Essence, les Ballets Jazz de Montréal 

Essence les Ballets Jazz de Montréal sur scène. Essence les Ballets Jazz de Montréal sur scène.
Critique Danse.  Essence  par les Ballets Jazz de Montréal.  Aline Apostolska
Nouvelle essence, en effet, que ce beau programme triple, et triplement féminin qui a ouvert la saison de Danse Danse le 27 septembre 2023, au théâtre Maisonneuve de Montréal, après avoir déjà été présenté ailleurs au Québec. 
Nouvelle essence pour célébrer avec beauté et égards les 60 ans de la Place des Arts ainsi que les 50 ans des Ballets Jazz. Nouvelle essence aussi puisque ce spectacle qui tout à la fois célèbre et inaugure, lance l’ère de la nouvelle directrice artistique Alexandra Damiani, qui succède à ce poste à Louis Robitaille.  Tous ces aspects mis bout à bout dessinent de belles promesses et c’est tout ce que l’on souhaite à la fois aux BJM, indissociables de Montréal, à Danse Danse, indissociable de la danse à Montréal, et à la Place des Arts, soixantenaire relookée et revampée, indissociable de la création artistique de Montréal. 
Dans une salle pleine, devant un public assurément content de démarrer une nouvelle saison, le programme a débuté avec l’œuvre d’Ausia Jones, une danseuse de la troupe qui signe ici sa première chorégraphie, We Can’t Forget About What’s His Name. Une belle découverte que cette première création, une énergie vive et sensuelle qui se transmet dans la salle, et met en valeur les plastiques très différentes des interprètes, leurs corps et leurs impacts charnels singuliers, qui par leur diversité même créent une belle harmonie, inattendue et magnétique. Tous différents, unis par leur complémentarité et leur égal talent. Sur les bandes sonores de Jasper Gahunia, Stephen Krecklo & William Lamoureux, vêtus de résille noire et de lumière rougeoyante, l’œuvre étonne et séduit et on attendra les prochaines créations d’Ausia Jones.

À suivi la pièce de la célébrissime Crystal Pite avec sa création «Ten Duets on a Theme of Rescue». Bonheur de retrouver son univers au vocabulaire chorégraphique si graphique et fluide à la fois, son écriture délicate et puissante qui magnifient les corps dans des duos inattendus et inoubliables, dont on suit le moindre mouvement, comme au scalpel sous une lumière rasante au sol. Dans des couleurs terre, sienne, grège, beiges, la belle versatilité du registre de la troupe est magnifiée.  Poétique et intime, l’œuvre, créée à New York en 2008, a évolué et a été retravaillée pour cette occasion. Elle nous renvoie à nos histoires fragiles, nos espoirs vains, mais persistants et rappelle que malgré tout, les humains se relient les uns aux autres pour se sauver. 
La soirée s’est clôturée avec Les Chambres des Jacques, une performance créée par Aszure Barton, chorégraphe connue et reconnue, qui présente une œuvre créée en 2006. S’inspirant des danseurs de la compagnie et de leurs capacités, de leur richesse, de leurs personnalités disparates et interreliées toujours. Hymne à la diversité, figures chorégraphiques complexes moulées de sombre, on regrette quelques longueurs. La beauté de l’ensemble aurait mérité plus de concision. 
Une magnifique et inspirante soirée, trois fois plutôt qu’une, et qui donne hâte de poursuivre la découverte de la saison 23-24 de Danse Danse. Prochain rendez-vous : Akram Khan et Le livre de la jungle. Ça promet!    https://www.dansedanse.ca/ 

Le Pois PenchéMains Libres

Parisienne devenue Montréalaise en 1999, Aline Apostolska est journaliste culturelle ( Radio-Canada, La Presse… ) et romancière, passionnée par la découverte des autres et de l’ailleurs (Crédit photo: Martin Moreira). http://www.alineapostolska.com