Rétrospective littéraire 2023

Rétrospective littéraire 2023
Dans cette rétrospective littéraire, un homme aux cheveux longs de 2023 regarde la caméra d'un air engageant. Dans cette rétrospective littéraire, un homme aux cheveux longs de 2023 regarde la caméra d'un air engageant.

Rétrospective littéraire 2023 par Ricardo Langlois

Le prix Médicis a été remis jeudi le 9 novembre 2023 en France au Canadien Kevin Lambert pour Que notre joie demeure, consacrant une fois de plus cette étoile montante de la littérature québécoise. C’était mon premier choix dans notre top 15 Lametropole.com de 2022.

Kevin Lambert est un immense écrivain pour moi. Dans le livre de Gérald Gaudet (1 ) a la question, Qu’attends-tu de la littérature? Il répond ceci : J’attends qu’elle change le monde. Il faut penser que la littérature a encore la plus grande puissance. Le monde est fait pour aboutir a un beau livre. J’aime beaucoup ces écrivains qui comme Mallarmé ont donné une telle importance a la littérature parce qu’il faut croire à sa capacité de changement. Cette capacité agit sur un plan individuel : ça change des vies, ça sauve des gens, ça modifie des existences, des parcours. 

Kevin Lambert, 31 ans, avait déjà remporté fin octobre le prix décembre 2023, autre récompense littéraire prestigieuse de l’automne, avec cette histoire de la chute d’une architecte soudainement accusée de chasser les pauvres de Montréal. Le roman a été publié en août par les éditions du Nouvel Attila, un an après son édition canadienne chez Héliotrope.

Kevin Lambert avait été éliminé en octobre de la course au prestigieux prix Goncourt en France, après une polémique sur le recours à une sensitivity reader (lectrice chargée de relever dans un livre les éléments susceptibles de blesser les minorités).

Félicitations Marie Hélène Poitras

Marie Hélène Poitras a remporté le prestigieux prix littéraire du Gouverneur général, dans la catégorie Romans et nouvelles, grâce à Galumpf, publié par la maison d’édition de Québec Alto.

Le Conseil des arts du Canada (CDAC) a dévoilé la liste des 14 titres gagnants (sept catégories dans chacune des deux langues officielles du Canada) de cette année. Le prix de poésie est remis à AtikU utei. Le cœur du caribou (Mémoire d’encrier) de Rita Mestokosho, tandis que le prix en théâtre est tombé dans l’escarcelle de Mathieu Gosselin, pour sa pièce Gros gars (Somme toute) paru chez Alto au printemps. Ce recueil de 11 nouvelles est une courtepointe d’histoires autour de l’empathie, ainsi que de la recherche de façons de se relier à ses semblables et de vivre harmonieusement avec les autres – « mais sans se piler dessus non plus », selon l’autrice.

« Je suis contente d’avoir remporté le prix avec un recueil de nouvelles, qui est un genre étonnamment mal aimé, a confié Marie Hélène Poitras à La Presse. Et comme autrice, c’est un peu mon genre chouchou parce que la nouvelle, c’est comme un concentré d’intensité. » Critique à venir sur La Métropole.com.

Prix de poésie LaMetropole.com

Le 11 mai 2023, sous la présidence d’honneur de Gaston Bellemare, avait lieu la première remise du Prix de poésie de LaMetropole.com.  Une cinquantaine d’amoureux de la poésie ont célébré cette expression littéraire au coeur de la culture québécoise. Au Bistro Ste-Cat, rue Sainte-Catherine Est à Montréal, une ambiance de fête régnait.  Six poètes ont lu des extraits de leur œuvre.

Le récipiendaire du prix de 600$ de LaMetropole.com : Francis Catalano pour le livre Climax. Voici un extrait de ma critique : “La fragilité de la planète est évoquée par une image douce dans “Anneaux (d’une légèreté respirable )” au quatrième chapitre. C’est la petite mésange que l’on suit dans les méandres urgents de l’air qui l’avaient vu disparaître (p.70). Le poète l’observe minutieusement. Langue anarchique, esprit d’analyse, la syntaxe de l’instant qui pousse l’auteur à raconter le monde dans la vivacité de son cœur, dans le brut instant (Gatien Lapointe). Une lointaine musique plane. Au plus haut du souffle. Il écrit : “L’ombre d’une guerre climatique cogne de plus belle à la porte dans la tourmente.” (p.71)

La connaissance et l’érudition du poète sont remarquables. La transparence est pour lui une vision du monde. Aucun dogme philosophique. Le poète Catalano incarne le Verbe au cœur de l’humanité. Il traverse l’univers à travers un miroir:

“Tel un œil dans le champ visuel qui ne se voit pas

Nous marchons à l’intérieur d’un miroir.” (p.84)

Prix Athanase-David, Robert Lalonde

Communicateur émérite, Robert Lalonde a su rallier toutes les générations et leur transmettre son amour pour l’art, que ce soit à travers la direction artistique de théâtres montréalais, des conférences ou encore l’enseignement en littérature et en art dramatique dans diverses institutions et classes de maître. Les drames humains qu’il dépeint brillamment sont d’ailleurs lus et étudiés tant ici qu’en Pologne, en Sicile et en Calabre, notamment. Emblème des mutations de la littérature québécoise, l’auteur est metionné en 2007 dans le manuel d’enseignement Histoire de la littérature québécoise.

Sa carrière prolifique et son talent ont été récompensés d’une dizaine de prix et distinction au fil des ans. En tant qu’écrivain, Robert Lalonde s’est fait remarquer dès la parution de sa toute première œuvre, La belle épouvante, laquelle lui vaut en 1980 le prix Robert-Cliche qui souligne le meilleur premier roman. La puissance de cet ouvrage est encore à ce jour étudiée dans le parcours collégial et universitaire. Le petit aigle à tête blanche a également raflé plus d’un prix. En 2009, on lui décerne le prestigieux titre d’officier de l’Ordre du Canada.

« J’écris pour durer dans l’attention sans défaillir. J’écris pour prolonger l’épiphanie, assourdir les tambours du temps qui usent le cœur. J’écris parce que d’autres avant moi l’ont fait, me léguant la passion du vocabulaire. J’écris toujours parce qu’il est aussi difficile d’arrêter que de continuer », explique l’auteur fécond pour qui l’écriture fait partie intrinsèque de l’existence.

L’Institut canadien de Québec (L’ICQ) a décerné son prix à Nora Atalla, autrice et médiatrice culturelle.

L’ICQ souligne ainsi la contribution exceptionnelle de Nora Atalla au dynamisme littéraire de la ville de Québec. Depuis vingt ans, celle-ci agit comme une réelle ambassadrice de la littérature québécoise ici comme ailleurs. Fondatrice de la Nuit de la poésie de Québec, elle est également vice-présidente du Centre québécois de PEN international et instigatrice du projet Les livres voyageurs, qui la pousse à trimballer une ribambelle de livres d’ici dans ses valises afin de les disséminer ici et là dans les bibliothèques des pays qu’elle visite. Elle anime des ateliers littéraires auprès d’auteurs émergents tout en leur faisant bénéficier de ses conseils.

Autrice d’une dizaine de livres, particulièrement des recueils de poésie, dont le tout récent Hommes de sable, Nora Atalla a notamment remporté pour La révolte des pierres, publié aux Écrits des Forges, le Prix international de poésie de Dakar en 2022 et été finaliste au Prix francophone international du Festival de poésie de Montréal en 2023. Sa poésie s’inscrit dans un désir de rébellion contre les pouvoirs établis, invitant la jeune génération à agir : « dites/ comment modeler l’airain/ et engendrer la libération »Et aussi : « rien n’entrave l’avalanche du gravier/ ni l’avancée des engins meurtriers/ les vérités se figent en écume de terre/ vienne l’aumône d’une parcelle pierreuse/ pour étancher nos soifs de printemps ».

L’ICQ remet son prix dans le cadre des Prix d’excellence des arts et de la culture afin de souligner l’exceptionnelle contribution d’une personne ou d’un organisme dans la vie littéraire de la ville de Québec. Le prix est assorti d’une bourse de 2000$.

Note

Gérald Gaudet, Parlons de nuit, de fureur et de poésie.  Nota Bene 2021.

Photo principale : Kevin Lambert

Mains LibresPoésie Trois-Rivière

Ricardo Langlois a été animateur, journaliste à la pige et chroniqueur pour Famillerock.com