’en reste pas moins que chaque poème est un miracle. (p. 39) Et les mots d’hier sont aussi ceux d’aujourd’hui, de la vie qui continue malgré tout, de la création qui, dans le ciel, brille comme une bonne étoile à laquelle on peut encore croire. Ricardo Langlois est un croyant qui habite un livre de lumière et ce livre est aussi un livre de guérison. (p. 18)
J’habite le ciel est son sixième recueil de poésie depuis 2018. Un par année, sans éditeur. Comme pour Rimbaud et Jim Morrison, l’autopublication est pour lui la seule voie. Mais il aime travailler en collaboration avec des artistes visuels et, dans ce recueil, les illustrations aux couleurs vives de Julien Charbonneau et Patricia Vidal sont de toute beauté.  J’habite le ciel est un recueil à la fois intimiste et mystique. Le poète renoue avec les différents âges de sa vie. Quand il écrit « tu » ou « toi », il pourrait aussi bien s’adresser à un être aimé, à un dieu ou à une part de lui-même. Le regard de sa mère éclaire ses pas. Il interroge le mystère, cherche à se connecter à une énergie qui va au-delà de l’ordinaire. Les vers sont parfois si denses qu’ils défilent comme des titres, comme si chacun de ces groupes de quelques mots contenait un livre entier :
Chant des premiers oiseaux
Les guitares dans le sous-bois
Le blanc devient bleu
Le cœur est un enfant  (p. 21)
Pourquoi un journaliste culturel et animateur de radio se met-il sur le tard à publier de la poésie? Parce que cette poésie, il la porte en lui depuis toujours et qu’il y a des choses qui ne s’expriment pas autrement que par la poésie. Ricardo Langlois habite le ciel. Il monte dans les nuages pour voir le paysage, comme dans la chanson Comme un sage d’Harmonium. Sage, peut-être, mais surtout poète.


Jean Perron est écrivain, poète et musicien. Il s’est occupé de la révision linguistique de ce livre de Ricardo Langlois.
Mains LibresLe Pois Penché

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